60. De l'eau de roche

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Assise sur le rebord de sa fenêtre, Kazue se demande silencieusement quel genre de vie elle aurait, si elle décidait de partir à la recherche de l'homme qui l'a torturée toute la première partie de son enfance. Elle se demande aussi si elle devrait aussi chercher sa mère.

La lèvre nerveusement coincée entre ses lèvres, elle contemple la lune. Il s'est passé beaucoup de choses, depuis le début de l'année. Et à présent que l'hiver est tombé, elle se demande aussi de quoi aura l'air l'année suivante.

- Tu crois que je me pose trop de questions ?

L'adolescent qui vient de refermer la porte acquiesce.

- Oui.

Elle se retourne vers Izuku.

- Il est tard, tu devrais dormir.

Elle sourit vaguement, avant de rétorquer, désignant du menton le livre qu'il vient visiblement lui rendre.

- Toi aussi.

- Je sais. Je n'arrive pas à dormir.

- Kyoka non-plus, soupire-t-elle en descendant de la fenêtre. Mais je ne sais plus comment me comporter, avec elle. Je ne sais pas... je ne sais pas comment m'y prendre avec les gens.

Il rit doucement.

- Tu t'en sors bien, avec Shoto et Katsuki. Et avec moi aussi.

- Mais vous n'êtes pas du genre à être blessés à la première parole.

- Kyoka non-plus.

Elle le dévisage longuement.

- Tu crois ?

- Je la connais. Un peu. Un peu plus que toi, on va dire. Et... je ne pense pas qu'elle soit du genre à se vexer.

- En fait, je-

Kazue se tait brusquement, les sourcils froncés. Ses poils de bras se hérissent lentement sous les manches de sa chemise, et elle frissonne.

- Kyoka.

Sa voix tremble, et ses jambes aussi. Elle ne met qu'une seconde avant de sentir sa présence à lui, près de son amie, endormie sur le canapé. Un étrange mélange de colère et d'angoisse lui écrase la poitrine, et la seule chose qu'elle peut faire, c'est tirer son camarade par le bras, tout en courant au travers des couloirs.

Elle ne peut pas lui expliquer, son propre cerveau a cessé de fonctionner. La seule chose qu'elle peut faire, c'est amener des renforts avec elle.

Dans les escaliers, qu'ils dévalent sans qu'Izuku ne sache pourquoi, Shoto les intercepte, réveillé par une sensation de mal être. Elle lui attrape aussi le bras, avant de les lâcher tous les deux, certaine qu'ils la suivront.

Quand ils débarquent dans le salon, l'individu s'apprêtait à partir, la main sur la poignée.

Sous sa capuche, il lui fait un grand sourire, avant de l'abaisser.

Elle peut voir son visage. Elle peut ressentir cette aura nauséabonde. La seule chose qu'il lui dit, c'est :

- Passe le bonjour à Toru de ma part.

Kazue pourrait hurler. Elle en a terriblement envie. A la place, le sol se met à trembler, tandis qu'elle serre les poings.

- Qu'est ce que tu lui as fait ? demande Izuku, accroupit près d'une Kyoka inconsciente, et les sourcils froncés.

L'adolescent sourit de plus belle, et répond simplement à la jeune fille :

- Tu vois, c'est le risque. Il ne fallait pas nous abandonner, 210. Peut-être que cette fois-ci, tu vas comprendre.

HérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant