- Aout 1991

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C'était un chaud après-midi, le dernier dimanche du mois, lorsque je me rendis à Poudlard. De mes yeux émerveillés je scrutais l'immensité du château, reflétant l'immense responsabilité qui m'y attendait. Je pris mon courage et mes valises à deux mains et franchis le pas. Mon visage clair s'illuminait à mesure que je m'approchais de l'entrée tandis que les battements de mon cœur s'accéléraient. Mes boucles d'or dansaient à la paisible mélodie du vent. 

Lorsque je franchis le seuil de la porte du château pour la seconde fois de ma vie, je me sentis toute aussi excitée que l'élève que j'étais autrefois, qui faisait sa toute première rentrée à Poudlard. Je revoyais dans mes profonds souvenirs mes anciens camarades, mes anciens cours, mes anciens professeurs, les meilleurs souvenirs comme les mauvais. Il s'était maintenant écoulé plusieurs années et je n'étais plus cette timide étudiante, mais une femme bien bâtie. Cependant la même excitation mêlée à de l'appréhension s'était emparée de moi. Quel avenir m'attendait derrière ses portes ?

Le château me semblait bien vide à la veille de la rentrée. Il n'y avait pas un chat, ni même un semblant d'élève dans les couloirs. Je m'étais installée dans mon nouvel appartement privé, à un étage du château réservé aux personnels de l'école.

La spacieuse pièce principale qui s'offrit à moi laissait pleinement entrée le soleil dont les murs peints d'un blanc pur réfléchissaient toute sa luminescence en un jaune chaleureux. Une riche ferronnerie, en arc aussi incurvé et ondulé que mes cheveux imitant les fleurs et les feuilles de la nature, me servait ainsi de lustre et de lampe dont le cache formait les pétales d'une fleur.

Décorés dans un style art nouveau, les meubles en bois brut dont je disposais étaient eux aussi librement inspirés des motifs de la nature dont les lignes sinueuses s'enroulaient esthétiquement en spirales. Un tapis aux motifs floraux et aux couleurs chatoyantes arborait le parquet de bois. Des plantes montantes incrustées sous forme d'arc formaient l'âtre de la cheminée. Même la moindre petite poignée de porte en métal rappelait une feuille ou une plante. Ma salle de bain privée reflétait d'un détail minutieux par son carrelage richement ornementé. Des fenêtres aux vitres teintées d'où fleurissaient des décors laissaient sensiblement passer la lumière.

Je me contemplais un instant dans le miroir encadré de tiges dorées enroulées dont une nymphe assise m'y contemplait en souriant. J'étais si grande que je mesurais pratiquement la taille de ce grand miroir. Il ne m'aurait pas fallu un centimètre de plus si je voulais m'y voir entièrement. Je rabattis une mèche blonde derrière mon oreille. J'avais les cheveux mi-long tombant au niveau de mes épaules car je venais de me les faire couper juste avant la rentrée. Mes joues avaient toujours été aussi joufflues et devenaient roses lorsque mes amies s'amusaient à me les pétrir... et mes hanches aussi. Il était vrai que j'avais des rondeurs, j'étais légèrement enrobée. Mais j'aimais tout ce qui tenait au confort matériel et je ne me privais pas de manger. J'étais un véritable pique-assiette. Un peu comme mon chat d'ailleurs. Mais je culpabilisais moins en me disant qu'il y avait pire que moi ! Ah, j'allais oublier, mais j'ai aussi hérité d'un magnifique cadeau génétique de mon père : un nez tordu. Comment pouvait-on dissimuler quelque chose qui se voyait aussi bien que le nez au milieu de la figure ?

Avec tout ça, j'étais sûre de ne pas gagner à un concours de beauté. J'étais au moins gagnante de ne pas perdre de temps à espérer y gagner un jour.  Je n'étais jamais vraiment rentrée dans les normes de beauté standard, j'étais grande et dodue, sans tomber dans l'excessif, mais la répartition poids et taille était à peu près équilibrée, enfin je crois. De toute façon, je détestais tout ce qui était aussi frivole, je préférais les choses concrètes. Je faisais au mieux pour paraître à l'aise dans ma peau en prenant un minimum soin de moi. La seule chose que j'appréciais chez moi, c'était mes yeux. Mes yeux bleu azur lumineux qui m'avaient valu nombre de compliments.

Je me détournais et jetai un œil par la fenêtre. Elles donnaient sur un terrain vague bordé par un lac et plus loin se dessinait la lisière de la Forêt Interdite. Une pièce assez humble mais assez proche de la nature pour me sentir pleinement chez moi. 

Au milieu de tout ça, je me voyais bien accrocher des toiles de différentes tailles, des cadres renfermant une fenêtre sur un autre monde onirique ou simplement des photos de mes proches. Mon bureau se perdait déjà sous un amas de plumes, de pinceaux, de crayons, de livres et de toiles... 

D'ailleurs en parlant de proches, j'étais venue avec Mimine, une minette que j'avais récupérée un jour, abandonné près d'une poubelle qui miaulait. Elle était dotée d'un sacré caractère et pouvait juger n'importe qui de ses yeux jaunes et ne connaissait que moi. Je l'avais appelé Mimine car c'est ainsi que j'avais essayé de l'apprivoiser. Et elle ne répondait qu'à ce nom. Au début elle était assez craintive quand je l'ai ramené à la maison, puis finalement en l'appâtant avec un peu de restant de table, elle s'était laissée caresser. Elle savait s'y prendre pour me réclamer à manger en faisait la fière à se frotter auprès de moi. En tout cas en, en quelques mois j'avais réussi à lui redonner toute la soierie à sa belle robe, un pelage blanc angora. Elle m'en remerciait avec ses ronrons. Comment pouvait-on abandonner une telle beauté ?

Comme tous les professeurs, je disposais également d'une salle de classe attitrée. Mes expériences précédemment acquises avaient fait de moi une professeure pédagogue, à l'écoute de mes élèves, et qui savait transmettre par passion, mes solides connaissances et mon irréprochable talent malgré ma jeunesse. Voilà les compétences que l'on appréciait dans mon travail. J'aimais par-dessus tout mon métier et c'était pour moi un grand honneur que d'être professeure à Poudlard.

Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant