Chapitre 34

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«- Esmée ? »

J'ouvre difficilement les yeux. Je vois le générique d'Interstellar sur la télévision. Je me suis endormie.

«- Tu t'es endormie dès la première seconde du film !, me dit Florian en rigolant.
- Mais moi, dis-je en me relevant, j'ai fait quelque chose de ma matinée !
- Et moi, j'ai vendu plus d'un million d'albums !
- Tu veux jouer à ça ?, dis-je fièrement pour le défier.
- Je vais gagner, je perd jamais ! À toi l'honneur.
- Ok ! J'ai été bénévole à la SPA, je baladais des chiens tous les mercredis après-midi !
- Et moi j'ai donné 500.000 € au secours populaire !
- Je dis pain au chocolat.
- Je dis chocolatine., me dit Florian.
- Je sais cuisiner.
- Je suis disque de diamant.
- J'ai un hit en boîte d'après Olivio.
- J'ai un hit sorti !, s'exclame Florian.
- Je chante pour des enfants hospitalisés chaque samedi.
- D'ailleurs ! Tu penses qu'on pourrait passer ce samedi ?, me demande Florian.
- Bien sûr !, dis-je en souriant. Évidement que oui !
- On en a parlé avec Oli, il est chaud. La scène lui manque !
- Tu sais même pas à quel point tu vas leur faire plaisir !
- Ah ouais ?
- Oula ! Oui ! Ils sont fiers d'être toulousains grâce à vous !
- Ah ouais ?!, me dit Florian en souriant.
- Oui de fou !
- J'arrive toujours pas à me rendre compte..., continue Florian en souriant.
- De quoi ?
- Que ça marche...
- Et oui, ça marche bien. C'est pour ça que tu fais cette pause, pour prendre du recul et te rendre compte de tout ce que vous avez fait, non ?
- Oui, et trouver des buts à atteindre. Je les ai tous atteint.
- Ça va ?, dis-je inquiète du ton qu'il vient de prendre.
- Ouais.
- Non ça va pas., dis-je soudainement.
- J'ai juste un coup de mou.
- Tu peux m'en parler au lieu de rester seul tu sais ?
- Ouais. Je crois que les concerts et tout ça me manque plus que je n'aurais cru.
- Et bien, tu vas venir samedi, tu vas faire un petit truc sympa, ça va te rebooster et tu vas faire un album qui va tout défoncé comme tu dis. Tu vas refaire une tournée et c'est bien mieux pour toi et ton frère de stopper un peu. Tu le sais bien plus que moi.
- Ouais. J'ai hâte de refaire des petites salles. C'est tellement différent des zéniths !
- En attendant, tu vas retrouver ton frère en studio pour faire de la musique comme avant.
- Ouais, tu as raison., dit Florian en souriant.
- J'perd jamais !, dis-je avant de rire.
- Ça c'est à moi par contre !, s'exclame Florian. Voleuse ! »

Je le vois s'approcher doucement de moi. Mon ventre se tord violement. Je me rapproche aussi de lui.

«- Petite voleuse., dit Florian en souriant.
- Et fière de l'être., dis-je doucement. »

Nos visage sont proche. Je parviens à sentir son souffle légèrement accéléré. Il plaque doucement ses lèvres contre les miennes. Je ferme les yeux. J'intensifie notre baiser en faisant rencontrer nos langues. Il m'allonge doucement sur le canapé sans quitter mes lèvres. Il est au dessus de moi. Il quitte mes lèvres et m'embrasse doucement le cou. Il me mordille quelque endroits toujours doucement. Ma respiration est rapide. Je retire sa casquette et pose mes mains sur ses cheveux. Il remonte et continue de m'embrasser la mâchoire avant de retourner à mes lèvres. Il remplit chacun de ses gestes d'une douceur que je trouve rassurante. Il pose ses mains dans mes cheveux et fait des ronds à l'aide de ses doigts. Nous nous embrassons de longues minutes. J'ai chaud. Des frissons me parcourent tout le corps. Mon ventre est remplit de papillons. Il quitte doucement mes lèvres et me regarde intensément. Il a les joues légèrement roses. Il se mord franchement la lèvre inférieure. Il se retient de quelque chose, je le sens. Il baisse sa tête près de mon oreille avant de me chuchoter une question.

«- Tu te sens prête ?
- Je crois..., dis-je doucement. »

J'ai mal cru. Je n'y suis pas parvenue. Je n'ai pas réussi. Ses mouvements saccadés m'ont rappelé cette soirée et la douleur que j'ai pu ressentir. C'est les larmes aux yeux que j'ai stoppé ce moment qui commençait pourtant si bien. Florian m'a prise dans ses bras, et m'a rassuré. Il m'a dit des centaines de fois que ce n'était pas grave et qu'il a été un peu vite. Je n'arrive cependant pas à ne pas culpabiliser. Je me rend aussi compte que je ne suis pas du tout guérie de cette blessure du passé. Je le savais, mais c'est encore plus concret. J'ai pleuré, Florian m'a rassuré. Je ne sais pas comment il y arrive si bien. Il a comme un pouvoir qui fait cesser mes larmes. Il s'est endormi, et je suis toujours dans ses bras. Sa respiration régulière et calme comble le silence de la pièce. J'arrive aussi à entendre la circulation toulousaine et quelques oiseaux. J'écoute aussi les quelques cris d'enfant, qui rentrent sûrement de l'école. Je me demande ce qu'ils ont bien pu y faire. Du français ? Des mathématiques ? De l'histoire ? Je me revois raconter mes journées à mes parents, en rentrant de l'école. Ma mère disait que j'étais toujours émerveillée de raconter ma journée, et que, même si elle était peu intéressante, je la faisais devenir. Je me souviens que lorsque j'étais enfant, un simple arbre pouvait me fasciner. Je pouvais l'observer de longues minutes. Ça pouvait paraître flippant de voir une gamine fixer un arbre, mais j'imaginais des centaines de choses en le regardant. Je pouvais imaginer des elfes y vivre ou alors des hommes préhistoriques regarder le même arbre que moi, des millions d'années en arrière. L'enfance est sûrement la meilleure période de ma vie. J'étais insouciante, et je n'avais aucuns problèmes. J'ai eu de la chance de grandir dans un environnement stable, avec mes parents ensemble. J'avais des amis cools et des professeurs géniaux. Le monde me fascinait. J'adorais regarder les informations. Mon père me dit que lorsque je voyais une information négative passer, je cherchais toujours le positif que cette situation pouvait apporter. Je regrette parfois d'avoir perdu cette mentalité. Mais avec la cruauté du monde adulte, c'est difficile de la garder. Jusqu'à mes douze ans, j'étais comme ces enfants que j'entends crier et rire depuis tout à l'heure. Puis l'adolescence est arrivée. Ma mère est tombée malade. Heureusement que j'allais dans un petit collège de campagne, avec des gens gentils qui me soutenaient. Heureusement aussi que ma famille était là, que mon père et moi nous serrions les coudes face à cette situation. Ma mère s'est battue jour et nuit pour battre ce cancer. La guerre a duré quatre ans avant qu'elle la perde. C'est après son décès et des problèmes d'argent que mon père et moi avons été contraints de déménager dans un appartement dans un quartier HLM de Reims pour les loyers peu élevés. Ça m'a changer de ma campagne natale. Moi qui n'avait jamais été confrontée à la drogue, j'ai côtoyé des dealers du jour au lendemain. Je me remercie intérieurement de ne pas être tombée dans cette engrenage infernal. J'espère que ces gens vont bien aujourd'hui. C'est aussi dans ce quartier que j'ai vécu mon histoire avec Thomas. Histoire d'abord belle puis destructrice. La vidéo qu'il a prise a été balancée sur les réseaux sociaux et j'ai subit des remarques à longueur de journée jusqu'à ce que je quitte cette ville. J'ai choisi Toulouse par pur hasard, à vrai dire, c'est la seule école qui m'a accepté était celle de Toulouse. Je remercie le hasard de avoir emmener ici. J'aime cette ville. Ma vie a d'abord était sans embûches puis compliquée avant de reprendre un rythme calme. Ma mère manque aujourd'hui à l'équation. C'est sur cette pensée que je sens mes paupières devenir lourdes. Je m'endors.

Chapitre un peu plus court que d'habitude, en espérant qu'il vous plaise

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Chapitre un peu plus court que d'habitude, en espérant qu'il vous plaise.

Prenez soin de vous.

Héloïse ✨

Il comble ce vide (Bigflo Et Oli)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant