Héros

56. Garde ça en toi, si tu peux.

Une scène pour le moins inhabituelle se déroule chez les Todoroki : Kazue est assise en tailleur au bout du lit de Shoto, tandis que celui-ci termine ses exercices de mathématiques. Plongée dans son livre, l'adolescente attend patiemment qu'il ait terminé pour commencer la longue conversation qu'elle veut avoir avec lui.

Ce n'est pas quelque chose dont elle pouvait parler à l'internat, même si elle fait confiance à Kyoka dans sa manière d'utiliser son alter. Ni chez elle, pour être sûre de ne pas être interrompus par un petit pied qui l'aurait vue passer sous sa fenêtre. C'est alors que Shoto a proposé qu'ils se voient chez lui.

Malheureusement, son exercice lui donnant légèrement plus de mal que prévu, elle le laisse le terminer avant de passer aux choses sérieuses.

Personne n'est dans la maison, mis à part la grande sœur, qui vient de passer la porte d'entrée.

- Fuyumi vient de rentrer, dit-elle distraitement.

- Hum, soupire-t-il. Comme elle sait que je suis là, elle va passer... j'espère qu'elle ne va pas t'ennuyer.

Elle hausse les épaules.

- Si elle me prend pour ta petite-amie, ça ne sera pas la première fois, lâche-t-elle avec un sourire narquois.

Il se redresse vivement, se souvient qu'il avait utilisé cette excuse pour lui faire passer le petit carnet bleu à l'hôpital, et secoue la tête.

- Tu es douée pour m'embarrasser.

- Tu oublie souvent que tu tends le bâton pour te faire battre, rétorque-t-elle.

Un sourire nait au coin de ses lèvres et il termine définitivement son exercice.

Il pose son stylo sur son cahier ouvert au moment où sa sœur frappe à sa porte.

- Shoto ?

- Entre, répond-il en se levant.

Kazue se lève aussi, et la sœur de son camarade ouvre de grands yeux en la voyant.

- Ben ça alors, je ne savais pas que nous avions de la visite. Je suis sa grande sœur, enchantée.

- Kazue, ravie de vous rentrer, Fuyumi.

- Oh, alors c'est toi. Tu t'es bien débrouillée au championnat...

- S'il-te-plaît... l'interrompt Shoto. On dit parler, et ça risque d'être long, alors...

- Oh.

Elle sourit malicieusement.

- Je vais vous laisser, dans ce cas.

- Non, c'est pas ce que tu crois, gémit-il en se frappant le front du plat de la main.

- Tu vois, je te l'avais dit. Tu devrais commencer à t'y habituer, tu es tellement asocial que c'est bizarre, quand tu traine avec quelqu'un.

- C'est toi qui dit ça ?

L'aînée s'éclipse doucement, les laissant se chamailler.

Dos à la porte, elle les écoute se prendre le chou encore quelques minutes avant de partir, gueillerette.

- Il a ramené une amie à la maison ! Shoto a vraiment des amis ! C'est génial !

Il finit par soupirer.

- Bon, et sinon, tu voulais commencer par quoi ?

- Est-ce que tu m'entends ?

Il relève brusquement la tête.