Si J'avais Osé

Prologue

- Où est-elle?

- Mon.. monsieur... On ne sait pas. El...

Je n'écoute déjà plus ce que la domestique essaie de me dire. Le seul son qui résonne dans ma tête est celui de mon coeur qui bat frénétiquement.

Mon Dieu pas ça, pas ça seigneur...

Je grimpe en vitesse les escaliers de la maison pour me rendre dans ma chambre où je l'ai laissée hier matin. Comment j'ai pu faire une bêtise pareille? Comment ? Maintenant je sens mon coeur qui s'effondre.

Que ce ne soit pas vrai. Pas ça !

Je longe le couloir qui mène à ma chambre à une vitesse folle. Et quand je suis devant la porte, j'ai des palpitations qui me font bouillir le coeur. J'ai peur tout à coup. Comme si voir par moi-même que ce qu'on m'a dit soit vrai allait m'anéantir.

C'est avec la peur au ventre et la main qui semble peser une tonne que je tourne la poignée de la porte et entre pour faire face au vide de la pièce.

Elle n'est pas là.

-Myris?

J'appelle doucement mais c'est l'écho de ma voix qui me revient.

Elle ne répond pas.

- Mon amour, je t'en prie dis-moi que t'es là. Myris ?

Une fois de plus, je fais face au silence de la pièce.

- Pas ça Myris, je t'en prie ne m'abandonne pas.

- Elle est partie mon enfant.

Je me retourne lentement et croise le regard d'Agathe en larmes qui me confirme ce que mon subconscient me disait déjà.

-Agathe... Elle est partie! Elle m'a quitté.

- Je suis désolée mon enfant, vraiment désolée, je n'ai pu rien faire...

Elle s'effondre contre la porte de la chambre et pleure sa culpabilité.

- C'est pas vrai, qu'est-ce que j'ai fait mon Dieu?

Elle ne répond rien. Je me laisse tomber sur le lit et couvre mes yeux de mes mains. Les larmes menacent de couler mais je crois que je suis plus en état de choc que remplit de tristesse. Je n'arrive pas à croire que tout soit fini.

Je crie de rage en tapant le poing sur le lit quand ma main rencontre un obstacle. Je pose mes yeux sur l'objet et réalise que c'est une enveloppe. Je la prend et l'observe. Elle n'a pas de nom mais je sais qu'elle m'est destiné. Alors je la déchire, découvre son contenu et quand mon cerveau prend connaissance de son message, c'est comme si l'enfer s'ouvrait sous mes pieds.

Qu'est-ce que j'ai fait mon Dieu ? Les mots qu'elle a couchés sont pleins de tristesse, de rancune et de déception. Surtout quand elle me rappelle la promesse que je lui avais faite et que je n'ai pas tenue.

Maintenant, elle est partie. Elle m'a quitté. Elle nous a abandonnés. Et c'est de ma faute. C'est moi qui l'ai abandonnée en premier, c'est moi qui aie refusé de la croire, de l'écouter et maintenant elle est partie. J'ai préféré croire une autre qu'elle et maintenant je l'ai perdue. Que vais-je devenir sans elle?

- Non, c'est pas possible. Je ne peux pas la laisser partir Agathe. Je dois la rattraper.

- Mais elle est partie depuis longtemps...

Je me lève et me précipite hors de la maison. Je fais fi de la voix d'Agathe qui me demande de ne pas faire une bêtise. Mais la seule bêtise que j'ai jamais vraiment faite était de la laisser passer en second plan. De ne pas l'avoir cru quand elle me demandait de l'écouter. De l'avoir dit toutes ces paroles méchantes.

Je ne suis qu'un pauvre imbécile.

Je remonte dans ma voiture que je viens de quitter pour la retrouver. Devant le portail, je demande au portier s'il a vu dans quelle direction elle est partie, il me dit qu'elle a commandé un taxi pour l'aéroport.

J'appuie sur l'accélérateur et quitte ma demeure familiale pour aller ramener auprès de moi la femme de ma vie. Je grille les jeux sans prêter attention, je dépasse des véhicules sans remords. Tout ce qui m'importe c'est d'arriver à tant avant qu'elle ne me quitte pour toujours. Car je sens au fond de moi que si je ne la retrouve pas, je la perdrai à jamais.

- Pour l'amour du ciel Myris, ne me quitte pas.

Je sens mes yeux piqués et une larme débordée de mes cils. Elle finit par couler sur ma joue et je me sens l'homme le plus miserable de cette terre. Je m'en veux tellement.

Les larmes me brouillent à présent la vue. Ma tête est remplie de notre dernière dispute, des paroles affreuses que je lui ai dites. Comment j'ai pu être aussi méchant ? Comment ?

Je passe mes mains sur mes yeux pour essuyer mes larmes et par la même occasion chasser de ma tête ces images blessantes et mes paroles atroces mais ce fut aussi une erreur.

Dans ma confusion, ma tristesse et ma vitesse hors norme sur la route, tout était réuni pour ce qui allait suivre.

Je ne vois pas le camion qui vient juste devant moi, pendant que je m'essuie le visage et double une énième fois une voiture en face de moi.

Le camion me percute de pleine face et le choc me coupe le souffle. Je me sens perdre le contrôle de ma voiture et la minute d'après, c'est une douleur terrible que je ressens dans ma tête quand elle cogne contre ma portière fermée. Je ne sais pas combien de tonneaux mon véhicule fait sur la route mais elle finit par s'arrêter et me parviennent les cris et appels au secours des gens qui s'accumulent autour de moi.

Je ne peux bouger mon corps. Je crois que je suis coincé. J'essaie de bouger mes jambes mais l'intensité de la douleur qui traverse mon corps me dissuade de continuer. Je peine à respirer et petit à petit, je sens mes dernières forces me quitter. Et avant de fermer les yeux, j'ai une pensée pour elle.

Myris.

- Pardonne moi mon amour, pardonne moi de n'avoir pas tenu ma promesse...

Celle de la retrouver au péril de ma vie. Si l'on m'avait dit que notre histoire finirait ainsi, je ne l'aurai jamais cru. J'ai une image de nous de cette nuit là , celle de notre rencontre et la douleur et le regret me détruisent encore plus. Mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Je n'ai pas su voir la merveille qu'elle était. J'ai tout gâché.

Une dernière larme coule de mes yeux avant que je ne me laisse sombrer dans le gouffre du néant avec la sensation d'être l'homme le plus misérable du monde.