Héros

64. Pour la bonne cause

Sans en préciser les détails, Kazue avait expliqué au groupe entré dans sa chambre le dimanche qu'elle avait l'intention de faire un dossier, décrivant toutes les actions, interventions, et techniques, ainsi que la composition de l'organisation qui les menaçait depuis quelques mois.

Après avoir passé un coup de téléphone à un homme haut placé dans les services secrets du Japon, elle se retrouve à présent devant un immense immeuble, dont les locaux semblent au prime abord appartenir à la Police.

- Je vais voir un ami de mon maître, avait-elle dit aux autres. Lui saura quoi faire de ça. Il apparait plusieurs fois dans les travaux de maître Hikawa, je pense qu'il sera on-ne-peut-plus ravi d'avoir ses notes.

- On ne te laisse pas y aller toute seule, avait dit Katsuki presque tout de suite.

- Je suis d'accord. L'un de nous t'accompagne, avait répondu Shoto.

Elle les avait longuement regardés tous les deux, et avait finit par sourire.

- Je suis désolée. Je ne peux pas vous emmener. Par contre, si vous n'avez pas de mes nouvelles, je veux bien vous donner l'adresse à laquelle je vais, vous tenir au courant, et même porter un GPS. Ça vous va, comme compromis ?

Après une hésitation de plusieurs minutes, ils avaient finis par être d'accord.

- Comment tu vas justifier ton absence ? avait demandé Kyoka.

- Je devrais passer en urgence chercher un petit. Je ne louperais les cours qu'à partir de la deuxième heure, et le tour et joué. Je devrais être rentrée pour le déjeuné.

Elle soupire.

Le déjeuné ? Elle est sûre que cette histoire va la faire courir, mais bon. Elle passe la porte du hall, dans sa chemise blanche qui n'indique même pas le lycée duquel elle vient, et sa sacoche sur l'épaule.

Au guichet, elle dit qu'elle a rendez-vous à onze heures dix avec le directeur général, et la secrétaire la laisse passer, une fois qu'elle a vérifié son identité.

Dans l'ascenseur, Kazue envoie mentalement à Shoto un :

- Je suis arrivée.

Et la faible réponse qu'elle reçoit est :

- Prends soin de toi.

La communication n'est pas terrible, à cette distance, mais elle a remarqué que son téléphone était inutilisable et a tout de suite comprit qu'il s'agissait d'un brouilleur.

Elle arrive au dernier étage du bâtiment, là ou une seule pièce seulement semble l'attendre au fond d'un long couloir qu'elle traverse à grandes enjambées.

Elle s'arrête devant la porte, prise par une énergie qu'elle connait.

Kazue ouvre la porte, et se retrouve face à deux hommes, assis l'un à côté de l'autre sur l'un des bords longs de la grande table.

- Je suis Kazue Hikawa, ravie de vous rencontrer.

A son nom, l'un des deux frisonne et l'autre se fige légèrement.

Elle ne sourit pas. Elle préfère prendre le masque de la fille de Monsieur Hikawa pour cette affaire, et rapidement, les deux individus semblent se dire silencieusement que c'est forcément la bonne personne.

- Excusez-moi si ça semble plutôt prétentieux, mais... je ne voudrais parler qu'à votre collègue, dit-elle à l'homme à droite. Vous, je ne vous connais pas.

Les deux adultes se regardent, et celui de droit répond :

- Je ne vous connais pas, moi.

Elle hoche la tête, semblant comprendre qu'elle doit une explication :