Avril - 1.

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Quand Victor posa enfin le point final sur sa copie, il poussa un soupir de soulagement. Cette dissertation avait failli avoir sa peau ! Il se massa le poignet après avoir rangé son stylo. Il sentait ses muscles le tirailler de toute part. Passant une main sur sa nuque, il se redressa pour s'étirer, enfin heureux de finir cette corvée.

Il tourna la tête pour regarder le reste de la classe, presque déserte. Même Jordan avait terminé avant lui ! Bien que n'ayant pas ce genre d'état d'esprit malsain où seule la compétition règne et où il faut terminer le plus vite possible pour écraser les autres, le brun se sentit vexé d'avoir mis tant de temps.

Il n'ignorait pas, évidemment, que son camarade un peu bourru avait des capacités. Au contraire. Mais sur une épreuve comme celle-là, il aurait dû terminer avant.

Dans la salle, Victor constata avec dépit qu'il ne restait plus que lui et quatre autres élèves. Ce contrôle s'avérait particulièrement tordu, se dit-il en rassemblant ses affaires. Son regard se porta sur une chaise inoccupée. Il secoua la tête, se leva, prit son sac, déposa sa copie et regagna le couloir.

En dehors de la classe, il inspira longuement, avant de soupirer de soulagement. Il s'étira comme le ferait un félin. Devant la porte, Doriane discutait avec une de ses amies. Les deux lycéens échangèrent un regard, mais Victor, agacé de voir qu'elle était encore là au moment où il sortait, continua son chemin en l'ignorant superbement.

Il se hâta de regagner la cour. L'atmosphère pesante et poussiéreuse de l'intérieur du lycée commençait à l'étouffer. La chaleur des couloirs lui donnait la sensation d'être prisonnier d'une cage invisible. Et s'il ne voulait pas rester à errer près des salles, il voulait encore moins croiser d'autres personnes qui pourraient être du clan de Doriane, comme il se plaisait à le dire.

Quand il finit par sortir dehors, un petit vent frais le saisit. Mais il fut bien maigre. L'adolescent soupira ; il prit son portable, ouvrit les messages et agita ses doigts bien rapidement. Puis il se ravisa et finit par le porter à son oreille.

— Ah bah quand même ! Je me demandais quand t'allais sortir ton joli petit cul de cette salle !

— Lili... soupira Victor.

— Tout s'est bien passé ? Oh, non, attends. Tu vas me le dire en face. C'est mieux. C'est pour ça que tu m'appelais, non ?

Dans le mille.

— Tu es mon bureau des plaintes préféré, dit-il avec un petit sourire.

— À ton service, mon chou !

— Bon, t'es où ?

— Près de la grille, dans la cour bétonnée.

— Qu'est-ce que... Ok, bon, j'arrive.

— Ne traîne pas en route !

Victor raccrocha et rangea son portable dans sa poche. Un frisson parcourut son dos. Suivant le conseil de Pauline, il fonça vers la grille. La distance entre sa position et sa destination lui fit grincer des dents. Quelques questions lui hantaient l'esprit, ce matin. Il avait hâte de retrouver sa meilleure amie.

Quelques minutes plus tard, il parvint enfin aux grilles. Pauline l'y attendait, adossée à un petit muret. Elle leva les yeux de son livre en l'entendant arriver.

— Est-ce que tu sais la distance qu'il y a entre l'autre cour et les grilles, bordel ?

— Oui, bonjour à toi aussi, très cher, répondit Lili avec un demi-sourire.

— C'est quand même ironique de souhaiter un bon jour à celui qu'on vient de faire courir pour ses beaux yeux !

— Tu trouves ? Merci, je savais que ce mascara m'allait à merveille, ça révèle mon côté charismatique !

Lie tes raturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant