Mai - 12 (2).

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L'amoureux transi ne laissa pas le temps à son amie de lui répondre qu'il cassait déjà la distance le séparant de Yann d'un pas précipité. Pauline le rattrapa aussi vite qu'elle le pouvait, saluant cette coïncidence qui la sauvait d'une longue discussion. Nul doute qu'ils n'avaient pas fini d'en parler.

Pour l'heure, une seule chose préoccupait le pauvre lycéen. Un petit sourire fleurit sur son visage lorsqu'il se rendit compte que la suite de couloirs qu'ils arpentaient dévoilaient un rideau de couleurs enfantines. Le service de pédiatrie. Il avait hâte de voir la réaction de Yann.

— Qu'est-ce que tu attends ?

Victor balaya son hésitation sous l'injonction de Pauline et poussa la porte de la chambre. Ses yeux tombèrent automatiquement sur Yann, allongé dans le lit, un bandage sur le front et une perfusion au bras. Il jeta un regard vers eux, son visage s'illumina, pareil à la lueur d'une bougie. Sa mère, assise sur un fauteuil, lisait un magazine tranquillement.

— Nous revoilà ! chantonna Pauline avec un petit sourire.

Victor s'installa directement sur la chaise la plus proche de son petit ami et posa sa main sur la sienne.

— Alors ?

— Je suis coincé ici pour la nuit, peut-être même pour deux ou trois jours. Fais chier.

— Chéri, ton langage... soupira Cécile.

Yann grommela de vagues excuses. C'était le cadet de ses soucis, sa mère le savait bien.

— Le doc nous a dit qu'il y aurait un contrôle avant de dormir et au réveil. Autant dire que ça va être sacrément long.

— C'est pour ton bien.

— Je sais bien. Mais il est à peine neuf heures... Une journée entière...

— On restera là avec toi. Puis tu auras certainement de la visite.

— Peut-être, répondit Yann.

Les adolescents continuèrent de discuter. Pourtant, cette conversation laissait un goût étrange. Parfois, le blond pouvait se taire pendant plusieurs minutes durant lesquelles il se concentrait sur la télévision. Victor ne disait rien ; il n'osait pas interrompre cette rêverie. Il lui semblait même parfois que c'était lui que son petit ami esquivait le plus. Sa poitrine se rétrécissait à cette simple idée. Non, ça ne devait être qu'une tromperie de son âme tourmentée.

Deux heures plus tard, l'heure du repas approchait. A plusieurs reprises, Yann tenta de cacher les grognements de son estomac. Victor se plut à se moquer légèrement de lui. Cécile leur expliqua alors que, comme il avait été admis en matinée, le repas du midi ne serait pas pris et que ce serait à eux de s'en assurer. Après un moment de délibération, ils décidèrent de prendre des sandwichs.

— Je vais vous accompagner, lança Pauline. Je vais vous aider.

— C'est bien gentil, la remercia Cécile.

Les filles partirent donc en quête du repas. Un silence de plomb tomba à la fermeture de la porte. Seule la télévision perturbait le calme qui régnait dans cette pièce austère.

— Plutôt sympa, cette émission, commença Victor.

— Ouais.

— Je savais pas que tu regardais ce dessin animé.

— Ouais.

— C'est qui ton personnage préféré ?

— Ouais.

— Tu m'écoutes ?

— Ouais.

Victor fronça les sourcils. Non, il ne l'écoutait pas. Clairement. Peut-être même ne regardait-il absolument pas l'écran braillard devant lui. Victor ne savait pas où il était, mais certainement pas dans la même pièce que lui.

Lie tes raturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant