Avril - 11 (2).

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— Vous attendez Yann ? questionna Angelo pour rompre le silence.

— Oui, dit Victor.

— Je crois qu'il est en train de parler avec Arthur.

— Arthur ? C'est qui, celui-là ? grogna le brun.

— Un gosse de première. Un gars très sympathique. Mais pas du tout le genre de Yann, si ça peut te rassurer. Il est plutôt du genre petit brun attachant mais très agaçant.

— Comment ça, très agaçant ?

Victor fronça les sourcils, contrarié. A côté de lui, un rire étouffé sonna.

— Eh ! on peut savoir ce qui te fait rire ?

— Hein ? Rien... se défendit Pauline, le visage déformé par son rire.

— Ouais, c'est ça...

Sceptique, il se tourna, l'air boudeur. Mais en jetant un regard par-dessus son épaule, il put voir les deux autres adolescents s'échanger un clin d'oeil. C'était rapide, il aurait pu ne pas le remarquer, mais le destin, farceur, en avait voulu autrement.

— Lili ! Je t'ai vue ! Traîtresse !

— De quoi ? le questionna-t-elle, innocente.

— Ce clin d'oeil ! Ne mens pas !

— On a le droit d'avoir de la poussière dans les yeux, quand même, non ?

— Tu vas me faire croire que vous avez eu de la poussière dans les yeux ? Tous les deux ? Au même moment ?

— Le hasard, commenta Angelo.

— Il a bon dos, le hasard...

Pauline esquissa un petit sourire complice en direction d'Angelo. Les joues de ce dernier prirent une teinte cerise. Il toussa deux fois exagérément :

— Enfin bref... Je vais y aller. Vous voulez que je vous ramène ?

— Je... Je vais attendre Yann, soupira Victor. En espérant qu'il finisse rapidement avec l'autre, là.

— J'espère qu'il va se dépêcher. Il ne devrait pas tarder quand même, l'informa Angelo.

— Je l'ai attendu deux ans, je peux bien l'attendre dix minutes de plus.

Cette remarque lui foudroya le coeur ; non, il ne pouvait pas l'attendre dix minutes de plus. Il n'avait qu'une seule envie : se lever, le retrouver, l'embrasser. Et accessoirement claquer l'autre gamin qui lui volait le temps qu'il pouvait passer aux côtés de son amoureux.

— Et toi, beauté antique ?

— Qui ça, moi ? s'interrogea Pauline.

— Non, le banc, commenta Victor, la voix atonique.

Son petit cri de douleur qui suivit, lui, ne manqua pas d'énergie quand sa meilleure amie lui écrasa le pied.

— Oh, et bien, si tu n'as rien de spécial à faire...

— Il faudra juste que je passe à la boulangerie, l'informa Angelo. Mais ça ne durera que quelques minutes. Le temps d'un éclair.

— Pas de soucis. On peut peut-être attendre Yann ?

— Oui, bonne idée ! Comme ça, je vous ramène aussi, proposa-t-il en se tournant vers Victor.

— Euh... Pourquoi pas... hésita ce dernier.

— Super !

Les trois lycéens décidèrent donc d'attendre le blond, assis sur le banc, parlant de tout et de rien comme le feraient trois amis. Si Victor devait qualifier ces quelques minutes en compagnie d'Angelo et Pauline, il n'hésiterait pas une seconde. Bizarre. Mille impressions traversaient son coeur ; l'impression de ne pas être là et pourtant de s'amuser, l'impression que le temps avançait sans eux, l'impression qu'il n'avait pas besoin de penser à demain.

Lie tes raturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant