- Mai 1995

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- Mademoiselle Duchamp ! Allez-vous me blâmer encore longtemps ?!

Ce soir-là après les cours, j'étais en train de ranger le joyeux petit bazar qui s'était accumulé sur mon bureau au cours de la semaine, quand un claquement de la porte de ma classe m'avait faite sursauter. Je n'avais jamais vu Severus autant en colère et sur les nerfs. Il surgit précipitamment et entra dans ma salle d'un pas conquérant. Il tapa sèchement les mains sur mon bureau d'un geste bruyant et violent. Je lui adressai alors un regard persécutant.

- Chut ! lui soufflais-je en insistant d'un doigt sur mes lèvres.

- Qu'est-ce qu'il vous faut donc de plus ?! continua-t-il de vociférer. Des fleurs, des chocolats ?! Une invitation à un diner romantique dans un restaurant grand luxe peut-être ?!

- Taisez-vous, professeur ! lui dis-je sèchement en faisant un signe de tête pour l'inciter à regarder derrière lui.

- Et n'allez pas me sortir l'excuse bidon du fiancé, je ne vous croirais pas ! Ou alors je...

- Mais allez-vous donc vous taire ?!

Il jeta un œil par-dessus son épaule puis m'adressa un regard de stupeur dont les yeux ronds exorbitaient comme deux grosses billes exprimant l'ahurissement. Un élève retardataire galérait en silence à ranger ses affaires au fond de la salle qu'il semblait avoir ignoré. Severus s'était figé sur place, comme pétrifié d'embarras dans un mutisme étourdissant, telle une carpe, les lèvres pincées.

- Est-ce... un cadeau en retard pour mon anniversaire que me proposez-là ?

- Hm... je... oui. Votre quoi ? Mais non enfin, pas du tout, je... hm... balbutia-il d'une petite voix, très nettement mal à l'aise, les épaules droites dans sa tenue de sorcier irréprochable.

- Et bien, professeur, quel tact ! Quel humour vraiment, souriais-je. Puisque c'est demandé avec tant de délicatesse, je ne serais peut-être pas contre une queue de fleur finalement, lançais-je sur un air de plaisanterie sans lui adresser le moindre regard. Qu'est-ce que vous me voulez alors ?

- Hm... Discuter. Entre collègue... D'une affaire très sérieuse.

J'ai bien failli exploser de rire, mais je m'étais détournée en continuant de ranger mes affaires comme pour meubler l'atmosphère en attendant que l'élève se décide enfin à sortir. Je remarquai soudain qu'il y avait un article de journal posé sur mon bureau. « Un jeune couple assassiné dans leur maison : Vous-savez-qui anéanti ? » L'article datait de novembre 1981 avec la photo d'une femme rousse...

La porte de ma salle claqua à nouveau dans un bruit sec. Je levai les yeux et vis que l'élève avait disparu. Severus était toujours là à me scruter de son regard noir avec obstination penché au-dessus de mon bureau après avoir rangé sa baguette magique.

- Ce que vous pouvez être brutal et... violent, Severus, comme votre père ! m'indignais-je.

- Jamais je ne serai violent vers vous, Marguerite ! Jamais ! tonna-t-il aussitôt furieusement.

- C'est ce qu'ils disent tous...

Je me détournai de lui en ne dédaignant toujours pas l'écouter, bien décidé à ne pas lever les yeux vers lui.

- Je... je suspectais Karkaroff d'avoir pris votre apparence afin de me subtiliser mes ingrédients, dans le but d'en faire... un remède, reprit-il douloureusement en apaisant sa voix.

- Vous suspectiez que c'était Karkaroff devant vous ? Et vous étiez prêt à embrasser un potentiel imposteur en guise de subterfuge pour le faire avouer ? m'étonnais-je fronçant les sourcils. C'est ridicule.

Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant