Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébrité

- Février 1994

La Saint-Valentin s'était pointée un jour frileux de semaine. On devait tous s'habiller en rouge ou en rose pour célébrer cette fête. La plupart des élèves s'y prêtait bien en général. Les professeurs qui jouaient le jeu avaient accroché un petit cœur en papier rose sur leur chemise. Moi j'estimais qu'avec ma robe pourpre je rentrais déjà dans le thème et qu'il était inutile d'en rajouter. Il n'y avait que le professeur Rogue qui était resté habillé en noir. Il avait lancé un sarcasme en faisant allusion à la couleur de l'amour au sang. On aurait dit qu'il était d'humeur massacrante... Quant au professeur Lupin, il vantait les bienfaits du chocolat face aux détraqueurs.

- Il parait que celui qui en boit à envie de t'embrasser direct !

- C'est surement dû aux émanations nacrées qui rendent fou amoureux, disait une autre élève. On a beau mettre les mêmes ingrédients dans ce philtre d'amour, chacun y sent quelque chose de différent et d'attirant. Personnellement, mon odeur préférée c'est le chocolat fondant...

Les deux jeunes filles éclatèrent de rires avant de rentrer dans mon cours.

Tout le monde semblait parler d'amour. Il y avait même une petite urne prévue mise à disposition des élèves pour qu'ils puissent écrire des petits messages d'amour et d'amitié anonymes. Des élèves volontaires avaient ensuite ouvert l'urne le soir même puis affiché les petites lettres sur le mur d'entrée dans la Grande Salle. Il y avait attroupement d'élève pour les lire et pour essayer de deviner qui les avait écrites à qui. C'était assez drôle.

- Alors, ce chien ? me demanda quelques jours plus tard le professeur Rogue lorsqu'il me croisa en salle des professeurs à une pause.

- Euh... il s'est échappé. Je ne sais même pas si j'ai réussi à ne serait-ce qu'arrêter l'hémorragie.

Il lâcha un rictus subtilement méprisant si bien que je lui adressai un regard de mécontentement en échange.

- Je vous l'avais dit.

- Vous avez réellement réussi à mettre au point un sortilège ? Je veux dire, c'est vraiment possible d'inventer ses propres sorts ?

Silencieusement il plissa ses yeux et m'adressa un air perplexe en haussant les bras, avant de prendre sa tasse de café sur la table. D'un coup de baguette magique, sa tasse s'emplit de café. Il en but une gorgée.

- Tout est possible lorsque l'on a un brin de jugeote. Mais ce n'est pas donner à tout le monde. Encore faut-il savoir faire fonctionner correctement ses neurones. C'est loin d'être aussi simple pour certaine personne... Et vous seriez surprise de savoir l'âge que j'avais quand j'ai découvert ce sortilège.

- Vraiment ? m'étonnais-je. Dites-moi un chiffre pour voir.

- Disons... entre zéro et trente-quatre.

Il but une autre gorgée de sa tasse de café tandis que je le dévisageai un instant.

- A tout hasard, la moitié : 16 ans ?

- C'est qu'elle est forte en devinette en plus, dit-il avec fierté en esquissant un sourire.

- Alors, j'attends de voir la preuve que ce sortilège fonctionne pour être surprise.

- Oh, mais je n'ai absolument rien à vous prouver, dit-il tranquillement. C'est un sortilège complexe qui nécessite concentration, persévérance et suffisamment d'énergie mentale, surtout avec des plaies aussi profondes.

- Et vous bien sûr vous, vous êtes un génie, lançais-je avec ironie.

- Si vous le dites... lâcha-t-il dans un rictus. Ce n'est pas le mot que j'aurais employé.

Un étrange sentiment s'empara de moi. Fort, c'était plutôt le mot que j'aurais employé pour qualifier son intelligence plutôt que mon simple esprit de déduction. Le professeur Rogue débordait irréfutablement de connaissances et je demeurais curieuse face à son savoir. Son intelligence retint ma curiosité.

- En quelle année êtes-vous sorti diplômé de Poudlard, professeur ?

- Pourquoi me posez-vous une telle question ? s'étonna-t-il en sirotant son café.

- Par curiosité j'imagine.

- Cela doit faire seize ans, ajouta-t-il après un silence.

Je demeurai silencieuse un temps moi aussi.

- Oh ! Je suis sortie de Poudlard il y a tout juste dix ans précisément. Ce qui veut dire... Lorsque vous étiez en 7ème et dernière année, je venais de rentrer en première année et vous alliez passer vos ASPIC, dis-je l'instant d'après être restée bouche bée.

- C'est fort probable, puisque c'est étrangement en 7ème année qu'ont lieu les ASPIC, sourit-il avec une once de fierté dans le ton.

- Je ne me rappelle pas vous avoir croisé, ne serait-ce qu'une fois en l'espace d'un an.

- Poudlard est grand vous savez, les élèves sont nombreux, les gens changent, grandissent, évoluent... Et comment aurions pu nous rencontrer alors que nous n'étions pas de la même maison ?

- C'est vrai, j'oubliais ce détail. Il est vrai que nous étions nombreux dans les maisons, je peinais à me souvenir de tous mes camardes, alors comment est-ce que j'aurai pu me souvenir des élèves de Serpentard ? Je me suis dit que peut-être par hasard on aurait pu se croiser dans un couloir, étant donné que les salles communes se trouvent toutes deux au sous-sol.

- Vous êtes bien optimiste. Je me fichais éperdument des premières années, encore plus des Poufsouffle si vous voulez savoir, lâcha-t-il dans un rictus. Alors de savoir que je vous ai croisé ou non, cela m'est complètement égal. Vous n'avez qu'à demander ça à Lupin, il a une mémoire d'éléphant et fréquentait bien les Poufsouffle.

- Quoi ? Attendez, vous voulez dire que... le professeur Lupin et vous...

Mais la cloche avait déjà sonné. Il était déjà l'heure de rejoindre nos salles de classe.