Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébrité

- Octobre 1993

Plus tard, j'étais allée trouver la salle de défense pour m'excuser auprès du professeur Lupin et m'assurer que ses cours se déroulaient bien. Je lui avais assuré que je n'aimais pas prendre parti, que ce n'était pas contre lui que je rigolais mais plutôt pour la façon dont les choses s'étaient présentées... Mais celui-ci ne semblait pas m'en vouloir, pas le moins du monde. Il trouva même à excuser le professeur Rogue pour son comportement. A l'entendre, on aurait même dit qu'il avait pitié de lui. Il m'assura que ce dernier avait des raisons personnelles bien à lui et que la vie était ainsi faite, qu'il ne fallait pas l'écouter... Je restais tout de même assez perplexe.

- Hihihi ! Décidément, je ne le verrai plus de la même manière !

- Il n'a pas besoin de déguisement à Halloween pour faire peur ! entendis-je se moquer un élève à haute voix en sortant du cours de défense. Rogue déguisé en lui-même !

- Ah ! Rogue déguisé en détraqueur ! Excellent déguisement ! Ah ! ah !

- Un détraqueur qui viendrait te hanter pour te faire un bisou ! Un bisou de Rogue ! Beeeuurk !

- Te sucer le sang plutôt ! Vous êtes sûr que ce n'est pas un vampire, les gars ? Il ne se regarde jamais dans un miroir et il y a des trucs trop bizarres dans son bureau... Ça se trouve il boit du sang d'élève au petit déjeuner et on ne le sait même pas ! Rien qu'à voir la tête des premières année qui sortent de son cours...

Dans une démarche titubante, l'élèves s'amusait à jouer le zombi, les bras tendus devant lui en faisant de grimace et en louchant des yeux.

Intriguée, j'eus rapidement vent d'une petite plaisanterie qui avait eu lieu dans le cours de défense contre les Forces du Mal, avec le professeur Lupin, à propos du professeur Rogue qui avait été ridiculisé en incarnant la peur vivante des élèves : un épouvantard avait pris son apparence déguisé en mamie. Ca avait fait le tour de tous les couloirs. A ces suites, ce dernier était devenu particulièrement irritable, car ne partageant pas cette humiliation, semblait détester plus que jamais le professeur Lupin.

- Ne vous en faites pas, professeur... avais-je dit un jour au professeur Rogue lorsque je l'avais croisé à la salle des professeurs, sur un ton compatissant en tentant d'être aimable. Je suis sûre que ce n'était pas fait exprès. Nous ne sommes qu'en début d'année, ce sera vite oublié. On ne peut pas être apprécié par tous de toute façon.

- Et c'est vous qui dite cela ?! Vraiment c'est un comble ! me réprimanda-t-il sèchement. Vous qui semblez être idolâtrée par vos élèves, cela ne risque pas de vous arriver à vous au moins ! Vous semblez ignorer ce que cela peut faire ! Vous ne pouvez même pas ne serait-ce qu'imaginer !

- Oh non, détrompez-vous... lançais-je amèrement.

- Vous manquez cruellement de fierté pour vous en rendre compte par vous-même, vous êtes beaucoup trop modeste !

Il était vrai que tout portait à croire que j'étais plutôt bien considérée par mes élèves, avec certain respect, et je n'avais pas besoin de me montrer méprisable envers eux pour parvenir à me faire entendre.

- Qu'est-ce que cela peut bien faire au final ? Pour une fois que nous avons un professeur à peu près normal pour cette matière, pourquoi faut-il toujours que vous dénigrez sans cesse vos collègues et vos élèves ? Ça ne date pas d'hier !

Il se rapprocha aussitôt de moi d'un bond menaçant comme s'il allait me dévorer crue en une bouchée, à tel point de me faire regretter d'avoir ouvert la bouche, son regard aussi noir que ténébreux appuyé par ses lourds sourcils épais :

- NORMAL ?! aboya-t-il tel un chihuahua hargneux. Votre naïveté vous rend-elle donc aveugle, mademoiselle ?! Il sera trop tard lorsque vous aurez ouvert les yeux et que vous vous rendrez compte que les apparences s'avéraient être trompeuses ! Ce sera l'antidote nécessaire à votre ignorance, si vous... serez seulement en vie pour vous en rendre compte par vous-même ! Vous êtes tout aussi souriante qu'ignorante ! Vous auriez rigolé comme tous les autres, faux-jetons comme vous êtes ! Alors cessez de jouer les bons samaritains pour vous mettre toute l'école dans la poche !

- Je vous demande pardon ?! haussai-je le ton en ayant perdu complètement mon sourire. Je comprends que les élèves vous craignent à ce point. Vous êtes méprisant, et pire que ça, vous êtes diaboliquement condescendant !

- Ce ne sont que des enfants qui ne font que de se plaindre et gémir ! Alors que vous, vous êtes...

Il retint soudain son souffle et me dévisagea obliquement de haut en bas d'un air hautain, le regard assassin, cherchant la moindre critique, les mains appuyées sur la table.

- Qu'est-ce que je suis ?! insistais-je sèchement en fronçant méchamment les sourcils moi aussi.

Il y eu un silence où il me scrutait avec mépris.

- J'aurais dû vous laisser pétrifiée pour ne pas avoir à supporter vos reproches stériles ! répondit-il plus lentement entre ses dents serrés sans plus hausser le ton. Cela m'aurait fait des vacances supplémentaires... ajouta-t-il froidement en se redressant.

- Allons, allons, du calme Severus, l'interrompit Dumbledore en lui tapotant l'épaule avant qu'il ne disparaisse soudain dans un retournement de cape arrogant, l'air agacé.

Dumbledore se rapprocha de moi.

- Il est vrai que le professeur Rogue a des raisons de suspecter certaines choses... dit-il d'une voix toute douce.

- Et bien qu'il le dise tout haut au lieu de faire cavalier seul et d'être aussi... méprisant !

- Il m'a fait part de ses inquiétudes, n'ayez crainte Marguerite. Ne soyez pas aussi ferme avec ce brave Severus. Gardez bien en tête qu'il vous a tiré d'affaire l'an dernier en mon absence...

- Il est buté, ce n'est pas croyable... balbutiais-je en reprenant mon travail.

Le professeur Rogue, inquiet ? C'était drôle à entendre. Suspecterait-il le professeur Lupin d'avoir un lien avec le meurtrier recherché, le partisan de Voldemort ? Je ne savais plus comment cerner ces deux hommes : le professeur Rogue avec son comportement ambiguë et indéchiffrable face au professeur Lupin qui me paraissait tout à fait convenable et fiable. J'avais de plus en plus l'impression que le professeur Rogue gardait un œil calculateur sur moi comme s'il suspectait que je défende naïvement et inconsciemment le professeur Lupin.

« Quelqu'un va essayer de vous manipuler... Fermez votre cœur, ouvrez votre esprit ». Cette folle devait sans doute raconter n'importe quoi pour me faire peur, tout comme Rogue !