49. Le goût du risque

296 39 0
                                    

Kazue n'a même pas attendu que les autres. Elle s'est élancée, droite comme un piquet, là où Kyoka a entendu la voix de leur professeur.

Ce que l'adolescente sait, c'est qu'un jour où un autre, son passé l'engloutira. Ce jour là, il n'y aura que trois issues. Ou elle gagnera, personne n'aura jamais plus connu sa vie que Shoto. Ou elle perdra et le monde courre à sa perte. Ou alors elle en parle aux autres, et elle risque leurs vies, pour un combat qui se joue déjà à pile ou face.

Dans ces moments là, il n'y a qu'une seule chose à faire. Faire confiance.

Elle s'accroupit dans l'ombre, à peine deux mèches blanches sur la tête, et regarde calmement qui se bat et qui se repose. L'école est sûrement en danger, et simplement à cause d'elle. Même si elle allait s'enfermer dans la campagne, isolée de tous, histoire que tout se tasse, personne n'arrêtera de la chercher s'ils savent qui elle est, et s'ils décident de la traquer.

Elle ferme les yeux. Pour le moment elle est en examens, et son adversaire n'est pas son passé, mais l'un de ses professeurs.

La seule solution qu'il lui reste est la concession : en parler aux professeurs, pas à ses camarades. Essayer de limiter les pots cassés au passage, et surtout...

- Shoto...Shoto, s'il-te-plaît, regarde-moi... aller...

Elle ne peut rien faire pour attirer son attention. Mais elle n'a pas le choix.

Elle ferme les yeux.

Il faut que quelqu'un se tourne vers elle. Elle pourrait appeler n'importe qui. Mais c'est lui qui peut l'aider à battre Monsieur Aizawa. Elle n'a pas la moindre idée de comment, ni d'où cette idée lui vient. Tout ce qu'elle sait, c'est que c'est son instinct qui l'a maintenue en vie. C'est lui qu'elle continuera d'écouter coûte que coûte.

Elle se penche.

Des pas se rapprochent d'elle.

- Les filles.

Elle n'y prête pas attention, et se concentre plutôt sur Shoto.

Elle a besoin de son alter. Avant qu'il ne l'utilise de trop. Mais de toute façon, elle le réparera s'il le faut.

- Shoto !

Il se fige, et elle prie encore pour qu'il se tourne vers elle.

- A gauche !! S'il-te-plaît...

Il recule soudain, s'accroupit, et jette un rapide coup d'œil dans sa direction.

- Kazue, marmonne-t-il.

Son groupe a été prit dans la bataille, alors qu'il venaient de trouver leur objet. Ce prof avait débarqué de nulle-part, leur disant en ricanant qu'ils n'étaient pas sortis de l'auberge, et avait commencé à les attaquer.

Ils se battaient depuis une quinzaine de minutes quand il a entendu : « A gauche ! ». Il n'avait pas fait attention au reste, et n'ayant rien de dangereux à sa gauche, il en avait déduit qu'on cherchait à attirer son attention.

Ce qu'il n'arrive pas à croire, c'est qu'il soit le seul à l'avoir entendu. Personne d'autre n'a bougé. Pas même leur professeur.

Il fait mine de s'approcher de la ruelle, évitant au passage un tuyau de métal, et se retrouve près de Kazue.

- Quoi. Qu'est ce que vous faites là ?

Il ne la regarde pas. Fait mine d'être en retrait le temps de reprendre son souffle.

- Tu me fais confiance ? demande-t-elle seulement en guise de réponse.

Il ne cherche pas à comprendre, et encore moins à réfléchir.

HérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant