Chapitre 24

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Point de vue Shuichi

Je n'arrive pas à croire ce qui vient de se passer. Cette histoire qu'il vient de nous raconter, ça ne peut pas être vrai. C'est impossible. Il ne peut pas être celui qu'il prétend être. Pourtant tout concorde. Que ce soit notre mémoire perdue, ce monde extérieur que nous avons pu observer... Absolument tout. Alors tout cela n'était rien de plus qu'un jeu pour lui. Et ça l'a toujours été ?

Momota a tenté d'arrêter le despote en fonçant dessus. Un acte aussi courageux qu'inutile : il s'est immédiatement fait arrêter par les exisals. La vision de son corps pendant inconsciemment reste gravé sur ma rétine.

- Bien Saihara, tu pourrais me rendre la clé télécommande du hangar des exisals maintenant ?

- Quoi ?

Le mauve affiche de nouveau son air espiègle.

- Je pensais enfermer Momota à l'intérieur.

- Saihara... Ne lui donne pas, intervient Harukawa.

- Saihara, dépêche-toi.

- Je t'interdis de lui donner, son regard se fait noir.

- Tu sais ce que tu risques à ne pas me la donner, n'est-ce pas ? continue le despote d'un air maléfique. Je contrôle entièrement cette académie ! J'en suis le maître ! Je suis l'instigateur de votre calvaire, et le roi de l'académie des prodiges condamnés. Oui ! "Le monde appartient à Kokichi Oma !"

Je n'en reviens pas de ce qu'il peut être. Je pensais... Je ne sais même pas ce que je pensais.

- Pardonne moi Harukawa, je dis.

Je donne la clé du hangar au despote en détournant le regard de la brune qui reste silencieuse.

- Nishishi... Merci.

Il nous fait alors un grand sourire et se dirige vers la sortie.

Mais avant de partir, il s'arrête à mon niveau.

- Au fait Shuichi, dit en insistant sur mon prénom, tu t'es révélé être moins ennuyant que j'aurais pu le croire. Surtout la dernière fois.

- Que...

- Je te rappelle que je suis un menteur, chuchote-t-il. Je n'ai jamais voulu me rapprocher de toi dans un autre but que de m'amuser. Quelques fausses larmes, une fausse peur, une fausse timidité et le tour était joué. Quand je pense que tu m'avais rayé de la liste des suspects. Tu n'es vraiment qu'un idiot.

Et sur ces derniers mots, le mauve sort de la pièce, emportant Momota avec lui. Il part, et emporte avec lui l'espoir qui étreignait nos curs quelques instants plus tôt. Nous étions tous plongé dans un désespoir des plus absolus.

Nous sommes au courant de toute la vérité. Nous sommes arrivés à la conclusion.

Tout est terminé. Le monde extérieur n'existe plus... Il n'y a plus aucun être vivant autour de nous. Alors que sortir n'a jamais eu de sens... nous nous sommes entretués pour y parvenir... Tout était inutile... Totalement inutile... Telle était la conclusion de cette histoire...

Oui tout est fini. Notre histoire s'achève là. Plus de jeu de la mort, plus de tuerie, plus de sens à nos vies, plus rien...

Nous aurions sans doute dû mourir bien plus tôt...

Nous sommes par la suite tous retourné dans nos chambres. Je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres mais, dans mon cas, je me suis totalement laissé aller. L'écran s'allumait toujours, ne faisant que rappeler l'absence de Monokuma. Oma disait donc vrai : ce jeu est fini. Pour une fois, il semblerait qu'il ne mentait pas. Contrairement à tout ce temps passé ensemble.

Je voudrais pouvoir pleurer à l'idée qu'il n'a pas été un tant soit peu sincère. Mais mes émotions sont comme figées.

Je m'en rends compte à présent que je tenais au petit despote. Que j'aurais aimé être proche de lui plus que je ne le suis avec les autres.

Je crois que je suis tombé amoureux de ce menteur. Ce menteur qui n'a pas hésité à me jeter lorsqu'il en a eu marre. Et ça fait extrêmement mal. Bien plus que ce que je ne voudrais me l'avouer.

J'aurais mieux fait d'écouter les conseils que tous me donnaient. Et de m'éloigner au plus vite de lui. Je pensais être fort et capable de passer à travers le filet. Je me suis lourdement trompé. Et aujourd'hui, j'en paye les conséquences.

Point de vue Momota

Comment peut-il être au courant pour tout ça ? Et puis, qu'est-ce que cette histoire de leader d'une organisation fondée sur le désespoir ? Seul Junko Enoshima à ce poste. Or il n'est pas censé se souvenir de ce détail à moins que... Qu'il n'ait retrouvé une partie de cette fausse mémoire. Je pensais qu'il n'était prévu d'utiliser ce scénario que en cas de dernier recours. Et seul une torche de souvenirs aurait pu le débloquer.

- Il faut l'arrêter, me crie presque une voix. Nous ne contrôlons plus rien. Si ça continue, danganronpa sera un échec. Pour tous.

Il ne m'en faut pas plus pour que je me jette littéralement sur le despote. Du coin de l'oeil, je vois Saihara tenter de m'en empêcher. Désolé, mais je n'ai pas le choix : la situation est grave.

Cependant, je n'ai rien pu faire avant de me faire capturer par un de ces exisals. Maudits robots. J'ai beau tenté de me débattre, je ne fais que recevoir plus de coups.

- Stop, finit par retentir la voix. Momota, c'est inutile. Ne gaspille pas tes forces : tu es déjà assez faible à cause de ta maladie.

Je n'ai pas d'autre solution que de me faire passer pour inconscient.

Je les entends discuter encore un peu avant que je ne sente que nous bougeons.

J'espère vraiment que nous allons pouvoir mettre un terme à cette affaire. Jamais encore une tournure de ce style n'avait été enregistrée.

Point de vue Kokichi

Tout s'est déroulé exactement comme prévu. Tous me détestent à présent. Tous me croient désormais. Tous, sans exception.

C'était ce que je voulais, ce pour quoi j'ai tant travaillé, tant sacrifié. Ce que je voulais va enfin être réalisé : je vais mettre fin à ce jeu de la mort, et ce, de la plus spectaculaire des façons. Je suis persuadé qu'ils ne s'attendent pas à ça, ceux qui nous regardent, qui qu'ils soient.

Alors que quelqu'un m'explique ce qui ne tourne pas rond chez moi. Pourquoi est-ce que je me retrouve devant la chambre du détective ? Lui, plus que les autres, doit me haïr. Après tout, j'ai joué avec lui et ses sentiments. J'ai joué comme jamais je n'avais joué. Et j'ai menti bien au-delà de ce dont j'ai l'habitude.

Je n'ai rien à faire ici. Si jamais quelqu'un venait à me trouver, tout mon plan tomberait à l'eau, j'en ai bien conscience.

Pourtant, je ne peux m'empêcher d'ouvrir la porte en la crochetant. Ces serrures sont tellement faciles que je pourrais le faire les yeux fermés.

Le bleu est là, couché dans son lit, il semble dormir. Son état est pitoyable. Et dire que j'en suis la cause.

Si j'avais su que la situation tournerait ainsi, aurais-je changé mon attitude ? Je ne crois pas. Tout était calculé et je n'aurai rien pu modifier, même si cela ne me fait pas plaisir. J'aurais aimé agir autrement, ne pas avoir à supporter ça.

De toute façon, ce qui est fait est fait, je dois me rendre à l'évidence.

Les graines sont plantées désormais. Il ne me reste plus qu'à attendre. Attendre, et voir comment notre marionnettiste va réagir.

Bientôt, très bientôt, ce jeu sera terminé.

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