- Janvier 1995

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Durant la dernière semaine de vacances, je parvenais difficilement à chasser de mon esprit le bonheur qu'avait illuminé ma vie et que m'avait laissé en souvenir inoubliable ce bal de Noël. Les cours avaient tranquillement repris dans un mois frileux, tandis que mon cœur, en quête de chaleur, trouvait, malgré moi, mille et une raisons pour descendre dans les basfonds glacials du château pour retrouver Severus, dans sa salle de classe ou bien dans son bureau. Il était souvent arrivé que durant les pauses, entre les cours, ou le soir après la classe, de nous croiser dans la salle professeurs ou à la Grande Salle, de nous adresser un bref regard, un sourire discret, voir même un mot gentil, tout en gardant une certaine distance physique de sécurité entre nous.

Un jour, entre midi et deux, je l'avais secrètement retrouvé dans sa réserve personnelle en toute discrétion, afin de ne pas être dérangé et d'éviter d'éveiller les soupçons auprès des élèves ou dans l'équipe pédagogique.

- Professeur Rogue...

- Mademoiselle Duchamp, que me vaut cette visite ?

- Je... je passais par là et euh... j'ai eu envie de vous voir, enfin plutôt votre travail... Je voulais voir l'avancé de votre travail et de vos recherches, mentis-je en refermant la porte derrière moi d'un infime geste en tenant quelques livres dans les bras.

Il lâcha un petit rictus à peine perceptible en posant sa tasse de café sur une étagère.

- En l'occurrence un véritable potioniste ne fait rarement voir ses recherches au public avant d'en avoir la certitude... Mais je pourrais faire de vous une exception, car il me semble avoir le cœur net sur certain point, si je ne m'abuse, répondit-il en prenant tranquillement un livre qu'il posa sur son bureau dont les gestes me paraissaient gracieux.

- A quel sujet ?

- Je cherchais un remède contre le gui mais j'ai trouvé autre chose de plus intéressant aux sujets des fleurs. Les astéracées, plus précisément. Et une en particulier a attiré ma curiosité : la plus utile pour les débutants en potion qui s'avère être aussi la plus bénéfique en vertu de ses nombreuses propriétés.

- Je ne suis pas sûre d'avoir compris à quelle genre de fleur vous faites allusion, dis-je en fronçant légèrement les sourcils.

- C'est pourtant évident. Ecoutez.

Il se retourna dos à moi, se pencha au-dessus de son bureau sur lequel était posé le livre ouvert. Il commença à lire :

- « Chaque année, à la toute première lune du printemps, une force irrésistible la pousse à sortir hors de la terre. Et au bout d'une frêle petite tige, une perle nacrée fermée en un bouton. Elle est mellifère par le nectar produit par son cœur d'or et au teint blanc pur des pétales. » Je vous laisse deviner de quelle fleur je veux parler.

Charmée, j'avais fait un pas en silence en sa direction.

- « Chauffée à feu doux sans la bruler, et aux premières émanations du chaudron, la... marguerite blanche soulage déjà la fièvre sous forme d'infusion. Ses feuilles purifient les plaies mêmes les plus profondes, tandis que les racines, associées à d'autres ingrédients, confèrent des vertus magiques pour vaincre de puissants sortilèges... C'est un tonique du corps et de l'esprit. » Naturellement, je savais déjà tout cela, mais cela ne fait que confirmer mon doute : c'est une humble fleur qui est injustement considérée comme de la mauvaise herbe. En d'autres termes, c'est une rose qui s'ignore.

Il avait levé la tête. Je lui souris et me rapprochai pour tenter de jeter un œil à l'énorme livre qu'il dissimulait derrière lui sur la petite table.

Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant