Juin - 10 (3).

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— Je suis heureux qu'on ait écrit ce roman ensemble.

— Sans toi, dit Yann, je n'y serais pas arrivé. C'est toi qui m'as permis de réaliser mon rêve.

— Tu rigoles ? Tu es le plus grand talent que j'ai eu la chance de croiser. Avec ou sans moi, tu aurais réussi.

— Le talent est une partie importante du processus mais ça ne fait pas tout...

— Quoi, tu vas me dire que je suis un genre de Muse ?

Le sourire rêveur de Yann cloua Victor sur place.

— Et pourquoi pas ?

— C'est plutôt à moi de dire ça. Tu ne sais pas à quel point tu es inspirant. Ton sourire, tes mots... Tu donnes l'air de pouvoir défier le monde entier. Rien ne peut te résister, tu es de ceux qui font même sourire la pluie. Tu connais mieux la poésie que n'importe qui, même tes silences parlent. C'est dingue, mais je crois qu'il existe une poignée de personnes capables de rassembler le monde. Une poignée de personnes qui défient l'univers, qui par leur simple présence te disent que tout ira bien, un peu, même une fraction de secondes. Tu es de ceux qui tiennent l'amour et l'inspiration au creux de leurs mains. Tu regardes le monde comme si tu étais posé sur un trône, ta couronne de plumes sur la tête. Tu es toujours dans le contrôle mais ça ne t'empêche pas de te laisser bercer par les courants de l'existence... C'est tellement agaçant et tellement... toi.

— Tellement moi ? rit Yann.

— Ouais, tellement toi. Tu es tellement éblouissant qu'il faut un adjectif rien qu'à toi pour te décrire.

Le rire de Yann redoubla. Victor, vexé, lui tapa mollement l'épaule.

— Eh ! Je te fais une belle tirade et toi tu te marres ? T'es pas cool !

— Mais non ! protesta le blond. Je me moque pas de toi ! C'est juste que je ne me vois pas comme ça, c'est tellement loin de moi, ça.

— C'est parce que tu ne t'en rends pas compte...

— Si, je m'en rends compte quand je vois tes yeux. Mais c'est parce que ce sont tes yeux !

Victor leva les yeux au ciel mais suivit Yann dans son rire. Il le savait : il pouvait le suivre partout. Même dans son rire.

— T'es vraiment incroyable, tu trouves toujours un moyen de renverser la situation !

— C'est ça, le pouvoir des mots... J'ai dû être élu par l'écriture elle-même.

— Peut-être, ce ne serait pas étonnant...

— Toujours est-il que si je suis élu par l'écriture, tu es celui qui me permet d'exploiter tout mon potentiel.

— J'essaie de t'aider du mieux que je peux.

Yann acquiesça d'un petit hochement de tête.

— Tu vas continuer à écrire, hein ?

— Qui ça, moi ? s'étonna Victor. Peut-être... Je sais pas.

— Ah non, hein ! Hors de question que tu t'arrêtes.

— C'est pas mon truc... C'était notre truc.

— C'est autant le tien que le mien. L'écriture ne disparaîtra pas avec moi. T'as pas intérêt à arrêter, si tu veux pas que je te botte le cul.

— Tu pourras pas.

— Peut-être. Je peux toujours le faire tout de suite.

Victor maugréa dans sa barbe, comme un enfant, narguant Yann juste à côté de lui, répétant ce qu'il disait, une grimace peinte sur le visage.

Lie tes raturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant