Mars - 10.

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— Et encore une fois, vous êtes en retard, se plaignit Yann en ouvrant la portière.

Il s'installa à côté de Victor et regarda un instant la conductrice, perplexe. Il haussa un sourcil en se tournant vers son ami :

— Et elle est où, Pauline ?

— Au volant de sa voiture, dit la conductrice.

Le blond écarquilla les yeux. Serait-il en train de rêver ? Il y avait un monde entre Pauline, la pétillante jeune femme qui était dans sa classe, dont la crinière était encore plus royale que celle du lion, et dont le caractère bien trempé rendait ses traits aussi sauvages que celles d'une tigresse, et cette jeune femme, aux cheveux violets et qui semblait sortir tout droit d'un autre monde.

Victor, devant le désarroi de son compagnon, l'admira avec tendresse et acquiesça.

— Si, je te jure, et non, tu ne rêves pas. Mais aujourd'hui, on l'appelle Athéna.

— Athéna ? Comme dans...

— Oui, oui. Regarde.

Et il lui tendit le sceptre que Pauline tenait entre ses mains quand il était encore chez elle. Yann le prit et l'examina. Il poussa un sifflement admiratif.

— Ah, ouais ! Quand tu fais quelque chose, tu ne le fais pas à moitié ! Attends...

— Aïe ! Mais qu'est-ce que tu fous, abruti ?

— Ce sont tes vrais cheveux ? s'exclama le blond.

— Bah oui, andouille !

— Désolé ! dit-il en la lâchant. Je croyais que c'était une perruque donc j'ai pas été adroit, désolé !

— Ouais, c'est ça, répondit la fausse déesse. Tu pourrais faire attention quand même, parce que même une perruque il faut en prendre soin !

— Excuse-moi !

— Et toi, ne ris pas ! cria-t-elle en filant une claque sur l'épaule de son passager.

— Désolé, ricana Victor, mais c'était trop... trop drôle... J'en pleurerai presque !

L'épisode se conclut par une autre petite tape de la part de la jeune femme, agacée de tout ce chahut. Pauline recommença à rouler quand elle vit que le feu tricolore arborait le vert. Couleur de l'espoir, se dit-elle. En espérant que les deux abrutis arrêtent de se chamailler, puisque c'était ce qu'ils faisaient depuis quelques minutes maintenant !

— Vous êtes de vrais gamins, les gars ! Arrêtez de vous battre pour un rien !

— C'est lui qui a commencé ! répliqua Victor.

— Je ne veux pas le savoir ! Je m'en fous de qui a commencé et qui est responsable.

— Non mais attends, il raconte n'importe quoi en même temps ! pleurnicha le blond.

— Les gars, vous êtes encore plus ridicules que ces tarés de la bataille d'Hernani. En plus vous me déconcentrez... Putain ! Je viens de louper la rue à cause de vos chamailleries à la con !

— Mais...

— Maintenant ça suffit, vous la fermez et vous me laissez conduire... Mais attention, vieille peau ! Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux que je te réajuste le dentier ?

Victor se demanda s'il ne fallait peut-être pas qu'elle arrête de prendre le volant. Quelque chose lui disait qu'elle était encore plus agacée quand elle le prenait...

— De toute façon, quand les voitures autonomes seront légion, elle sera sacrifiée, l'ordinateur de la bagnole se rendra bien compte qu'il ne faudra pas la laisser plus longtemps sur la route celle-là ! Même entre elle et un chien enragé, il choisirait cette pauvre bête !

Lie tes raturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant