➖✨Chapitre 4 "Coup de Foudre" : Aout 1994

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J'étais restée un bon bout de temps dans le comas parait-il. Ma tête m'avait faite mal encore pendant quelques jours après mon réveil. Mais maintenant je n'avais plus la moindre bosse sur le crâne, j'avais écrit à Marie-Astrid et Magalie pour savoir ce qu'elles étaient devenues. Elles m'ont dit m'avoir cherchée désespérément de partout au stade puis s'être cachées à la vue des mangemorts et pensaient que je m'étais fait enlevée ou dieu sait quoi. Moi qui pensais que c'était elles qui m'avaient ramenée à Poudlard. Peut-être que c'était un collègue ou un élève qui m'aurait reconnue et m'aurait ramenée... Après tout, c'était un évènement fréquenté par énormément de monde...

Avant même le début de l'année scolaire, il faisait orageusement sombre ce soir-là où j'avais retrouvé la salle des professeurs. Je m'étais sentie plus troublée qu'à l'ordinaire lorsque je remarquai la présence du professeur Rogue et que je m'aperçus que je ne l'avais pas vu depuis au moins deux mois. De loin je lui adressai un sourire en passant timidement une main dans mes cheveux tout en me mordillant nerveusement les lèvres lorsqu'il croisa mon regard. Il avait toujours ce regard noir qui semblait s'être obscurci durant ses deux derniers mois, mais la soirée où il m'avait soignée jaillit dans mon esprit telle une étincelle de bonheur.

- Bonjour professeur, lui adressai-je en rougissant en m'approchant de lui.

- Mademoiselle Duchamp, j'espère que vous allez bien...

- Très bien, oui. Je suis ravie de vous revoir.

- Et moi dont, quand on sait ce qui s'est passé à la coupe du monde de Quidditch et que vous y avez été finalement allée, dit-il d'une voix doucereuse comme s'il me le reprochait.

Je laissai échapper un air d'étonnement en le dévisageant.

- Parce que vous y êtes allé vous aussi ?

- Tout le monde ne parle plus que de cela et il y des articles dans tous les journaux, répondit-il.

- C'est marrant car je n'avais pas spécialement envie de m'y rendre, et il suffit que des amis me poussent à y mettre un pied pour que je finisse par regretter.

- Des amis, vraiment ? s'étonna-t-il. Quel genre d'ami...

La porte de la salle claqua tout à coup brutalement et tout le monde ici présent fit volteface. Un homme massif et grand aux épaules larges dont le visage déformé entra d'un pas claquant, appuyé sur un épais bâton de marche en bois. Son entrée brutale ne passa pas inaperçue si bien qu'elle en scotcha plus d'un. Les professeurs McGonagall, Flitwick, quelques autres collègues et moi qui avions fait un sursaut tandis que tous les autres professeurs s'étaient raidis sur place. Dans un silence à couper le souffle, l'étrange inconnu jeta un œil à toute la pièce, le seul œil qui n'était pas bandé par une énorme pupille en verre, ce dernier ne faisait que de tourner en rond telle une balle de ping pong que j'en eus mal au cœur à le fixer avec étrangeté et curiosité.

- Mon travail, c'est d'avoir la Magie Noire à l'œil ! exhiba-t-il de sa grosse voix forte. Et je n'hésiterais pas à condamner les adeptes d'office ! gronda-t-il. DONC, je me dois d'inspecter chaque classe, chaque pièce de ce château...

Il se mit à tous nous scruter d'un regard accusateur en trainant la marche comme s'il suspectait chacun de nous.

- Mais Maugrey FolŒil est simplement professeur en défense contre les Forces du Mal, pas un auror embauché à surveiller tout le monde, avais-je entendue marmonner une petite voix basse derrière moi.

- ... En commençant par VOUS ! hurla-t-il en s'avançant d'un pas vif et bruyant en ma direction, son énorme visage cicatrisé penché en avant vers moi, d'un air si féroce que je n'avais pas imaginé qu'il en était possible.

Mon cœur reçut comme une décharge électrique de frayeur. Il avait le don d'incriminer à tel point de me faire douter de ma propre innocence. Dans un soubresaut et sous le coup de l'émotion, j'avais instinctivement agrippé le bras du professeur Rogue qui se trouvait juste devant moi en laissant échapper un souffle court. Celui-ci se retourna et me dévisagea d'un air de stupéfaction de ses yeux noirs.

- Et bien mademoiselle, vous êtes bien sensible... me dit-il soudain d'une petite voix mielleuse d'un air de reproche en retirant son bras.

- D... désolée... balbutiais-je dans un souffle inaudible en contemplant le sol en rougissant.

Je le relâchai immédiatement dans une soudaine prise de conscience. Je me figeai, interdite, le corps raide et immobile, le visage crispé de honte mêlée à de la frayeur.

- Oui, VOUS, Rogue ! coupa sèchement Maugrey. Emmenez-moi à votre bureau, ensuite j'irai jeter un Œil dans votre salle de classe !

Maugrey était effectivement plutôt penché au-dessus du professeur Rogue, mais sa proximité donnait un drôle d'effet de perspective, que ça en était troublant avec ses deux divergents, je ne savais pas qui il fixait.

- Je refuse de croire que Dumbledore vous a donné l'ordre de fouiller mon bureau ! répliqua-t-il sèchement. Il me fait entièrement confiance donc...

- Si vous refusez, je croirais que vous cachez quelque chose... riposta Maugrey d'un ton accusateur.

Le professeur Rogue s'immobilisa un instant d'un air agacé en serrant les points.

- Très bien ! Mais j'ignore ce que vous imaginez y trouver, lâcha-t-il enfin d'une voix glaciale.

Maugrey le fusilla d'un air menaçant et assassin.

- Des traces, je cherche des traces... répéta-t-il entre ses crocs aiguisés d'une voix rocailleuse.

Le professeur Rogue se tut, mais le regard pour le moins expressif. Dissimulé à travers de l'incrédulité, il avait laissé échapper un semblant de peur que je lui ai alors vu pour la toute première fois, ce qui m'inquiéta.

Maugrey s'était redressé en faisait un signe de la main pour ouvrir la marche. Le professeur Rogue disparut dans le couloir suivi de Maugrey.

Ce soi-disant professeur en défense contre les Forces du Mal ne m'inspirait pas du tout. A vrai dire, je le redoutais. Pire que de la méfiance, tout en lui me rebutait. Son visage évoquait un champ de mine avec toutes ses cicatrices en plein milieu. Tandis que le professeur Rogue avait l'air physiquement calme et posé, Maugrey bombardait de gestes brutaux et brulait sur place de rester inactif. Il bondissait au quart de tour. Il était sans cesse tendu, irritable, dépourvu de délicatesse que ça en était effrayant. A côté, le professeur Rogue au visage lisse et pâle, paraissait doux avec, certes, une certaine amertume dissimulée en lui ; mais il valait mieux ne pas réveiller et qui méritait sans doute d'être apaisée. Même le professeur Rogue, qui avait pour habitude de mépriser jusque-là tous les professeurs du cours de défense contre les forces du mal, avait l'air de craindre Maugrey, c'était dire si la situation devait être inquiétante. 

Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant