Mars - 23.

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Les yeux rivés sur sa feuille, Victor n'osait pas vraiment lever la tête durant ce rare moment de calme. Trente minutes s'étaient écoulées, et aucun des deux autres lycéens n'avait cessé de parler pendant ce temps. 

Un petit sourire orna son visage, dissimulé par ses deux mains encadrant son visage pour le supporter dans ses révisions. Au premier abord, le brun s'était dit que l'après-midi serait bien plus longue qu'il ne l'imaginait ; finalement, il pouvait dire que ça se passait.

Ce n'était pas le moment le plus agréable qu'il ait vécu, mais on était loin de la catastrophe à laquelle il s'attendait. La blague de Jordan sur sa relation avec Yann l'avait un peu refroidi au début. 

Mais même si son camarade ne mettait jamais les formes quand il parlait, il avait su le rassurer et réchauffer l'atmosphère, certainement aidé par Naomi, qui avait trouvé des mots bienveillants. S'il devait résumer cet instant passé chez sa camarade, il hausserait certainement les épaules.

— Tiens.

Cette fois, le brun fut bien obligé d'arrêter de fixer les cours étalés devant lui. En levant son regard, il croisa une main tendue, tenant une tasse d'où s'échappait quelques serpents de fumée. Il esquissa un sourire en prenant l'objet des mains de Naomi. De son côté, Jordan la regarda, les mâchoires serrées :

— Tu aurais pu me demander, je t'aurais aidée !

— Ce n'est que deux tasses de café, Jordan...

— Et alors ?

Naomi regarda Victor en secouant la tête. Le caïd de la classe soupira bruyamment.

— Depuis quand vous vous alliez, là ?

— J'ai rien dit, perso, répondit Victor.

— J'espère bien !

Victor ignora la remarque de Jordan et but une gorgée de la boisson que sa camarade venait de lui donner. Le chocolat chaud le réchauffa, lui donnant la force de continuer à réviser. On ne pouvait pas dire que le brun aimait ça, mais il était assez consciencieux pour ne pas y échapper. Et la présence de Naomi poussait les deux garçons à travailler. Il garda le silence, mais Victor trouvait Jordan bien plus calme que d'habitude, grâce à la jeune femme. Un peu comme lui avec Yann.

L'image du blond lui vint en mémoire, le décrochant momentanément de ses révisions. S'il le pouvait, il passerait toutes ses journées avec son grand amour. Peut-être réviseraient-ils. Victor imaginait bien ce dernier lui dire de se concentrer, tout en l'aguichant avec son petit sourire en coin, l'air de dire que rien ne pouvait les atteindre, qu'ils étaient invincibles. Et il avait peut-être raison. Quand il était dans ses bras, le monde lui paraissait bien faible face à eux.

Portant une main à son front, il se massa les tempes pour se ressaisir. S'il commençait à fantasmer tout ce qu'ils pourraient faire ensemble, cette après-midi était foutue. Et ses deux camarades ne comprendraient certainement pas. Ou, au contraire, Victor avait peur que Jordan ou Naomi parviennent à deviner ce qui hantait ses pensées. Deux blagues sur les fruits de mer... Il n'était pas vraiment sûr de pouvoir en supporter une troisième.

Victor secoua la tête et se replongea dans ses fiches de révisions sur son cours de littérature, qui lui parurent bien plus passionnantes. Jordan, Naomi et lui s'interrogèrent à tour de rôle sur plusieurs auteurs et sur quelques notions. 

Si la lycéenne s'en sortait haut la main, ce n'était pas tout à fait le cas des deux garçons, en particulier de Jordan. Le grand gaillard pestait chaque fois qu'il faisait une erreur... Autant dire qu'on entendait souvent quelques grossièretés s'échapper du fond de sa gorge en un grognement guttural.

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