Chapitre 5

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Point de vue Kokichi

Nous sommes réunis, tous les dix. Des rires se font entendre. Encore une fois, nous avons réussi notre coup. J'imagine d'ici leurs têtes lorsqu'ils découvriront notre petite surprise.

- Panta pour tout le monde, je m'exclame.

Un à un, chaque membre retire son masque, m'offrant un sourire amusé. A la longue, ils se sont habitués à mon addiction à cette boisson. J'ai même fini par les convertir. Je ne suis pas le despote ultime pour rien.

- Pupupu, retenti une voix. Quel beau tableau. Une vraie petite famille.

Sur mes gardes, je me tourne vivement vers l'origine de ce bruit. Mais je ne vois rien.

- Vous avez entendu ? Je demande

Seul le silence me répond. Et pour cause : il n'y a plus personne. Tout est noir autour de moi.

- Où êtes-vous passé ?

- Mais, ô malheur ! Leur destin allait rencontrer quelques petits soucis

Une lumière s'allume alors, montrant neuf personnes ensanglantées et retenues prisonnières derrières des barreaux.

Je veux courir les rejoindre mais mes jambes refusent de répondre. Comme si une force invisible me retenait.

Je me réveille en sueur. Ce n'était qu'un cauchemar. Un de plus. On finit par s'y faire. Plus ou moins.

Dans un coin de ma chambre, un appareil coloré me nargue. Celui qui est à l'origine de ces rêves chaotiques.

- Saloperie, je marmonne.

Depuis que je l'ai reçu, ces images ne cessent de me hanter. Nous sommes trois à avoir vu nos vidéos mobiles. Aucuns d'entre nous n'en est sorti indemne. Même si je peux m'estimer heureux dans mon cas d'être toujours en vie.

J'aurais aimé ne pas être seul lorsque j'ai vu ce film. Les choses se seraient peut-être déroulées autrement pour eux aussi si nous avions été ensemble.

Je me lève. Le sommeil, c'est fini pour cette fois. Je ne parviens jamais à me rendormir après ça. Je le sais, après tout, cela m'arrive régulièrement. Trop régulièrement. Mes nuits sont courtes et peu reposantes. Mais tout sera bientôt fini. Et je n'aurais plus à me soucier de ça.

D'un pas incertain, je me dirige vers la salle de bain. Ma journée va commencer très tôt aujourd'hui. De toute façon, il me reste énormément de préparatifs avant de pouvoir tout lancer.

Point de vue Shuichi

Je me rendais en direction du réfectoire lorsqu'un cri de douleur me retient. Tout le monde est censé être allé manger alors... Qu'est-ce que c'était ?

Rapidement, je décide d'aller voir. Je ne le souhaite pas, mais peut-être quelqu'un est-il en danger. Il faut s'attendre à tout ici.

Cependant, je m'attendais à tout sauf à ça. Oma est là, planté devant un arbre, la main ensanglantée. Il a l'air énervé.

- Qu'est-ce que tu t'es fait ? Je m'exclame.

Le mauve se retourne, surpris.

- Tu me suis ?

- Bien sûr que non. Je passais là par hasard. Mais ce n'est pas la question.

Je m'approche de lui et le force à me montrer ses blessures.

- Il va falloir te mettre un bandage, je marmonne.

C'est à ce moment que je remarque qu'il n'est plus vraiment avec moi. Son regard est vide. Il me voit sans vraiment me voir.

- Hé, Oma ?

Je tente de regagner son attention en agitant ma main devant son visage.

Il finit par revenir à lui et me regarde d'un air apeuré. Je peux même sentir de légers tremblements de sa part.

Le despote se ressaisi rapidement et affiche son fameux sourire. Mais cette fois, il est différent. Pour la première fois, j'arrive à deviner qu'il ment. Quelque chose le travail. Et je jure de découvrir de quoi il s'agit.

Je ne sais même pas pourquoi je veux faire ça. Il n'est pas spécialement quelqu'un avec qui j'ai l'habitude de passer du temps. Et je n'ai toujours pas digéré ce qu'il a fait à Gokuhara. Mais j'ai comme cette impression étrange d'être à la source de grandes douleurs pour lui. Et ce sentiment en entraîne un autre : une envie de me faire pardonner.

- Nishishi. Tu t'inquiètes pour moi Saihara ?

Sans lui laisser le temps de me donner mal à la tête, je l'emmène avec moi jusqu'à l'infirmerie. Là, je trouve du désinfectant et des pansements.

Point de vue Kokichi

Pourquoi est-ce qu'il faut que je ne contrôle plus rien ? Pourquoi est-ce que tout ce que j'ai mis en place, tout ce que j'ai sacrifié, n'a servi à rien ? Pourquoi ? Si seulement je n'avais pas dû me précipiter, tout serait au point, parfaitement ordonné. Mais il a fallu qu'elle n'en fasse qu'à sa tête et maintenant, je suis face à un sérieux problème.

Après avoir fait cette découverte, je suis retourné à l'extérieur, dans un coin isolé. Les autres devaient être au réfectoire à l'heure actuelle. Personne dans les parages donc.

C'est pour ça que, pour la première fois depuis le début de ce jeu, j'avais laissé mes vraies émotions s'exprimer ailleurs que dans ma chambre. Je me croyais à l'abri des regards indiscrets. Alors j'ai frappé dans ce tronc d'arbre. Plusieurs fois. Je ne me suis arrêté que lorsque je le suis rendu compte que je saignais. J'avais mal. Mais la souffrance physique n'était rien par rapport à ce que je ressentais réellement.

J'en avais marre. Marre de tout rater, marre de cette situation, marre de voir flou.

Et c'est à ce moment qu'il a décidé de surgir. Sûrement celui que j'avais le moins envie de voir d'entre tous. Je n'ai même pas pris la peine de me cacher. J'étais à bout.

Il a attrapé mon bras. Sans que je m'y attende. De manière brusque.

Encore une fois, ces deux Sahara se sont superposés. Encore une fois, ces sentiments sont revenus. Encore une fois j'en tremblais sans pouvoir me contrôler. Je déteste ça.

J'ai tenté de paraître normal, de ne rien laisser paraître. Mais je ne pense pas que j'ai atteint mon objectif. Je ne suis pas dans mon état normal actuellement. Ça me ronge de l'intérieur.

Plus encore, on dirait que quelque chose en moi cherche à sortir, à se faire connaître. Mais moi, je ne demande que ça, de savoir ce qui m'arrive. Je n'arrive pas à me comprendre moi-même.

Après tout, c'est peut-être finalement mieux. Quoi de mieux pour cacher sa vraie nature que de ne pas la connaître ?

Et maintenant je suis seul, allongé sur mon lit dans ma chambre. Après que Saihara ait soigné ma main, je suis retourné rapidement là. Je voulais de la solitude pour mettre de l'ordre dans mes pensées, comprendre ce qui se passe. Depuis que je passe du temps avec le détective, plus rien ne va. Comme si cet univers avait décidé de se dérégler.

Couché sur le dos, je regarde mon pansement. Je ne suis pas quelqu'un qui se blesse facilement. Loin de là. Alors pourquoi est-ce que voir ma main ainsi accoutrée me paraît familier ? Comme si j'en avais l'habitude.

J'ai profité que le détective ne me surveille pas pour m'éclipser. Je ne voulais pas rester plus longtemps en sa présence.

En rentrant, je me suis occupé personnellement de ma blessure. J'ai su instinctivement comment m'y prendre pour que le bandage tienne correctement.

Je ne comprends pas.

J'ai attendu dans cette position pendant un moment. Je ne voulais surtout pas le recroiser. Tout sauf ça. Je ne supporte pas ce sentiment de peur incessant qui surgit presque à chaque fois que je suis en sa présence. Pourquoi est-ce que je ne ressentais rien de tel avec Gokuhara ? Est-ce parce que le géant était plus facilement manipulable ?

Je suis perdu.

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