- Juin 1993

512 29 53
                                    

Un autre jour, le soleil entrait déjà bien par les fenêtres dans la salle. Je vis le professeur Rogue forcer le plant de mandragore à ouvrir grand la bouche pour lui faire avaler une goutte d'un liquide. La plante poussa ensuite un douloureux cri strident, de grande souffrance puis gonfla, gonfla, gonfla. Bientôt des bourgeons, puis oh, maintenant des fleurs s'ouvraient et... des fruits prenaient rapidement forme. Le plant de mandragore continuait de hurler, d'un cri que même le plus sourd des hommes pourrait entendre. Mais visiblement personne avait l'air d'accourir jusqu'à ma salle en se demandant ce qui se passait. Peut-être n'y avait-il plus personne dans l'école ?

- Sectumsempra ! lança soudain le professeur Rogue.

Le plant de mandragore poussa un gémissement d'éviscération comme si on venait de l'égorgée. Le silence revint. Le professeur Rogue était dos à moi, je ne voyais plus ce qu'il faisait. Mais par les cliquetis de verre et les émanations du chaudron, je pouvais facilement déduire qu'il concoctait à présent une énième potion.

Lorsqu'il eut fini, il se retourna face à moi et semblait terriblement éreinté. Il s'approcha de moi, le visage sculpté dans la fatigue, les yeux rouges cernés de poches, les nerfs mis à rude épreuves, on aurait dit qu'il était devenu fou à lier et qu'il allait m'assassiner ou je ne sais quoi. Il leva le poignet et me fit boire le philtre qu'il venait de préparer. Petit à petit, je sentis mon corps parcourir de frissons. Mes jambes, mes bras se désengourdissaient. Je me redressai du lit et m'étirai.

- OH MON DIEU ! QUELLE HOREUR !

C'étaient mes premiers mots à mon réveil en reprenant ma respiration. Sur la table un peu plus loin, dans un bazar sans nom, une tête verte semblable à celle d'un être humain vieilli, toute fripée, voire zombifiée, avec du feuillage en guise de tignasse, tomba du bord de la table par terre dans un bruit gélatineux pas très charmant puis roula jusqu'à moi. De la sève verte, forma une mare de sang. On aurait dit une scène de crime.

- Euh oui, naturellement, j'avais l'intention de ranger, mais je... Mademoiselle Duchamp, attendez ! s'écria le professeur Rogue pour me rattraper.

Mais j'avais déjà pris mes jambes à mon cou pour sortir en trombe de la salle.

J'ignorais où je courrai comme ça, mais, soudain, je tombai en face du professeur Lockhart qui manqua de me flanquer par terre avec ses grosses valises.

- Oh, tiens... m-mademoiselle Duchamp ! railla-t-il enjoué. Comment vous... Vous avez l'air en pleine forme... C'est vous qu'on entendait hurler ?

- VOUS ! le dévisageai-je avec sincère mépris. Vous n'êtes qu'un...

Je tâtais toutes les poches de ma robe à la recherche de ma baguette magique. J'aurais voulu lui lancer un sort pour le stupéfixer, n'importe quoi...

- Un défenseur contre les forces du mal, oui. Bon, là le devoir m'appelle, je suis pressé alors...  Mon comptable vous enverra un chèque. Bonne journée, dit-il précipitamment en tentant de prendre la fuite tout en portant ses valises.

- Vous n'irez nul part...

D'un réflexe, j'attrapai ce qui me passa sous la main, ce fut la broche que je portais dans les cheveux. D'un vif geste, je brandis mon point au-dessus et ma tête et la lui lança tel un frisbee. La broche atterrit sous les roulettes de sa valise. Il y eut un drôle de bruit rugueux au sol. Lockhart tressauta comme s'il avait reçu un croche-patte. Sa valise ne lui obéissait plus. Il la relâcha et disparut au fond du couloir à toute allure. Des pas accouraient à côté de moi.

- Votre baguette, tenez, me dit le professeur Rogue en me la tendant. Vous êtes partie en furie, vous ne m'avez pas laissé le temps de vous la remettre...

Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant