A la veille de la rentrée, en début de soirée, je rejoignis les autres professeurs dans la Grande Salle afin d'y accueillir tous les élèves qui étaient bien arrivés par le Poudlard Express. Dumbledore venait de faire part du règlement et de ses vœux pour la nouvelle année scolaire. Après la fameuse Cérémonie de Répartition des élèves de premières années, il présenta ensuite les professeurs qui composaient la nouvelle équipe pédagogique. Il y avait près d'une vingtaine de professeurs réunis, tous aussi talentueux les uns que les autres sans nul doute. Il y avait de puissants mages, d'excellents sorciers et sorcières, d'intelligents gobelins, un robuste géant et moi ; en robe trompette de velours pourpres dont les manches frôlaient le sol. Parmi les professeurs, il y en avait certains que je connaissais lors de ma scolarité : Dumbledore, McGonagall, Hagrid, et l'inoubliable Rusard, qui n'était qu'en faite que le concierge, plutôt qu'un professeur. Il y avait aussi de nouvelles têtes.
C'était là, parmi ces respectables personnes, que je distinguai un professeur qui m'était jusqu'alors inconnu. Il ne ressemblait en rien aux autres professeurs qui siégeaient à côté de lui, aux sourires chaleureux, tous vêtus de grandes robes de sorcier colorées et de chapeau haut de forme. Cet homme-là était simplement recouvert d'habits noirs qui contrastaient avec la pâleur de son teint. Il siégeait fièrement à quelque mètre de moi et ne semblait pas plus ravi que ça d'être présent en manque total d'enthousiasme et d'entrain. C'était d'ailleurs ce qui avait attiré mon attention.
- Notre professeur de potions : Severus Rogue, annonça Dumbledore à haute voix, qui est aussi le directeur de la maison Serpentard pour les nouveaux élèves qui ne le connaissent pas encore.
Un Serpentard ? Pas étonnant, cela ne faisait que souligner son côté fier et dirigeant.
Etant bien tous concentrés sur le monologue de Dumbledore, j'avais aussitôt détourné le regard, bien qu'il me laissât une impression aussi froide que son visage inexpressif. Le banquet continua dans la joie et la bonne humeur jusqu'à la tombée de la nuit où les élèves durent enfin rejoindre leur maison respective. Je découvris mon emploi du temps, et les classes que j'aurai à ma charge.
L'année scolaire commença donc fort bien. Un matin, juste avant les cours, je prenais mon petit déjeuner avec quelques collèges à la Grande Table. Personne ne semblait remarquer ma nouvelle présence. Quelques-uns m'avaient adressé des sourires sympathiques, d'autre, simplement, quelque « Bonjour ».
- Oh mademoiselle Duchamp... Marguerite. C'est bien là votre prénom ? Vous êtes française... Oui, du sang français coule dans vos fébriles et frêles petites veines. Mais que faites-vous à Poudlard aussi loin de chez vous ?
Alors que je me sentais assez stressée par mon premier jour de classe qui allaient s'annoncer charger, une femme pourvue d'une large tignasse parsemée de dreadlocks dont les yeux globuleux avaient été grossi par d'épaisses lunettes, s'approcha de moi l'air rêveur, complètement décoiffée par un vent d'ouest.
- La première marguerite du printemps apporte soleil et chance, alors que la dernière de l'année qui arrive en automne, comme vous, j'ai bien que peur que cela ne soit pas de très bon augure. Oh ! Attendez ! Je vois que vous accomplirez de grandes choses. Oui, de très grandes choses... pour un cœur aussi modeste que le vôtre, continuait-elle sur la même intonation. Mais comment allez-vous réaliser toutes ces choses incroyables, où trouverez-vous la force surhumaine de les accomplir, me demanderez-vous. C'est ce qui vous inquiètera, car vous êtes quelqu'un d'émotionnellement très sensible... Alors vous souhaitez que je vous le dise, n'est-ce pas ?
Face à cette étrange femme et à ses spéculations, je demeurai ébahie au dépourvue. Comment savait-elle pour mon origine ? Sans même me connaitre elle avait deviné que je pouvais être émotive. Il fallait davantage me connaitre pour savoir cela. Mais de quoi parlait-elle ? A quel genre de grandes choses incroyables faisait-elle allusion ?
- Vous permettez, que je lise... votre avenir ? annonça-t-elle soudain en s'emparant de ma tasse de thé que je venais de finir de boire.
- Euh... je...
- Je ne suis pas sûr que cela soit des plus passionnant, ni même captivant, annonça promptement le professeur Rogue à la volée qui avait bondit de nulle part, en lui ôtant aussitôt brutalement la tasse des mains. J'irai même jusqu'à dire : certainement très ennuyant car nous sommes de toute façon tous voué à périr un jour ou l'autre tôt ou tard.
Un bruit sourd retentit qui me fit sursauter. Il venait de poser fermement ma tasse sur la table. Il se tourna face à moi pour m'adresser un regard ténébreux à glacer le sang.
- Faites bien attention à vous, mademoiselle. En vertu des talents divinatoires du professeur Trelawnay, bien qu'ils demeurent pour le moins... douteux, je ne vous conseille vraiment pas de faire amie-amie avec elle au risque de voir votre avenir écrit noir sur blanc, aussi clair que je vous vois actuellement, et risquer que cela n'entre dans le domaine public. Aussi je vous suggère de ne pas laisser trainer n'importe où votre tasse de thé, avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains...
- Mais je n'ai jamais fait ça...
- On sait tous ce qui se passe quand vous émettez vos prédictions, répliqua-t-il salement.
Elle le contempla un court instant.
- Je vois un climat céleste très ambigu pour vous, professeur Rogue. Les astres ne seront pas de tout repos. Ils vous compliqueront les choses. Alors essayez de garder votre calme. Vénus sera néanmoins présent pour vous protéger, sachez lui exprimer votre reconnaissance si vous voulez être payé en retour.
- Je n'ai que faire de votre horoscope. Alors épargnez-moi vos chimères.
A ces paroles le professeur Trelawney parut totalement accablée face à de telles paroles sèches et méprisables, si bien qu'elle se détourna d'un air chétif. Le professeur Rogue attendit d'un air fière devant moi en me faisant de l'ombre de sa silhouette imposante avant qu'elle disparaisse de notre vue. Il m'adressa ensuite un regard hautain avant de lâcher un petit rictus méprisant.
- Trop faible... marmonna-t-il avant de s'en aller lui aussi dans un vif tournoiement de cape. Vraiment trop faible.
Son côté hautain ne me plaisait vraiment pas et me laissa un gout amère. Il arrivait pourtant que, lorsque je me trouvais en salle des professeurs, ou bien dans un couloir, mon chemin croisait le sien. Au fur et à mesure que je croisais le professeur Rogue, il renforçait l'impression énigmatique et ténébreuse qu'il me donnait. Tout en lui me semblait méprisablement effroyable : de son visage blafard peu avenant jusqu'à son attitude sombre et méfiante, voire repoussante. D'humeur toujours taciturne, il sourirait peu pour ne pas dire jamais, si ce n'était pour se moquer.
Ses fines lèvres pincées étaient signe qu'il maitrisait chacun de ses mots. L'intonation de sa voix grave et discrète tel un murmure faisait battre mon cœur à tout rompre car ses mots allaient être cassants et ses phrases mauvaises, ne faisait en faite que d'exprimer et traduire sa rudesse et son manque empathie à l'égard d'autrui. Un regard noir transperçant l'âme. Une démarche sûr de lui, hautaine, méprisante qui n'incitait clairement pas à la discussion.
Autant dire que son passage avec sa cape noire sinueuse me laissait un souvenir rugueux et glacial à l'esprit. Il était loin des critères de beauté actuel avec son visage pâle dissimulé à travers de longs cheveux noirs ébènes pas souvent bien coiffés. Les élèves disaient de lui qu'il sentait la vieille chaussette et qu'il ne se lavait jamais les cheveux. Pourtant il paraissait très propre sur lui, les boutons de sa robe de sorcier reboutonnés jusqu'en haut, pas le moindre poil de chat ou mauvais plis ou froissure, comme s'il en imposait par sa tenue stricte et irréprochable, dont le noir impénétrable appuyait une certaine rigueur. Je ne le connaissais que trop peu mais il m'intimidait déjà beaucoup, aussi je prenais instinctivement mes distances tout en gardant un œil méfiant sur lui.
Pour ma première heure de cours, j'éprouvais assez d'appréhension, j'avais peur de me retrouver ridicule, de perdre mes moyens et de me retrouver sans rien dire et observée par toute une classe remplie de jeunes élèves et dans une période de la vie pas la moins facile pour eux. Mais en faite j'ai pris un peu d'assurance en commençant à me présenter et ils m'écoutaient tous attentivement, puis quelques-uns ont commencé à me poser des questions sur le cours, les examens de fin d'année. Ils se sentaient peut-être rassurés, puis tout est allé simplement, d'instinct, comme l'eau qui coulait dans une rivière. Je ne savais pas si j'étais la professeure dont j'aurais aimé avoir, mais je faisais de mon mieux pour l'être.
VOUS LISEZ
Celui dont on doit prononcer le nom : Severus Rogue, notre nouvelle célébrité
Fanfiction- La meilleure des vengeances c'est la réussite. - Jamais vous ne me comprendrez. Jamais. Poudlard est grand, très grand. Et les professeurs sont nombreux. Mais les connaissons-nous tous ? Un petit coup de Retourneur de Temps, et nous voilà sept a...