Héros

65. Une lumière dans la nuit

Elle aurait put être du genre à attendre sagement que tout se passe bien. Que l'organisation gouvernementale secrète à laquelle elle a donné le dossier fasse son travail. Que Ricovery trouve un antidote. Qu'elle-même trouve le sommeil.

Mais elle est obligée de sourire en y pensant, parce que c'est loin d'être son genre.

A la place, elle frappe à la porte de son camarade, avec l'espoir qu'elle lui ouvre, avant qu'elle ne décide de sortir en douce faire une erreur.

Complètement endormit, Shoto lui ouvre, les yeux mi-clos. Quand il la voit, il les rouvre brusquement, en lui demandant si tout va bien.

- Oui. Désolée de te déranger. Je peux lire dans ta chambre ?

Il soupire et la fait entrer.

Ce n'est jamais que la troisième fois qu'elle lui fait le coup. Elle était venue une fois après la mort de son « frère », puis après sa « mort » à lui. La première fois, comme la deuxième et la troisième, elle était venue avec un livre, un carnet de croquis sur la socialisation des plantes, et un crayon à papier.

Elle s'assoit dans un coin de la chambre, tandis qu'il lui sort une couverture de son placard.

- Tiens.

Elle sourit doucement.

- Merci. Désolée de te déranger.

Il soupire en s'asseyant sur son lit.

- Ne t'en fais pas pour ça. Qui tu as envie de tuer ce soir ?

Elle secoue la tête.

- Personne. J'avais juste...

Elle laisse sa phrase en suspend, un peu perdue dans ses pensées, et secoue la tête.

- J'avais juste envie... de retourner toute la planète pour la faire tourner plus vite.

- Le temps est long, quand on attend le rétablissement de quelqu'un.

Il lui lance un sourire entendu, et se reglisse sous ses couvertures.

- Tu as besoin d'autre chose ? demande-t-il avant de tenter de se rendormir.

- Non, merci. C'est tout. Désolée de t'avoir réveillé.

- C'est rien, je t'ai dit. Bonne nuit.

Elle hoche la tête et le regarde s'en dormir.

Regarder les autres dans leur sommeil est quelque chose qu'elle fait depuis qu'elle est sortie de cet endroit terrifiant. Elle entrait dans la chambre de son maître pour le regarder, elle s'asseyait au milieu des enfants qu'elle gardait pour guetter les respirations. Le fait est qu'elle a parfois du mal à dormir dans le silence. Quand elle est trop agitée, ce n'est pas confortable pour elle.

Pour quelque chose d'aussi étrange, elle ne peut se tourner que vers Shoto, qui dort déjà, les cheveux devant les yeux.

Elle referme son livre à peine ouvert et l'observe longuement.

Pour une raison qu'elle pourrait ignorer, regarder quelqu'un dormir lui rappelle qu'elle est en vie. Qu'elle n'est plus toute seule. Que rien ne pourrait changer le fait que plus personne n'est en mesure de l'enfermer dans une pièce. Elle pince distraitement les lèvres, en dérivant son attention sur la petite lampe de chevet qui est restée allumée.

Quand elle était petite, son maître avait dû forcer d'imagination afin de trouver la meilleure façon de faire taire tous ces cauchemars. Il avait alors inventé un monstre, terrifiant, qui était responsable de toutes ses peurs. Au départ, ça pourrait penser être une mauvaise idée. De tout mettre sur le dos d'un seul monstre. Mais il avait fini par croire, que si elle était capable d'en vaincre un seul elle aurait été capable de vaincre toutes ses peurs. C'était la seule chose qu'il avait fait, lorsqu'il y avait raconté histoire après histoire, insistant bien sur le fait que les monstres ne devait pas être tué, mais arrêtés.