Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébrité

- Février 1995

Ces jours-ci comptèrent parmi les pires que je n'avais encore jamais passé à Poudlard. Les ricanements des élèves circulaient dans les couloirs à la vitesse d'une pandémie depuis la publication de cet article dans le journal. C'était encore pire du temps où Severus me méprisait et que mes collègues me poussaient à sortir avec Lockhart, ce gros dragueur.

- C'est pour ça que Rogue n'était jamais là quand il avait cours avec nous ! Il nous donnait la potion du jour et partait tranquillement se balader dans les couloirs en prétextant chercher des ingrédients dans son bureau... Et à chaque fois, il revenait les mains vides. Parfois il raboutonnait sa manche...

- Bah oui, il passait plus de la moitié du cours hors de la salle... pour la retrouver en douce. Il n'avait jamais fait ça les autres années.

- Taisez-vous la prof arrive !

Toutes les têtes s'étaient tournées vers moi. Les élèves commençaient à s'éloigner le plus possible de moi, comme si j'étais atteinte d'une grave maladie répugnante et contagieuse. Des petits rires déplaisants retentissaient derrière moi à mon passage. Certains chuchotaient, la main devant la bouche. Si seulement ça s'arrêtait au seuil de la porte de ma classe... Mais les élèves parlaient à messes basses dans mon cours en pouffant de rire pour me médire.

- Je parie qu'ils étaient encore ensemble, marmonna une élève. Je me demande vraiment ce qu'elle peut lui à trouver à Rogue !

Je passais alors mon temps à faire la police et à enlever inutilement des points, ce qui me faisait perdre du temps dans mon cours.

Je ne savais plus par quelle force surhumaine j'arrivais encore à me lever le matin pour les affronter. Dans certains de mes cours, il régnait une tension. Le cours de cet après-midi suffit à en apporter la démonstration. Les élèves me dévisageaient alors que j'étais en train d'expliquer comment dessiner les proportions du corps humain avec des livres d'art, ce qui ne les empêcha pas d'éclater d'un rire dans mon dos. Les élèves sous-entendaient des choses à voix basse. C'était assez invivable et immature de leur part.

- Aller là ! On peut pas bosser, s'énerva une élève.

- Merci ça fera 5 points de plus à Gryffondor.

Tout le monde se tut enfin.

Lorsque je me déplaçais dans les couloirs, je subissais sur mon passage toute sorte de commentaire. Je m'étais alors construite une sorte d'armure mentale qui m'aidait à tenir la tête droite et à avancer. Mais j'étais tellement fermée sur mes propres pensées que je ne pus éviter Karkaroff de me foncer dedans. La collision avait été si forte que j'avais été décoiffée au passage.

- Oh, regardez elle se fait belle pour Rogue, s'exclama une élève tandis que je me recoiffais.

Leurs conversations, leurs rires, leurs plaisanteries... Ils ne manquaient pas d'idées et d'imagination. Si seulement j'avais le soutien de mes collègues, peut-être que j'aurais pu dédramatiser, mais personne ne levait les yeux quand j'entrais dans la Grande Salle pour m'assoir à la Grande Table. Il y avait décidément quelque chose de bizarre dans le sourire des gens quand ils me voyaient : on aurait plutôt dit une grimace. Ils m'attribuaient tous des regard de travers. Les têtes se tournaient sur mon passage et des chuchotements me suivaient partout jusque dans le moindre de mes gestes. Ma voisine de table se pencha vers moi et porta sa main à la bouche de manière à me murmurer un secret :

- C'est excitant de sortir avec un Mage Noir ?

Et depuis, c'était l'hécatombe. Les gens m'appréciaient en règle générale mais là, une sale réputation se bâtissait d'elle-même autour de moi. On me désignait du doigt pour me coller l'image de bouche-trou, de racoleuse, de gourgandine ou de fouille-poubelle, de... Je n'osais même plus dire les mots tellement je me sentais blessée. Rien que d'imaginer ce que pouvait penser les gens à mon sujet me donnait la nausée.