58. 1. Le cœur a ses raisons...

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Lorsqu'elle ouvre les yeux dans sa chambre d'hôpital, la première chose qu'elle pense, c'est : Shoto.

Elle s'assoit difficilement, ferme les yeux une seconde, et se souvient qu'il l'avait aidée à sortir du dôme, et qu'il est de toute façon vivant. L'emprunte de Katsuki étant toujours à son étage, elle en déduit qu'il va bien, lui aussi. Et pourtant, le souvenir de ce qu'il leur est arrivé lui saute à la mémoire, la faisant grimacer de douleur.

Elle allait rejoindre le groupe de Shoto et Katsuki pour les aider à partir. Shoto avait disparu du champ de vue de Katsuki depuis une poignée de secondes. Et il ne répondait pas aux appels télépathiques de sa camarade.

Ils l'avaient alors trouvé étalé sous une poutre. Il était gravement brûlé.

- Je peux... je peux l'aider, avait-elle dit.

Son camarade avait hoché la tête.

- Je te fais confiance, je gagne du temps.

C'est de cette manière qu'elle en est arrivée là, de ce dont elle se souvient :

Les yeux embués de larmes, elle pose ses deux mains sur le torse de Shoto. Elle ne voit plus la différence entre la peau noire et le costume calciné. Et entre ses doigts, le cœur de son camarade ralentit.

La dernière fois qu'elle a tenu le corps de quelqu'un dans ses bras au travers des gouttes salées, c'était celui de maître Hikawa. Il était tout aussi couvert de sang, et tout aussi... mort ? Elle secoue la tête et commence à réparer ce qu'elle peut. Shoto n'est pas encore mort, il faut...

Le cœur de l'adolescent s'arrête et le sien rate un battement.

Les yeux écarquillés, elle regarde son visage, le reconnaissant à peine.

Il y a trois ans, elle se souvient que personne n'était venu la chercher. Personne n'avait remarqué qu'il n'y avait plus de mouvement dans la maison. Et pourtant, la jeune adolescente était assise sur le sol, le bras de l'homme qui l'avait élevée serré contre sa poitrine, les yeux fermés.

Ce n'était qu'une fois qu'elle était sortie de la maison, le lendemain, et couverte de sang, qu'on avait appelé la police et une ambulance.

Kazue ne pleurait pas. Plus. Et la seule chose qu'elle avait dite de son visage impassible, c'était :

- Il était déjà mort quand je suis arrivée.

De nombreuses personnes étaient venues pour la cérémonie funéraire. Et on la regardait de travers parce qu'elle portait un yukata blanc et noir.

C'était celui qu'il lui avait offert pour fêter ses quatorze ans, une semaine plus tard. Mais elle ne le fêtera pas. Elle n'a personne avec qui faire de fête.

- Je la trouve quand même bizarre, cette gosse.

- Elle ne sourit pas, je peux le comprendre, mais elle a l'air d'un bloc de glace.

- Tu sais qu'ils ont pensé que ça pouvait être elle qui l'avait tué ?

- Sérieusement ?

- Oui. Certains l'appellent le fantôme de la maison.

- Tu crois qu'elle va rester ici ?

Kazue descendit la dernière marche en demandant :

- Je peux vous demander en quoi ce que je vais faire vous concerne ? Etiez-vous réellement des proches de Monsieur Hikawa ? Je ne vous ai jamais vu ici.

Les deux adultes avaient blêmit, et s'étaient tus.

Kazue quant à elle avait rejoint ceux qu'elle connaissait : Black Eyes sous sa forme civile, et le Médecin.

HérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant