➖✨Chapitre 5 "Des-ordres et des désirs" : Août 1995

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L'été s'écoula affreusement lentement, et plus la fin des vacances approchait, plus mon cœur trépignait nerveusement de rester sans nouvelles de Severus. Il ne s'était pas passé un jour sans que je ne guette une lettre de sa part. C'était dingue, il suffisait de voir les horribles rêves que je faisais la nuit pour se rendre compte à quel point Severus me manquait. Chaque matin je n'avais pu m'empêcher de jeter des regards anxieux par la fenêtre en guettant le moindre hibou qui pourrait m'apporter du courrier.

Le soir, je fixais le ciel étoilé du rebord de ma fenêtre qui tombait de plus en plus tôt ces derniers temps. L'impression de désespoir qui m'avait accablé tout au long de l'été me submergea à nouveau plus profondément encore. Le mois de septembre approchait, et la rentrée aussi. Peut-être m'avait-il oublié ? Non... Je le voyais très mal m'oublier. Alors quelque chose de dangereux le retenait. J'arpentai ma chambre en tous sens, rongée par la contrariété, en serrant les dents à m'en donner la rage aux dents.

Le reste de mes journées, je faisais au mieux pour essayer de ne pas trop m'inquiéter pour lui. Sinon je savais que j'allais passer encore un mois infernal à me faire du souci. Je m'efforçais alors de ne pas trop penser à Severus. J'aurai bien voulu me distraire en préparant un cours ou alors en peignant un peu. Il n'existait pas meilleur remède pour me changer les idées que de passer de longues heures à peindre. Alors je m'étais amusée à peindre les champs de fleurs colorés aux alentours de ma maison. Mais avec cette histoire du retour de Voldemort, mon esprit était assez tourmenté. Je n'avais réussi qu'à peindre le portrait de Severus en noir et blanc. Je l'avais ensuite accroché sur un mur dans ma chambre d'enfance, là où j'avais grandi. Je contemplais son portrait en souriant en désirant plus que tout le voir en chair et en os. Il me remontait le moral comme s'il était en partie encore avec moi.

Ses bras auraient été, à eux seuls, un antidote à mon inquiétude empoisonnante ; le souvenir de son baiser, un remède à l'espoir inassouvi de le retrouver ; son parfum rassurant, un bouclier contre les tourments ; le timbre redoutable de sa voix frissonnante qui portait pourtant les mots nécessaires pour me rassurer ; et la profondeur de ses yeux bruns velours, le seul miroir dans lequel me je voyais pleinement exister à ma juste valeur.

Par une matinée ensoleillée, au comble du désespoir, un hibou grand-duc se posa sur le rebord de ma fenêtre avec une enveloppe dans le bec. « Marguerite Duchamp – France » avait été simplement griffonné à l'encre. Le hibou secoua ce qui lui restait de plume sur son corps. Il paraissait las, amaigri et déplumé. Mon cœur palpita et j'imaginai alors les pires horreurs et mauvaises nouvelles qui m'attendaient dans cette enveloppe. Je m'empressai de lui ouvrir la fenêtre, lui pris l'enveloppe du bec, puis l'ouvris d'une main tremblante.

C'était une lettre écrite sur une feuille de parchemin légère et frêle, une feuille jaunâtre annonçant l'automne, au parfum de livre ancien, dont les paragraphes rédigés d'une plume oblique, stricte, raide dont on pouvait en déduire la rapidité d'exécution, étaient précautionneusement bien détachés, presque maniaque, cherchant une certaine perfection. Une écriture minuscule et serrée sans fioriture. Si l'on regardait dans le détail, aucune rature, aucune tache, ni aucune faute d'orthographe ne faisait ombre au tableau. J'avais déjà vu cette écriture auparavant dans d'autre circonstance... dans les bulletins scolaires des élèves. Ça ne pouvait que venir d'un enseignant ! Severus ! Je ne savais pas s'il s'était entrainé avant sur un brouillon mais la lettre ne contenait aucune rature. Une marguerite rose avait été glissée dans la lettre pliée.

Ma chère Marguerite,

Pardonnez-moi si je suis parti si vite. J'étais pris par le temps et les évènements... Cela ne remet bien sûr pas à cause toute la sincérité et la qualité de mes sentiments envers vous. J'ai si peu l'habitude de m'exprimer ouvertement que j'ai peur d'être maladroit, idiot et insipide. Mais j'éprouve le besoin que vous sachiez la chance, la fierté et le plaisir que j'ai d'avoir dansé avec vous l'an dernier.

Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant