- Décembre 1995

496 19 60
                                    

La neige s'entassait contre les fenêtres du château à présent, tout comme les piles d'exercices de mes élèves qui s'entassaient sur mon bureau. L'année touchait à sa fin comme le premier trimestre et je me devais de rentrer les notes dans les bulletins des élèves pour que Dumbledore puisse les envoyer par hiboux aux parents. Des élèves, notamment un petit groupe de première année sollicitait mes talents pour des idées de décorations de Noël mais je n'avais pas du tout l'esprit à cela pour l'instant, tant que le trimestre n'était pas bouclé. La date buttoir approchait et j'avais déjà tout planifié. Rien ne devait interférer.

Heureusement, le comportement de Maya Roux avait changé envers moi rien qu'à en juger le regard sombre qu'elle m'attribuait et à Severus aussi désormais. Elle avait perdu de sa superbe. Elle n'était plus préfète. Il parait que c'était la première fois depuis des décennies dans l'histoire de Poudlard qu'on avait dû changer de préfète en cours d'année. Pansy Parkinson avait pris sa place. Un jour Maya s'était même mise à pleurer dans mon cours en prétendant qu'Ombrage la faisait souffrir dans son bureau le soir et qu'elle regrettait de tout son être... Et pour illustrer ses propos, elle me montrait sa main rouge dont une cicatrice était entaillée au dos. La blessure était si large et profonde qu'elle n'arrivait même plus à tenir un crayon. Ou du moins, elle faisait semblant. Elle jouait si bien la comédie, que j'ai bien failli me laisser avoir et compatir devant son énième jeu théâtral. Soit elle n'osait plus ou ne savait simplement pas que Severus était en capacité de la soigner. Je tenais précieusement ce secret pour moi.

Par ses cernes prononcées en forme de poches sous ses yeux rouges, je compris que Severus travaillait tard le soir pour rattraper ses heures de travail personnel qu'il ne pouvait pas assurer quand il s'absentait les week-ends. Il travaillait jusqu'à l'épuisement pour arriver à finir le trimestre. Si je n'allais pas le voir moi-même dans sa salle de classe après les cours, il ne sortait jamais prendre l'air ni ne prenait pratiquement aucune pause lors des récréations. Il ne carburait qu'au café certain jour.

Le peu de fois où il sortait vraiment pour s'aérer l'esprit des devoirs, c'était pour les missions secrètes que lui confiait Dumbledore le week-end. Il devenait comme hermétique, ne voulait rien me dire et restait muet comme une tombe dès lors qu'il s'agissait d'aborder le sujet. C'était secret d'état. Je me taisais alors pour ne pas l'offenser mais je savais que c'était là la source de son épuisement. Il n'était pas nécessaire de le connaitre par cœur pour voir qu'il n'était jamais en pleine forme ni d'excellente humeur les lundis matin. Certain pensait alors avec sarcasme qu'il avait hâte de revoir ses élèves préférés. Mais les jeunes élèves de première et de deuxième année qui avaient déjà la traquette d'aller en cours de potions, semblaient aller au cours à reculons en se dopant en courage.

Je ne savais pas si mon aster était lié à l'état émotionnel de Severus, mais il semblait un peu flétri et échevelé. Un soir de semaine, à ma grande surprise, alors que j'étais descendue dans les cachots pour le retrouver bien après les cours, je vis qu'il était immobile, ses mains plaquées sur le visage. Des auréoles humides étaient formées sur son bureau. Et en relevant les yeux pour suivre le flux liquide, je réalisai avec étonnement qu'il était en train de pleurer, accoudé à son bureau. Un peu déconcertée, j'étouffais un hoquet de surprise et j'allais pour le réconforter en le prenant dans mes bras sans mot dire, et en essayant d'étouffer ses sanglots dans mon étreinte. Il n'eut pas d'autre choix que de verser son flot de larmes dans mes bras. Mais à travers ses sanglots je comprenais qu'il disait :

- Tout est de ma faute... Depuis le début... Si je ne fais pas tout ça... Elle serait perdue à jamais... pour rien...

- Non Severus, rien est de votre faute... Je suis là... tentais-je de le rassurer en lui frictionnant le dos de toutes mes forces. On va se battre... contre Ombrage... le ministère... Vous-avez-qui...

Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant