Mars - 22.

716 71 19
                                    

Pour la troisième fois en moins de cinq minutes, Victor tomba sur la messagerie de son amie. Un soupir excédé franchit ses lèvres. Ce n'était pourtant pas compliqué de décrocher !

— Bon, tu vas décrocher espèce de...

— Espèce de ?

Le brun devint rouge comme une tomate. Il ne s'attendait pas à ce que son amie décroche aussi vite et l'entende.

— Espèce de gentille meilleure ? tenta Victor.

— Ouais, je préfère...

Il se retint à nouveau de soupirer. Quelle poisse ! jura-t-il intérieurement. Qu'elle réponde au moment où je rage, ça n'arrive évidemment à personne d'autre.

— Tu sais que ça fait quand même cinq fois que je t'appelle ?

— Désolée, je pouvais pas répondre.

— Toujours à l'hôpital ?

Victor n'avait pas besoin d'être en face de Pauline pour savoir que cette situation la bouleversait. Et même si elle essayait d'être forte, ce n'était vraiment pas facile. Si elle aimait bien quelqu'un, c'était son petit frère. Combien de fois en entendait-il parler dans la journée ? Parfois, ils ne parlaient que du petit pendant de longues minutes. Martin était certes l'enfant le plus sympathique que Victor connaissait, mais c'était aussi un sacré phénomène. Et, si Victor était enfant unique, avec sa meilleure amie et le petit, il se sentait souvent comme au milieu d'une fratrie.

— Ouais.

— Et comment il va ?

— Pour l'instant, il se repose. Il est en train de somnoler devant les dessins animés.

— Son état s'est amélioré ?

— Pas... Pas vraiment. Son état est toujours préoccupant. Moins qu'à notre arrivée, mais une rechute est encore possible.

— D'accord... Ok, je vois...

— Tu viens, aujourd'hui ?

Victor soupira en regardant sa montre.

— Peut-être, je sais pas. Hier, Jordan m'a envoyé un message.

— Hein ? Sérieux ? Et il veut quoi, celui-là ?

— Du calme, il m'a proposé de venir chez Naomi.

— Sérieux ? répéta Pauline, tandis que sa voix montait dans les aigus. Ah bah ça, mon coco, c'est un scoop. Et depuis quand ils s'entendent tous les deux ? Ils s'insultaient dans les couloirs quinze jours plus tôt !

— Je sais pas, moi ! s'énerva Victor. Je suis pas dans leur tête ! Je suis pas mentaliste !

— Ok, ok, t'énerve pas ! Bon... Et Yann ?

— Il m'a envoyé un message ce matin. Il m'a dit qu'on se verrait en cours. De toute façon, je n'ai pas le temps de lui parler aujourd'hui...

Le lycéen fut coupé dans sa phrase par un long soupir de désapprobation.

— Vic, le temps passe vite. Beaucoup trop vite. Essaie de profiter un maximum de votre relation. Je t'en prie, fais en sorte de ne rien regretter une fois que tu auras quitté le lycée. Fais en sorte de ne rien regretter du tout.

Victor resta silencieux un long moment. Sans comprendre d'où venait ce sentiment atroce et imprévisible, les larmes lui piquèrent les yeux. Il savait que ce moment viendrait. Il savait que ce serait douloureux. D'un seul coup, il eut envie de revenir en arrière, de repartir au moment de ce baiser qui ne cessait de le hanter. Auraient-ils dû s'aimer plus tôt ? Plus tard ?

Lie tes raturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant