- Janvier 1992

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La semaine de cours qui suivit les vacances avait un goût amer. J'avais du mal à reprendre le rythme soutenu de l'emploi du temps les premiers jours, et mes pensées ne cessaient de diverger sur mes amies d'enfance que j'avais vu à Noël et que je n'avais pas revues depuis l'été dernier. Elles n'avaient eu de cesse de souligner leur vie, visiblement plus brillantes que la mienne. Auror au ministère de la magie, Marie-Astrid profitait des avantages de son travail pour jouir des bienfaits et des choses nouvelles qu'offrait le monde des moldus. Elle ne cessait de vanter les mérites de ces êtres dépourvus de magie. Elle m'avait également présenté son fiancé, un sorcier aussi pur qu'elle. Marie-Astrid avait visiblement eu plus de succès auprès de la gente masculine que moi.

Marie-Astrid était en quelque sorte mon clone en amélioré. Elle était tout aussi blonde aux yeux bleus que moi, à l'exception que ses cheveux lui obéissaient par leur extrême raideur. Ils ne faisaient pas leur rebelle comme les miens qui frisaient et s'emmêlaient plus qu'il ne l'était au moindre signe d'humidité. Mais contrairement à moi elle, elle était plus ouverte aux autres, plus bavarde et surement plus intéressante. Elle savait au moins ouvrir grand la bouche lorsque la situation l'exigeait. J'étais peut-être émotive comme me l'a fait remarquer le professeur Trelawney, mais Marie-Astrid était hyperémotive. C'était une sorte d'amplificateur d'émotions vivante, mais très compatissante envers ses proches. Certainement dû au fait qu'elle avait un mystérieux septième sens qui guidait ses intuitions.

Tandis que mon autre amie, Magalie, mère célibataire semblait malgré tout être au comble du bonheur à tous les niveaux.

De sa petite taille, elle était dotée de boucles brunes. Magalie était capable de raillerie, d'ironie et n'hésitait pas à défendre ses intérêts en étant particulièrement virulente avec quiconque se mettrait en travers de son chemin. Elle savait se contenter de peu pour être heureuse et semblait être une bonne mère pour son fils unique Liam. C'était une femme très sympathique et très avenante, une sociabilisation sans limite. Peut-être était-ce dû à sa certaine séduction qu'elle avait fini par donner vie à un enfant, mais peut-être son fort caractère avait tendu à la rendre mère célibataire. Elle était déterminée et savait ce qu'elle voulait. Si vous ne faisiez pas parti de ses ambitions, ce n'était pas la peine d'insister. Elle préférait en effet vivre seule que mal accompagnée. Mais elle avait un grand cœur et avait le sens de la famille, du partage, de bonnes valeurs morales.

Il faut dire que Magalie faisait régner un certain équilibre entre Marie-Astrid et moi. Elle était très sociable, et enfant, elle jouait le rôle de porte-parole à la cour de récré. En même temps elle était un peu plus âgée que nous de quelque mois, et endossait plus facilement certaines responsabilités ou maturité. On était un sacré trio dans notre enfance. Le trio des « Ma ». Toutes les deux étaient restées vivre en France, tandis que j'étais partie étudier puis travailler à Poudlard. Cependant, Marie-Astrid et Magalie s'étaient rejointes pour appuyer le fait, qu'en dehors de mon travail, ma vie était plate et vide comme un désert. Je n'avais pas l'ombre d'un prétendant en vue, ni un vrai appartement où les inviter à prendre le thé, si ce n'était chez ma mère, dans ma maison de campagne à des kilomètres en France.

Le brouha des élèves qui retentissait devant ma salle de classe me sortit soudain de mes pensées.

Le soir il m'arrivait de traverser les couloirs du château, mon chat dans les bras, afin de le mettre dehors. Un chat a tendance à vouloir sortir à n'importe quelle heure de la nuit. Les couloirs étaient sombres et calmement vides ce soir-là. Il faisait très froid, et à l'heure qu'il était, tout le monde devait être dans sa chambre en train de dormir. Le bruit de mes pas résonnait en écho, quand soudain, je fus interpellée par quelques bribes d'une conversation un peu plus loin. Plus j'avançais, plus les paroles semblaient s'éclaircir.

- Je... je... n'en sais rien... J... je ne suis pas sûr de...

On aurait dit le bégayement du professeur Quirrell qui semblait étrangement affolé. J'ignorai bien à qui il pouvait parler. Cependant la froide intonation de la voix adverse me rappelait vaguement celle de... Un « Boum » venait de surgir.

- Non mais lâchez-moi, Severus ! s'écria Quirell d'un air victimisé.

- Vous ne voulez pas que je sois votre ennemi, Quirrell !

- J... je ne vois pas où... v... vous voulez en v... venir.

- Vous savez parfaitement ce que je veux dire... Et il vaudrait mieux pour vous de savoir dans quel camp vous êtes !

Un camp ? Quel camp ? Son poste ! Il voulait lui prendre son poste de professeur en défense contre les forces du mal ! Rogue le menaçait pour l'obtenir ! Quel monstre odieux ! J'eus soudain le souffle court. Crispée, mon chat s'échappa brièvement de mes bras et bondit à terre d'un « miaou » avant de disparaitre loin devant. Je levai les yeux, et, en face de moi, le professeur Rogue eut un mouvement de surprise face à mon chat, sans me voir. De sa féroce poigne, il relâcha aussitôt le professeur Quirrell qu'il venait de menacer.

- Nous aurons bientôt une autre conversation ! lui annonça sèchement le professeur Rogue.

- Mais que faites-vous dans les couloirs à une heure pareille ?! retentit une voix tout proche de moi qui me fit sursauter.

C'était Rusard qui s'était rapproché avec sa lampe. Aussitôt, les professeurs Rogue et Quirrell se retournèrent dans ma direction. Ils venaient de découvrir mon indésirable présence.

- Euh, je passais pour sortir mon chat... répondis-je mal à l'aise.

Le professeur Rogue m'adressa furieusement un regard des plus menaçants.

- Rien qui vous regarde ! avait-il répondu sur un ton autoritaire avant de disparaitre dans la pénombre d'un vif retournement de cape.

Depuis cet incident, je pris pitié de ce pauvre professeur Quirrell. Sa nervosité habituelle ne reflétait que sa crainte vis-à-vis du professeur Rogue, ce qui se comprenait naturellement. Le professeur Rogue, méprisait à présent par-dessus tout le professeur Quirrell, lui et sa façon chétive de dispenser ses cours de défense contre les Forces du Mal et, par sa force de caractère, semblait être totalement aseptiser d'émotions et de sentiments, comme un contrôle total de lui-même.

Il était cependant vrai que le cours de Quirrell n'avait pas l'air d'être pris très au sérieux par ses élèves, qui se moquaient de la façon dont il les infantilisait. Aussi le professeur Rogue tentait-il de prendre sa place par tous les moyens. Il était visiblement prêt à tout pour l'obtenir, ruser comme un vrai Serpentard.

Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant