Chapitre 31

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Salut très cher détective, comment vas-tu ?

Dis, tu as vu cette mort grandiose ? C'était génial pas vrai ? Un coup de maître même. Je sais, j'ai toujours été doué pour les plans. Mais je dois avouer que là, j'ai frappé fort. Je doute de pouvoir refaire ça.

Ah oui c'est vrai, je ne pourrais jamais faire mieux : je suis mort.

Je me demande ce qui m'attend après. J'espère qu'il y aura du panta. Tu devrais goûter d'ailleurs. Comme ça, tu te rappelleras de moi.

Oui, on peut appeler ça un petit souvenir. À moins que tu ne veuille à tout jamais effacer Oma de ta mémoire. Je te comprends, je voudrais aussi pouvoir oublier Saihara.

Mais bon, si tu lis toujours cette lettre, je suppose que c'est parce que tu attends des explications.

Avant toute chose, je dois t'avouer un truc : je suis incapable de mentir à l'écrit. À l'oral, c'est facile : les mots ne sont pas figés et peuvent être déformés. Alors que sur papier, ils ne bougeront pas. Ils sont immortels et tu peux les relire autant de fois que tu veux, jamais ils ne changeront.

Donc pour une fois, la dernière fois, je serai totalement honnête avec toi.

Ce jeu de la mort, je l'ai détesté du début à la fin. À aucun moment je n'ai pris du plaisir à voir des meurtres. Mais vous m'énerviez tous avec vos bons sentiments. Vous refusiez de voir la vérité en face. C'est pour ça que j'ai endossé ce rôle de méchant. Il vous fallait quelqu'un pour se salir les mains. Les miennes le sont déjà depuis longtemps. Je n'ai pas eu à beaucoup réfléchir.

C'était le seul moyen d'avoir une chance de s'en sortir.

Bon maintenant passons à ce que tu attends. Je suppose que tu vois de quoi je parle. Et oui, de notre séparation.

Pour être honnête, tu m'as déçu. Je te l'avais dit pourtant : mes derniers mots seraient des mensonges. J'ai tenu parole il me semble.

Quand j'étais avec toi, je n'étais pas faux. Et je ne voulais pas simplement m'amuser.

Dans le laboratoire d'Iruma, je ne jouais pas. Je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs. Oui, pourquoi est-ce que je t'ai laissé m'approcher à ce point alors que je savais ce que j'allais faire dans très peu de temps ? J'étais parfaitement au courant que je n'allais que te blesser davantage.

Mais pourtant, je l'ai fait. Et je t'ai embrassé. Et tu m'as embrassé.

Tu sais, j'étais heureux quand tu m'as dit que tu ne me détestais pas, qu'on pourrait être plus que des amis. Parce que de mon côté, c'est la même chose.

Oui, j'ai écrit que je voudrais oublier Saihara. Mais en fait, c'est surtout pour le remplacer par Shuichi. Comme j'aimerais que tu te souviennes de Kokichi et pas de Oma. Tu sais, le Kokichi que tu as vu ce soir-là.

J'ai été heureux de te connaître, de vous connaître. Je vous aimais beaucoup quoi qu'on en dise.

J'aurais aimé être votre ami si les circonstances avaient été différentes.

Tu te souviens quand tu m'as dit que j'étais fait pour être seul ? Et bien pour un détective, tu as très mal compris. La solitude, elle me rend fou. À ton avis, pourquoi est-ce que je continuais à vous embêter ? J'avais besoin de vous voir.

Mais bon, maintenant, c'est de l'histoire ancienne tout ça. Profite du monde extérieur pour moi.

J'aimerais juste te confier une toute dernière chose. Considère ça comme un cadeau d'adieu.

Shuichi, tu n'étais pas ennuyeux, au contraire.

Shuichi, tu étais quelqu'un bien, quelqu'un que j'aurais voulu apprendre à connaitre un peu plus.

Shuichi, je t'aime. Et c'est sans doute pour ça que j'acceptais que tu m'approche autant.

Adieu.

Kokichi.

Ps: par pitié fais quelque chose pour mettre Harukawa et Momota ensemble, j'en ai marre de les voir se tourner autour comme deux imbéciles indécis.

Point de vue Shuichi

Une larme coule doucement le long de ma joue. Bientôt suivie d'une autre, puis encore une autre... jusqu'à ce que mon visage en soit trempé.

Akamatsu, qui m'a apporté la lettre et est restée à mes côtés pour m'aider, me tend un mouchoir.

- Tu veux en parler ?

- Non ça ira, merci.

- D'accord, je vais te laisser un peu seul alors. Si tu as besoin d'aide, n'hésite pas à m'appeler.

Je hoche la tête tandis qu'elle sort de la pièce en me faisant un petit signe d'au-revoir.

Cette lettre, je comprends maintenant pourquoi je ne devais pas la lire avant de sortir de ce jeu. Nul doute que j'aurais été complètement perdu et incapable d'avoir les idées claires. Comme maintenant.

Et savoir qu'il a tout oublié, jusqu'à mon existence, me fend le coeur. Je voudrais pouvoir le retrouver et lui répondre. Mais c'est impossible.

Et pour arranger le tout, je ne peux pas l'approcher. Sur ce point, la blonde a été très claire.

Je relis une fois encore ces lignes qu'il a écrites. A ce moment-là, il savait déjà qu'il allait mourir. Il savait qu'il n'allait pas survivre, c'était dans son plan. Pourtant, je ne ressens pas de peur dans ses mots. Plutôt de la tristesse et des regrets.

Il ne voulait pas de ce rôle. Il ne l'a jamais voulu. Mais il a réussi à le tenir du début à la fin. Et tout le monde l'a détesté pour ça. Alors que le mauve ne voulait que nous aider.

Il s'est retrouvé seul alors qu'il détestait ça. A présent, il doit à nouveau faire face à une forme de solitude. Est-ce que, un jour, il pourra être heureux ? Est-ce que, un jour, il pourra être honnête avec lui-même ? Est-ce que, un jour, il pourra sourire ?

J'aimerais pouvoir l'aider.

Point de vue Kokichi

- A plus tard.

- Oui...

Le géant sort de ma chambre, me laissant à nouveau seul. Je ne le supporte pas. J'aimerais tant pouvoir retourner dans le passé, rester dans mon petit village tranquille de campagne. Là au moins, j'avais des amis. Ces mêmes amis que je ne peux pas voire tant que je suis ici. En vérité, je n'ai pas le droit d'avoir le moindre contact avec des personnes extérieures au projet danganronpa.

Je me rappelle très bien quand je me suis réveillé. J'ai ouvert les yeux d'un coup en hurlant. Je me sentais comme oppressé et j'étais incapable de bouger. J'avais peur. Peur comme je n'avais jamais eu peur. On avait dû me donner un calmant.

Lorsque, pour la seconde fois, je m'étais éveillé, Gokuhara était à mon chevet. A ce moment-là, il était toujours en béquille. Avec une gentillesse incroyable, il m'a dit bonjour. Je n'avais pas pu m'empêcher de pleurer. Mais ce n'est que lorsqu'il m'a expliqué qu'il ne m'en voulait pas le moins du monde que je me suis rendu compte que quelque chose clochait : je ne le connaissais pas.

C'est là qu'il s'était aperçu que j'avais perdu une partie de ma mémoire.

Par la suite, un certain Momota était venu. Mais encore une fois, il ne me disait rien.

On m'avait alors mis dans une chambre isolée où personne d'autre que le géant et des médecins ne venaient. Je faisais mes exercices de rééducation et retrouvais rapidement la forme.

Mais ma mémoire, elle, refusait de revenir. Et ce, malgré tous mes efforts. On m'avait expliqué le principe du projet. J'ai trouvé ça génial comme idée. Je me demande comment j'étais.

J'ai bien essayé de poser la question, mais on m'a toujours répondu que cela devait venir de moi.

Et si je ne parvenais jamais à m'en souvenir ? Suis-je condamné à perdre cette partie de ma vie ?

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