Chapitre 23

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Point de vue Kokichi

Je ne suis qu'un idiot, un sombre crétin. C'est tout ce que j'arrive à penser après ce baiser. Oui, ce n'était pas désagréable dans un premier temps, mais ces flashs qui me sont apparus juste après étaient insupportables. Ces scènes où cette personne qui est moi, mais qui ne l'est pas en même temps, sont horribles : je me voyais, au sol, ne pouvant rien faire face à mes agresseurs qui riaient de la situation tandis que tous ceux aux alentours, au mieux, détournaient le regard. Et malgré tout, je n'arrive toujours pas à identifier l'identité de celui qui semble être à la tête de ce groupe qui me terrifie tant. Tout ce que je peux voir de lui, c'est une casquette qui couvre la majorité de son visage.

De toute façon, tout sera bientôt fini. J'ai enfin pu mettre au point les derniers éléments de mon plan. Dans très peu de temps, ce jeu de la mort sera terminé pour de bon. Et ceux qui nous observent risquent d'être bien surpris par la tournure des événements.

J'aurai aimé voir Shuichi une dernière fois avant de tout lancer, pour que tout soit clair dans ma tête. Mais apparemment, Shirogane a mis le grappin sur le détective et ne semble pas vouloir le lâcher. Je le plains un peu quand même.

Il semblerait que je vais devoir tout faire d'un coup. J'ai menti, manipulé et blessé les autres pour en arriver là où je suis. Mais je ne regrette rien. Si c'était à refaire, je n'hésiterais pas une seule seconde.

Aujourd'hui est le début de la fin.

Point de vue Shuichi

Plusieurs jours se sont écoulés depuis que Kokichi et moi nous sommes retrouvés enfermés. Depuis, impossible de revoir le mauve. Pourtant, j'ai eu l'impression que quelque chose de différent c'était produit, que, pour une fois, j'ai pu voir le vrai Kokichi. Le Kokichi qui n'est pas si sûr de lui. Le Kokichi qui doute. Le Kokichi sensible. Une toute autre personne que celui dont j'avais l'habitude.

J'aimerais pouvoir parler avec lui de ce qui s'est passé dans le laboratoire. Mais en plus du fait qu'il soit de nouveau introuvable, Shirogane s'est mise en tête de m'initier au cosplay. Et de ne surtout pas me lâcher d'une semelle. A croire qu'elle a peur que je ne fasse une bêtise. Et puis, je la trouve un peu étrange en vérité : la bleue parle régulièrement toute seule, comme si elle était perdue dans ses pensées. C'est à n'y rien comprendre.

Il est à présent 22 heures, l'heure de rejoindre Momota au gymnase. Il semblait bien décidé à se battre contre cet ourson de malheur. Je ne peux que lui donner raison de vouloir en finir au plus vite, surtout au vu de son état, mais je sens que tout ne se passera pas comme prévu.

Nous sommes tous réunis et le mauve nous explique son plan : il veut régler son compte à Monokuma dès ce soir. Selon lui, il est affaibli sans les monokumers et leurs exisals. C'est le moment idéal pour frapper. Il n'a pas tort. Cependant, je trouve étrange qu'il ait mis sur pied un tel projet et rassemblé autant de matériel en si peu de temps. Je dois me faire des idées. Après tout, c'est vrai que je n'ai pas toujours été très attentif ces derniers temps. J'ai même carrément délaissé mes amis au profit d'un certain despote. Despote qui, sans surprise, n'est actuellement pas présent.

- Quelle coïncidence. Je pensais justement exactement la même chose.

Nous nous tournons tous en direction de la voix que, pour ma part, j'ai très bien reconnu. Il se tenait devant nous, nous toisant de son habituel regard narquois.

- O-Oma ?

Je me retiens de l'appeler par son prénom : cela ne ferait que provoquer des questions de la part des autres et nous n'avons clairement pas le temps pour ça.

Le fait de voir le mauve, reprenant son rôle de despote me laisse sans voix.

- Figurez-vous que j'avais moi aussi l'intention de mettre fin à tout ça.

Point de vue Kaito

Il a complètement perdu les pédales. Je ne crois pas que dans toutes son histoire, danganronpa ait demandé autant de changements de dernière minute.

Le mauve est parti après avoir manqué de se faire tuer par Harumaki. C'est là que je me suis rendu compte de la situation précaire dans laquelle nous sommes : non seulement il dévie du scénario prévu initialement, mais en plus il force les autres à rentrer dans son jeu.

Finalement, il a été décidé d'utiliser ces fameux électro-marteaux. Pour rejoindre la sortie. Enfin, ce qu'ils croient être la sortie. Mais moi, je sais très bien ce qui se cache derrière ce chemin ainsi que cette porte qui se dresse face à nous. J'ai beau me répéter que, si ça a été mis en place ce n'était pas pour rien. Cependant, nous n'aurions jamais dû en arriver là. Tout est là faute de ce maudit Oma.

Tous sont remplis d'espoir. Espoir que je dois feindre moi aussi.

Pourtant, ce n'est clairement pas ce que je ressens lorsque l'air commence à manquer. Tous tombent les uns après les autres. J'ai à peine le temps de lancer un dernier regard à mes complices avant de m'effondrer à mon tour.

Maintenant il ne nous reste plus qu'à attendre. Attendre, et voir ce que le mauve nous prépare.

Point de vue Shuichi

- Serrure... Fermée...

Je parviens à peine à discerner l'annonce vocale de la porte...

Qu'est-ce que c'était ? Que ce qu'il vient de se passer ?

Lorsque je réussi enfin à recouvrer une vision floue, je découvre un Oma terrifiant, maléfique. Le regard fou et le sourire aux lèvres, le mauve semble s'amuser.

- Félicitations ! Cette tuerie est enfin terminée ! il s'exclame.

- O-Oma ?

- Ça va ? Il ne faudrait quand même pas que vous mouriez dans un endroit pareil, hein ! Notre vie est plus que précieuse pour la race humaine...

- Quoi ? La race humaine ?

Je ne comprends pas. Je ne comprends rien. Qui est cette personne ? Où est passé celui que j'ai pu voir il y a quelques jours ? Et de quoi parle-t-il ?

- Bien, il est temps de passer aux aveux. Je vais tout vous expliquer.

Je secoue ma tête de droite à gauche en essayant de recouvrer mes esprits et me relève en titubant au même moment que le reste du groupe. Tous ont l'air choqués et détruits par ce paysage sordide que nous venons d'apercevoir. Tous, sauf un. Un qui nous fait face, une expression enfantine sur le visage.

- Bonjour tout le monde ! La forme ? Pas terrible, j'imagine. Ça ne m'étonne pas, maintenant que vous êtes au courant de la vérité sur le monde extérieur.

- La vérité sur le monde extérieur... ?

Aurait-il découvert ce qui se passait au-delà de ces murs et la raison pour laquelle nous y sommes enfermés ?

- Vous l'avez bien vu par vous-même non ? Le monde extérieur n'existe désormais plus.

Est-ce un nouveau de ses mensonges ? Où est le véritable lui ? Était-ce celui que j'ai pu voir lorsque nous n'étions que nous deux, ou bien est-ce celui qui se tient devant nous ? Comment savoir où commence et où se termine le mensonge ?

Ce Kokichi me fait peur. Son regard me fait peur. Son sourire me fait peur. Tout de lui me fait peur. L'enfant que j'ai pu apercevoir brièvement semble s'être totalement évaporé, laissant la place au despote ultime qu'il se plaît à nous décrire.

Juste un mensonge✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant