- Octobre 1992

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Au fil des jours et des semaines, je finis par ne plus en tenir compte, tant mes pensées avaient dévié sur autre chose... J'avais commencé la lecture de la biographie du professeur Lockhart. Si lui ne me méprisait pas, il m'idolâtrait, peut-être un peu trop, mais c'était un minimum réconfortant. Aussi ce personnage avait attisé ma curiosité au plus haut point. Il avait don de garder une certaine part de mystère, ce qui le rendait encore plus attrayant et qui me rendait avide de curiosité. J'avais davantage envie de le découvrir à travers la lecture de son livre. Il fallait avouer qu'il avait le don de vous manipuler subtilement rien que pour vous intéresser à ses livres, et à lui par la même occasion.

A sa demande persistante, j'avais finalement cédé en espérant avoir la paix et avais commencé à réaliser le portrait de Gilderoy Lockhart sur une immense toile assez grande pour pouvoir le peindre en entier, en taille réelle, dans toute sa grandeur.

Il m'adressait déjà des regards charmeurs simplement parce que j'avais enfilé mon tablier blanc tâché de peinture et que je commençais à installer mon chevalet devant lui. Son jeu de regard coquin qu'il m'attribuait à chacun de mes gestes était assez déstabilisant mais je n'avais pas l'intention de me laisser impressionner pour ne pas rater mon travail.

En face de moi, sous la projection de la belle lumière chaleureuse du jour, Gilderoy Lockhart bomba le torse, raidit son dos bien droit, leva la tête d'un air fier et afficha son sourire « le plus charmeur élu par Sorcière-Hebdo » en posant avec grâce et virilité ses mains sur ses hanches. Il s'était paré de son plus beau costume ornementé à l'excès aux teintes chaudes assorti à sa chevelure blonde et à son visage rosé, dont la cape trainait derrière lui en lui donnant des airs de duc.

C'était assez drôle de se dire qu'un homme comme lui était capable de poser de longues heures sans bouger, ni être stupéfixé. On aurait dit qu'il avait fait ça toute sa vie : rester immobile. Il était un modèle assez plaisant à peindre.

- Je suis déjà longtemps resté immobile la fois où je me suis retrouvé face un yéti sans baguette magique lors de mon excursion au Tibet. Mais pas immobile de peur ! J'ai réussi à garder mon sang froid, malgré les températures extrêmes. Savez-vous comment j'ai réussi à m'en sortir ?

De temps en temps, Lockhart s'étirait puis passait sa main dans sa houppette pour se la recoiffer ou réajustait son nœud papillon déjà bien droit.

- Pas en ne faisant rien. Non du tout. Je l'ai effrayé avec du feu ! Je lui ai fait un super barbecue avec le poisson que je venais pêcher. Je l'ai épaté avec mes talents de cuisinier. On s'est tenu chaud prêt du feu, on a papoté, on s'est raconté nos vies. C'est comme ça que je suis resté vivre une année avec un yéti.

J'avais passé une journée entière rien que pour prendre les mesures et proportions de ce grand homme, à essayer de lui donner son air de chef tout puissant et à poser quelque aplats de couleurs, puis une autre séance la semaine suivante pour peindre, et enfin, quelques heures supplémentaires pour ajouter les derniers petits détails de son costume. Pour assouvir l'exigence de monsieur, j'avais repeint ses bras de manière à ce qu'il tienne son dernier livre pour montrer la hauteur de son talent d'auteur.

Toc, toc, toc !

Durant mes longues heures de travail, à un moment donné, quelqu'un était venu frapper à ma porte.

- Bonjour mademoiselle Duchamp, je viens vous rendre le livre sur l'Art des Moldus que vous m'avez prêté pour...

Je m'étais retournée sans quitter mon chevalet et vis qu'un élève s'était comme pétrifié sur place avec un ou deux de ses amis.

- C'est vous qui faites ça ?! s'étonna-t-il les mains au visage en contemplant ma toile avec ardeur. Mais... mais... C'est de la magie ce n'est pas possible !

Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant