Chapitre 42

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Point de vue Kokichi

Après une dizaine de minutes, nous sommes finalement retournés à l'intérieur. Ma peur était toujours aussi que présente et je redoutais toujours de me voir heureux à l'idée de cette tuerie organisée, mais je me sentais un peu mieux. En vérité, je me rattachais le plus possible à ce que m'avait dit Saihara : je mentais et détestais cette situation. Mais pourquoi est-ce que je faisais ça ? Je voudrais tellement pouvoir me souvenir.

Au moins, je n'ai rien à craindre avant la cinquième séance si j'ai bien compris. C'est à ce moment-là que je vais partir. Je me demande comment ça s'est passé, qui était le coupable. Je poserai la question au dernier moment. Je ne veux pas commencer à analyser mon futur bourreau. Je ne veux pas car je sais que, alors, je trouverai une excuse pour justifier son acte.

Mais durant les quatre autres projections, je ne serais pas impliqué de manière personnelle.

Alors que nous rentrons dans la pièce, Gokuhara me saute presque dessus.

- Gonta est désolé. Il n'aurait pas dû t'emmener ici. On peut partir tout de suite si tu veux.

Partir ? Faire comme si rien ne s'était passé ? J'en rêve. Cependant je ne pourrais pas fuir indéfiniment. Et il vaut mieux que j'affronte tout cela en étant bien entouré.

- Merci... Mais je veux le faire.

Le géant me jette un regard interloqué mais ne tente pas de m'en dissuader.

Nous retournons tous à nos places. Je peux le faire. J'en suis capable. Cette personne à l'écran, ce n'est pas moi.

Pourtant, je ne peux m'empêcher de me sentir extrêmement mal lorsque la découverte du premier corps est faite. A cet instant, Amami si je me souviens bien, se lève de sa chaise et vient s'asseoir derrière nous, laissant visible une croix sur le dossier de sa chaise.

Les séquences sont montrées de manière à ce que je ne découvre le meurtrier qu'en même temps que le procès se déroule.

Plus le temps passe, plus je vois Saihara blanchir. A voir sa tête, cette partie devait être particulièrement difficile pour lui. Si j'ai bonne mémoire, c'était Akamatsu la coupable. Ils avaient l'air proche. Pas que je me souvienne du procès en lui-même, Gokuhara m'a juste dit qui allait mourir durant la première séquence.

J'ai tenu bon durant toute la durée de la projection. Ou presque ; je n'ai pas pu voir la blonde se faire exécuter. Je me suis caché dans mes mains comme j'en ai l'habitude en attendant que cela ne soit fini. C'est Harukawa qui m'a permis de ne pas rater la fin en me tapotant sur l'épaule.

Lorsque l'écran c'est enfin éteint, cessant ce calvaire, nous sommes tous retournés dans nos chambres.

Ma tête bourdonnait encore de toutes ces images que j'avais vues. Je n'arrive pas à croire que j'aie pu survivre à une telle pression pendant si longtemps. Après tout, j'y suis apparemment resté près de cinq mois.

Le vert qui m'avait raccompagné a essayé de parler avec moi mais j'en était tout simplement incapable. Au bout de plusieurs minutes il a dû s'en rendre compte et est parti en me faisant promettre de m'appeler au moindre souci.

La porte ne s'était pas refermée depuis longtemps que mon téléphone annonce l'arrivée d'un message. Un message du détective.

Je sens mon souffle se couper lorsque je vois son nom apparaître. J'hésite longtemps avant de me décider à l'ouvrir.

- Je ne sais même pas si tu liras ce message. A ta place, je me serais déjà bloqué. Mais je tenais à te dire que tu as été incroyablement courageux et je le pense vraiment. Je suis désolé de t'avoir entraîné dans tout ça.

- Toi aussi tu dois avoir du mal, je réponds après quelques instants.

- Peut-être. Mais contrairement à toi, je le mérite. Je n'avais qu'à ne pas m'en prendre à une personne innocente comme toi. J'ai été quelqu'un d'horrible Oma. Et je le pense vraiment. Mais j'étais aussi honnête tout à l'heure : je veux que tu t'en sortes. Je ferai tout pour. Tu as ma parole, quoi qu'elle représente pour toi.

Point de vue Shuichi

Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle je l'ai contacté. Je n'aurais peut-être pas dû. C'est ce que je me suis dit juste après avoir appuyé que la touche "envoyer" . Mais c'était fait. Je n'avais plus qu'à attendre sa réaction qui m'a d'ailleurs fort étonné. Je ne m'attendais clairement pas à ça.

Nous n'avons pas beaucoup parlé. En même temps, je pense que ni l'un ni l'autre nous n'étions d'humeur.

Revoir ce procès en particulier m'a pas mal marqué. Je me suis rendu compte à quel point ce que j'ai dit a pu influencer. Au final, quoi que je dise, je fais du mal. J'ai intérêt à faire plus attention à l'avenir. Je m'en veux énormément pour ce que j'ai pu faire auparavant.

Heureusement que nous allons avoir quelques jours de répit avant de commencer le deuxième procès.

Je me demande si ça ira pour Kokichi. Il n'a déjà pas eu facile cette fois-ci, mais ça va aller en empirant tout le temps plus. C'est vrai qu'il avait fait ressentir sa présence de manière tout le temps plus importante avant de connaitre une fin horrible.

Comme me l'a dit Harukawa, je ne peux qu'être présent et l'aider en cas de besoin. Je ferai tout ce que je peux. J'ai changé, je ne suis plus celui qu'il a connu à l'école. Et ça, je suis prêt à tout pour qu'il le comprenne.

Point de vue Kokichi

Je n'avais pas fermé les yeux depuis très longtemps qu'il est à nouveau apparu devant moi, ce garçon me ressemblant tant. Mais cette fois, je me rends compte de la raison : c'est le moi lorsque j'étais dans le jeu. Il m'adresse un sourire moqueur.

- Bonjour toi. Où dois-je dire moi ? Qu'est-ce que tu préfères ? Est-ce que nous sommes différents ou pareil ?

- J'ai déjà mal à la tête, je soupire.

- Nishishi. Je sens que ça ne va pas être ennuyant.

- Mais qui es-tu à la fin ?

- Je suis toi. C'est évident pourtant.

- Tu ne peux pas être moi. Nous sommes deux personnes.

Il place un doigt devant ses lèvres.

- Est-ce la vérité ? Ou un mensonge de plus ? Où est la limite ?

- Tu es tout le temps comme ça ?

- C'est à toi qu'il faut poser la question ? Est-ce que tu es du genre à mentir ?

- Absolument pas. Je suis honnête.

- Vraiment ?

Non. Pas du tout même. Je n'ai pas arrêté de me mentir à moi-même ces derniers temps. Je pensais que tout finirait par s'arranger. Que je n'avais qu'à prendre mon mal en patience. Je me trompais lourdement.

- Tu m'as l'air perdu. Bon, je suis de bonne humeur alors je vais me présenter. Tu as devant toi Oma Kokichi, le despote ultime. Le leader d'une organisation secrète criminelle qui compte plus de dix mille hommes. Impressionnant pas vrai ?

Bizarrement, quelque chose ne me semble pas correcte.

- Tu mens ?

- Waw, tu te souviens déjà de ça ?

Il prend un air joyeux. Est-ce vraiment moi ?

- Non juste... ça me semble bizarre.

- Nishishi, tu as raison, je ne suis pas à la tête d'une si grande organisation. On était un petit groupe appelé DICE. C'était assez chouette.

Je sens que cette conversation ne va pas être de tout repos.

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