Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébrité

- Juin 1995

A présent, je n'entendais plus rien ni ne voyais aucun regard étrange sur moi. Les gens en étaient venus d'eux-mêmes à la conclusion que le professeur Rogue était quelqu'un de tellement détestable et répugnant que personne ne pouvait ne serait-ce qu'éprouver des sentiments de sympathie à son égard. Je ne ressentais plus le lourd poids du regard des gens peser lorsque je me déplaçais dans les couloirs. Ce que je sentais surtout c'était la chaleur de l'été pénétrer subtilement par les fenêtres dans ma salle de classe. Les teintes de œuvres de mes élèves avaient pris des couleurs chatoyantes. Les journées paraissaient plus longues, mais les heures de cours passaient à une vitesse de l'éclair. 

Ces jours-ci, les élèves étaient très pris entre les examens de fin d'année et préoccupés par la dernière tâche. Les élèves étaient intenables, j'avais vraiment eu du mal à les maintenir concentrés. Ils étaient plongés dans les révisions et à émettre des statistiques sur le vainqueur du tournoi. La fin du trimestre approchait comme la fin de l'année, ainsi que la fin du tournoi.

- Mademoiselle Duchamp, vous serez présente au conseil de classe ?

- Oui, bien sûr.

- Vous pourrez dire qu'on est la meilleure classe et qu'on travaille bien et qu'on a les meilleures notes... ?

- Mais bien sûr... Tout ce que vous voudrez... lançais-je incrédule sur le ton de l'ironie.

Même si je pouvais me sentir enthousiaste à l'idée de pouvoir bénéficier de vacances bien méritées d'ici une semaine, de pouvoir me changer les idées en retournant voir ma famille et mes amies, je ne pouvais m'empêcher de penser à Severus. J'avais envie que l'on se voit cet été. Moi qui partais habituellement en vacances le premier week-end juste après les examens, et ce, à la première heure, je n'avais toujours pas fait mes valises. S'il fallait, j'étais prête à rester à Poudlard jusqu'à la fin juillet avant la pendaison de crémaillère de Marie-Astrid pour rester davantage avec Severus. Ma date de départ en vacances ne dépendait que de lui. Mais je ne savais pas comment le lui dire ni lui faire comprendre. Son travail avait l'air de lui prendre tout son temps, son esprit et son énergie. Les vacances semblaient être un sujet de dissertation qu'il redoutait. C'était un grand bosseur solitaire et je n'osais pas le déranger au risque de passer pour une de ces filles superficielles qui faisaient passer leurs lubies avant leur travail. S'il pouvait seulement lire dans mon esprit juste un tout petit peu, ça m'aiderait... Quand le tournoi sera terminé je lui en parlerai.

La fin de l'année avait été bien longue et lointaine comme une oasis inatteignable dans un désert. J'avais entouré avec rouge la date de la dernière épreuve sur mon agenda et, chaque jour, je faisais le décompte. Quand le jour fut enfin arrivé, c'était le grand soulagement pour une bonne partie des élèves et des professeurs. Chacun avait maintenant l'esprit de disponible pour se concentrer sur les encouragements à produire pour les champions.

C'était incroyable tout ce monde qui était venu à Poudlard pour voir la dernière épreuve. J'avais ainsi compris la réelle importance de ce tournoi dans la communauté des sorciers. Des gens venaient du monde entier rien qu'à les entendre parler français et bulgare. Il y eut un grand festin, où je fus trahie par mon appétit dévorant. Cornelius Fudge, notre ministre, était là. Je sentais en moi une certaine pression. La dernière fois que je l'avais vu à Poudlard, il humiliait Severus pour avantager le professeur Lupin. Et je ne savais pas s'il avait été au courant de l'article proliféré dans la gazette à mon sujet, et s'il l'avait été, quel pouvait être son avis... Tout compte fait, je ne préférais même pas le savoir.

Après le repas, les préfets de chaque Maison s'étaient rapprochés de l'estrade où se tenait la Grande Table des professeurs pour faire l'appel devant le lutrin de Dumbledore. Je vis que Severus avait mis ses élèves en rang. Tout le monde sortit ensuite du château puis gagna le terrain de Quidditch où devait avoir lieu l'épreuve. Le terrain qui ressemblait davantage à un labyrinthe plus qu'un terrain de sport. Le soleil brillait encore un peu au loin lorsque je suis montée dans les gradins. Un air paisible et chaud me caressait agréablement le visage.