Au fur et à mesure que l'année scolaire avançait, je remarquai que l'opinion que je me faisais à présent du professeur Lockhart m'avait un peu rapprochée du professeur Rogue. Car bien sûr, le reste de l'équipe pédagogique l'idolâtrait toujours autant. Et nous avions au moins cela en commun... si on ne s'entendait pas sur autre chose.
Un soir au diner dans la Grande Salle, une chaise vide à côté du professeur Rogue me faisait de l'œil, quand, soudain, le professeur Lockhart tira une chaise sur mon passage juste devant moi. Il me lança un clin d'œil charmeur comme pour m'inviter à siéger à côté de lui. Surprise, je fis un pas en arrière et détournai brusquement le regard, l'air agacé, en passant outre sa fausse gratitude pour m'assoir ailleurs. Lockhart ne m'avait pas l'air vraiment clair. Un homme qui paraissait trop parfait c'était forcément louche, ça ne pouvait qu'être suspect, bien trop beau pour être vrai. Je préférais encore le contempler pour lui trouver des défauts que pour l'admirer.
Comme à l'accoutumé, il n'était pas rare que je croise le professeur Rogue à la bibliothèque un jour, dans la salle des professeurs un autre jour. Il parlait peu, mais lorsqu'il parlait, il s'exprimait avec réfléchi, employait des termes qui révélait de lui une certaine intelligence, loin de la vanité frivole du professeur Lockhart. Bien qu'il y eût toujours cette ténébreuse ombre qui guidait chacun de ses pas, le professeur Rogue me paraissait moins froid et quelque peu plus avenant, enfin, un tout petit peu. Parce que quand je lui adressais des sourires, bien sûr, il ne me les rendait pas.
Les jours où il était de très mauvaise humeur, les élèves ne manquaient pas de continuer à faire courir des atrocités à son propos, en prétendant avec insistance qu'il n'était rien d'autre qu'un mage (dé)voué à la Magie Noire. Tout cela m'étonnait, car le professeur Rogue me montrait moins une personnalité aussi sombre lorsque l'on était entre professeurs, ou alors je ne la percevais plus. Toujours est-il que c'était bien Lockhart qui avait tenté de me lancer un maléfice, pas lui.
Le professeur Rogue ne se montrait en effet plus aussi méprisant qu'il l'était envers moi, ni violent comme il pouvait l'être avec ses élèves. Peut-être parce que j'avais, comme lui, remis Lockhart à sa place ? Il paraissait différent depuis, comme si en vérité il cachait une part de lui-même. Une part secrète de bonté quelque part enfouit en lui, dont je ne soupçonnais même pas l'existence, cherchant peut-être à faire surface, mais qu'il dissimulait surement pour prouver ou se prouver à lui-même qu'il était intouchable, invincible.
Cela dit, j'avais encore du chemin à faire si je voulais monter d'un cran dans son estime...
Un peu avant les vacances de Noël, j'avais croisé le professeur Rogue seul dans la salle des professeurs. Il avait l'air pris dans ses pensées à contempler par la fenêtre la neige tomber dehors.
- Tous se passe bien avec Lockhart, au club de duel ? lui demandais-je à tout hasard.
- Si vous nous voyez encore vivant, c'est que l'on ne s'est pas encore entre-tué... Avez-vous déjà été confrontée à un épouvantard dans votre vie, mademoiselle Duchamp ?
- Non, jamais, lui répondis-je légèrement étonnée par sa question.
- A votre avis, quelle apparence prendrait-il devant vous ? Quelle est votre plus grande peur de laquelle il se nourrirait ? demanda-t-il sans se détourner de la fenêtre, dos à moi.
- Oh, euh... Je n'en sais rien. Rien de bien méchant j'imagine, avais-je trouvé à répondre sans y avoir pleinement réfléchi et par peur du ridicule. Et vous professeur, quelle est votre plus grande peur ?
- Vous n'avez vraiment peur de rien ? s'enquit-il sans me répondre. Pas même d'une acromentule ou d'un... serpent venimeux ? Je ne vous crois pas.
- Et bien... je n'ai plus les mêmes peurs que dans mon enfance. Les serpents, les monstres... Ce sont toutes des peurs que je ne peine plus à maitriser...
- Que feriez-vous, par exemple, si vous tombiez nez à nez avec l'un d'entre eux, ou face à une créature beaucoup plus redoutable que cela ?
Je soupçonnais qu'il faisait allusion au premier atelier du club de duel :
- J'improvise ! avais-je dit en esquissant un sourire.
Le professeur Rogue se retourna soudain et me dévisagea un instant d'un air sérieux, les bras croisés dans le dos.
- Vraiment ? Vous tenez ça du livre de l'incroyable Lockhart ?
- C'est ce que j'ai fait face à lui. Je n'étais pas prête à monter sur l'estrade. Je me suis retournée et j'ai jeté le premier sort qui m'est venu à l'esprit. Et visiblement ça a fonctionné. Quand on y réfléchit bien, chaque créature possède sa propre faiblesse. Il suffit juste d'improviser quelque chose pour faire de sa faiblesse notre point fort. En l'occurrence, l'épouventard c'est en le ridiculisant, un peu comme Lockhart.
- Hm. C'est un point de vue comme un autre, encore faut-il connaitre les faiblesses de chaque créature. C'est ainsi donc que vous fonctionnez... connaitre les faiblesses des autres pour mieux les surprendre ? répliqua-t-il lentement.
- Euh non pas en tout point ! Mais pour en revenir à votre question, il me semble que ma plus grande peur n'a rien de matériel qui puisse être affrontée par magie. Je crois que d'être rejetée de tous, puis enfermée à Azkaban, privée de toutes mes libertés, de mes proches, de ma famille et de mes amis, reflèteraient ma plus grande angoisse. Mais je pense aussi que si je devais me retrouver face à un mange-mort, je paniquerais vraiment.
Silencieux, il parut songeur, comme s'il réfléchissait à ce qu'il pouvait me dire ou qu'il pensait à quelque chose en particulier.
- Hm, je vois... Je serai curieux de connaitre votre palette de sortilèges de défense.
- Oh, euh, je pense que je ne crains pas grand-chose avec une baguette comme la mienne.
Je mis ma main à la poche et fis un geste léger pour en sortir ma baguette pour la lui montrer. Il fronça aussitôt les sourcils à sa vue.
- Votre baguette magique est peu commune... D'où vient-elle ? Pas de chez Ollivanders, n'est-ce pas ?
- Non, en effet, elle provient d'une baguettiste française : Liz Aurier. Elle est en bois de sureau et crin de...
Il se rapprocha tout à coup vivement de moi, et d'une lourde poigne il m'agrippa violemment le poignet. Il me fixa droit dans les yeux d'un air menaçant et assassin :
- Faites bien attention à qui vous livrer ces informations, mademoiselle ! Vous risqueriez d'avoir de graves ennuis. Ne vous avisez pas de répéter ce genre de chose à n'importe qui. Gardez cela secrètement pour vous ! Me suis-je bien fait comprendre ?!
Les yeux écarquillés, je laissai échapper qu'un souffle court. Il me fixa sévèrement de ses yeux noirs en attente d'une réponse. Je ne l'avais jamais vu d'aussi près. La profonde obscurité de ses yeux surpassait celle de ses cheveux. Effrayée, je demeurai muette. Un silence lourd pesait. Il me relâcha soudain le bras.
- Décidément, Dumbledore voue une confiance aveugle, marmonna-t-il sur un ton méprisant en se dirigeant vers la sortie. Vous ne tiendrez pas long feu ici, peu importe votre baguette !
- Vous osez remettre en doute la parole de Dum...
Un professeur fit promptement irruption dans la salle, devant le professeur Rogue. La respiration saccadée comme s'il venait de courir un marathon, il annonça qu'un autre élève venait de se faire pétrifier. Le professeur Rogue disparut à grandes enjambées avec lui.
À la suite de cet évènement, Dumbledore continuait de faire tout son possible pour protéger les résidents de l'école. D'autres mesures de sécurité avaient été mise en place : après les cours, chaque élèves devaient regagner la Grande Salle pour prendre le diner et immédiatement rejoindre les dortoirs juste après.
A chaque sortie d'élèves dans un couloir, il nous fallait les accompagner pour éviter de les laisser seuls.
Mais pour le Ministère de la Magie, les choses étaient allées beaucoup trop loin. Lucius Malfoy, membre du Conseil d'Administration ordonna de suspendre Dumbledore de ses fonctions de directeur car il le jugea incapable de faire face aux évènements.
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Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébrité
Fanfiction- La meilleure des vengeances c'est la réussite. - Jamais vous ne me comprendrez. Jamais. Poudlard est grand, très grand. Et les professeurs sont nombreux. Mais les connaissons-nous tous ? Un petit coup de Retourneur de Temps, et nous voilà sept a...