Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébrité

- Janvier 1994

- Il y a un chien blessé ! m'écriai-je alarmée en entrant tout à coup dans la salle des professeurs. Quelqu'un sait comment peut-on soigner les blessures d'un chien ?

Il y eut un silence colossal dans toute la salle. Chaque visage des profs me fusillait du regard.

- Un chien ? Etes-vous sûr de ce que vous dites ? se retourna soudain le professeur Rogue. Ne confondez-vous pas plutôt avec un loup-garou ? Auquel cas il vaudrait mieux relâcher cette créature si nous voulons éviter des dégâts considérables au sein de Poudlard... continua-t-il sur le même ton doucereux.

- Non, je vous assure que c'est un chien ! insistai-je. Venez voir par vous-même je l'ai attaché à l'entrée du château !

Le professeur Rogue me dévisagea de ses yeux noirs un instant puis consentit enfin à me suivre. Je m'arrêtai remplir un pot d'eau et pris des biscuits dans une boite qui trainait près du service à café.

- Faites simplement attention il est légèrement craintif, lui signalais-je.

Arrivés devant la voute de l'entrée, le chien eut un affreux mouvement du recul appuyé fébrilement sur son arrière-train ensanglanté lorsqu'il nous vit arriver. Il se mit à grogner puis aboyer à grande gueule ouverte, en s'agitant.

- En effet, dit le professeur Rogue. C'est un chien. Et blessé, cela ne fait aucun doute.

- Pouvez-vous le soigner ?

- Je le pourrais, mais je ne le ferais pas.

- Pourquoi ?! m'irritai-je en m'interposant face au professeur Rogue qui se détourna.

- Quand bien même je le voudrais, ce chien ne se laissera pas faire, c'est évident. Je ne tiens à me faire mordre par une stupide bestiole qui sort dont on ne sait où...

- Alors dites-moi comment faire, insistai-je en lui apposant mes mains sur ses poignets pour le retenir. Moi il me laisse l'approcher.

Le professeur Rogue m'adressa un sombre regard en silence, tandis que je scrutais le chien qui avait des énormes griffues à plusieurs endroits, on aurait dit qu'il s'était battu.

- S'il vous plait...

- Votre baguette, dit-il soudain d'une voix calme avec un mauvais sourire en repoussant mes mains. Saisissiez-là. Doucement. Au-dessus des plaies. Voila. Citez l'incantation suivante : « Vulnera Sanentur ». Je vous préviens, vous n'y arriverez pas du premier coup. J'ai mis des mois à mettre au point ce sortilège. « Vulnera Sanentur » répétait-il lentement en partant dans un retournement de cape.

A chacune de ses paroles je m'étais exécutée accroupie au-dessus du chien blessé. Mais plus je répétais l'incantation, moins elle n'avait de sens à la prononcer et plus le chien semblait s'exciter davantage au point de finir par rompre le lien qui le tenait attaché par ses crocs acérés. D'une soudaine bourrade, il renversa la gamelle d'eau sur ma robe avant de disparaitre à toute allure en claudicant. Ma baguette en main, j'ignorais pourquoi je m'étais abstenue de lui lancer un sort pour le stupéfixer. Je n'étais de toute façon pas une guérisseuse.

- Mademoiselle Duchamp ?

Je regardai par-dessus mon épaule et vis le professeur Lupin qui apparut dont on ne sait où dans la pénombre de la cour.

- Que faites-vous dehors à une heure pareille ?

Je me relevais, la robe trempée, et fus toute aussi étonnée de le voir que lui. Je lui expliquai la situation tandis qu'il me raccompagna jusqu'au château sous sa bienveillance. Je lui fis voir mon croquis du chien que j'avais tantôt esquissé dans mon carnet. Ce fut à la lumière du château que je remarquai alors que ce dernier avait une balafre en plein milieu du visage.

- Oh mon dieu, professeur... votre plaie... prononçais-je une main sur la bouche. Vous devriez aller voir le professeur Rogue ou madame Pomfresh...

- Ce n'est rien... c'est juste...

- Tiens, tiens, monsieur Lupin... Vous alliez faire une promenade au clair de lune c'est bien cela ? lui lança le professeur Rogue qui passa vers nous.

Son visage pâle éclairé par sa baguette magique, Rogue lâcha un rictus en jetant un œil réprobateur au professeur Lupin.

- Peut-être que c'est un Sinistros que vous me montrez là, m'annonça-t-il soudain en ignorant Rogue. Auquel cas il faudrait être très prudent. Ce n'est pas bon signe. Ne trainez pas dehors, mademoiselle.

- Vous bien sûr, vous en connaissez tout un rayon sur les créatures de ce genre, n'est-ce pas Lupin ? s'enquit soudain Rogue d'un ton doucereux.

Je lui adressai un regard noir avant de prendre le chemin de mes appartements en les laissant tous les deux. Peut-être que je n'aurai pas dû. Mais Rogue m'agaçait une fois de plus.