- Janvier 1996

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Un soir gris et froid, au comble du désespoir je m'étais péniblement avachie dans mon divan à peser le pour et le contre pour lui donner une réponse. Marie-Astrid semblait être en véritable vénération pour Ombrage. Bien que décisive dans ses arguments, il me semblait qu'elle était irrécupérable. Une plume à la main, parchemin dans l'autre, j'hésitais, je réfléchissais un long moment à ce que j'aurais pu lui écrire pour la convaincre. J'attendais que l'inspiration me tombe dessus. Peut-être n'avais-je aucun argument valable à part ma baguette et ma sécurité ? Je fus sortie de mes pensées lorsque quelqu'un frappa soudainement à la porte de mes appartements sombres et tristes.

La monotonie de mes vacances fut joyeusement interrompue par le retour de Severus. Grise mine, mon visage s'éclaira aussitôt en le voyant entrer, sa cape suivant sinueusement son sillon. Je lui avais sauté au cou avant même qu'il n'ait eu le temps de refermer la porte derrière lui. Il glissa affectueusement une main dans mes cheveux sans mot dire, puis l'autre dans mon dos. Ses lèvres s'adonnèrent généreusement aux miennes tandis que je le dévorais savoureusement de profonds baisers. Son nez, son visage, ses mains, il était glacé de la tête aux pieds. Il avait encore de la neige dans les cheveux et ses joues étaient rosées par le froid. Je le tenais fermement au creux de mes bras et lui caressais le dos par-dessus son épaisse cape pour le réchauffer en le frictionnant.

- Qui est-ce qui vous a écrit un tel roman ? m'interrogea-t-il soudain l'air intrigué avec une once de jalousie trahi par le timbre rude de sa voix.

Il avait décroché ses lèvres des miennes, le regard affreusement noir. Moi qui m'étais attendue à un meilleur accueil, je fus frappée par son attitude tendue et amer. C'étaient ses premiers mots à son retour. Pas un « Marguerite, vous m'avez manqué. », ni un simple « Comment allez-vous ? », ni même encore un « Avez-vous passez de bonne vacances ? » ou encore un « N'était-ce pas trop insupportable les vacances avec Ombrage ? » Non. Un brutal et glacial « Qui vous a écrit un tel roman ? », en me tenant jalousement avec poigne une partie de mes cheveux telle une énorme pince à cheveux pour me tenir bloquer, son regard persécutant rivé dans le mien. J'essayais de deviner de quoi il voulait parler à travers son champ de vision. Il devait convoiter du regard la lettre de deux pages que j'avais laissé trainée sur la table basse derrière moi.

- Marguerite, s'il vous plait, j'aimerais savoir qui vous a écrit autant, insista-t-il sévèrement.

Mes yeux sondèrent un instant la profonde noirceur de ses yeux bruns avec inquiétude.

- Marie-Astrid...

- Oh, vraiment ? Que dit-elle de beau ? Tout le monde se porte merveilleusement bien au Ministère ? Ils dorment tous à point fermé sur leurs deux oreilles la nuit, sans courbature ni gueule enfarinée ?! s'enquit-il sur un ton méchamment sarcastique. Ils ne prennent pas trop de gros risques pour leur peau de lapin ?

- Mais qu'avez-vous Severus ? m'étonnais-je en le dévisageant avec gravité.

Sa main s'était soudain desserrée de mes cheveux pour glisser le long de mon cou. Je scrutais la lettre un instant puis croisai à nouveau son regard sombre. Son visage affichait une expression de profond mépris tandis qu'il fixait le mur au-dessus de mon bureau recouvert de photos animées de mes proches, dont Marie-Astrid, et au milieu, la photo de nous deux au bal qu'il m'avait envoyée.

- Lisez-la si vous le souhaitez, bien qu'elle soit... légèrement abrupte, soupirai-je en me détachant de lui pour aller prendre la lettre et la lui tendre tout en songeant à la carte de Maya Roux que Severus m'avait laissée lire. De toute façon je ne veux rien vous cacher.

Il y eu ensuite un long silence où ses yeux parcouraient la lettre de gauche à droite tandis qu'il marchait en tournant en rond dans mes appartements, sa cape suivant son sillon. Ses yeux bondissaient d'un bord à l'autre en se plissant un peu plus à chaque ligne. À mesure qu'il parcourait les pages, son visage se renfrognait de plus en plus si ça lui en était capable davantage. Il laissa ensuite échapper un rictus en dodelinant de la tête d'un air de dédain. Lorsqu'il leva les yeux, il paraissait dégoûté.

Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant