Chapitre 69

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Marion est assise à côté de moi. Ma salade dans la main, je mange. Je sens mes yeux devenir lourds. Je baille. Puis, en fermant les yeux, j'enfoure ma fourchette remplie de nourriture dans ma bouche.

«- Esmée ! Allô ? »

Je secoue la tête. Somnolence et inatention font des siennes.

«- Désolée.
- Tu veux que je mette le haut-parleur ? Je suis pas sûre que ce soit la meilleure solution, vraiment.
- Non, mais je veux savoir ce qu'il va te dire, sans filtre. Vraiment.
- Bon. »

Elle prend son téléphone, et sélectionne le contact de Florian. Elle pose sa main sur la mienne et me sourit. Elle appuie sur "appeler". Mon cœur va sortir de ma cage thoracique tant je suis stressée. Ça sonne. Quatre fois.

«- Putain, pourquoi tu m'appelles à six heures du mat' ? »

La voix de Florian. Mon dieu. Je l'entends, enfin. Les larmes montent, j'essaie de les retenir.

«- Hein ? Qu'est-ce que tu racontes ? Il est midi passé !, s'exclame Marion.
- Meuf, je suis à New-York, il y a six heures de moins.
- Oh merde !, s'exclame-t-elle en riant. Désolée ! »

J'esquisse un léger sourire.

«- Bon, tu veux ?
- Te parler, sérieusement.
- Toi parler sérieusement ?, se moque Florian. »

Ça me manque, ses piques.

«- Je rigole pas.
- Désolé. Dis moi, je t'écoute. Mais à six heures du mat', je te garantie pas d'être très clair...
- Il se passe quoi avec Esmée ? »

Je l'entends soupirer. Je l'imagine prendre sa tête entre ses mains.

«- Elle t'a dit ? »

Marion me jette un regard.

«- Non. »

Je la questionne du regard. Elle me fait comprendre qu'elle gère. Florian ne répond plus. Nous devinons juste sa respiration se saccadant.

«- Flo' ?
- Marion, je te jure, je m'en veux., sa voix est tremblante. Je te jure je voulais pas. Je me déteste. Putain...
- T'as fait quoi Florian ?, dit-elle fortement.
- M'appelle pas par mon prénom complet s'il te plaît, ça me rappelle trop Esmée.
- T'as fait quoi ?
- Putain de merde... Quand Maud était à Toulouse. On est allé se promener dans Toulouse. J'aurais bien ammenée Esmée, mais on s'était pas parlé depuis quatre jours parce qu'on s'était embrouillé. À propos d'elle en plus. Et elle m'avait dit qu'elle voulait être seule avec moi.
- Je vois pas où tu veux en venir.
- On a fait notre promenade, et on est rentré chez moi. On a regardé un film, et elle a commencé à se poser sur moi. Elle a posé une de ses mains sur ma cuisse, je me suis senti mal à l'aise. »

Ma respiration s'accorde à celle de Florian, en se saccadant elle aussi. Si elle lui a fait du mal, elle va m'entendre. C'est inenvisageable pour moi qu'il vive la même chose que moi.

«- Mais j'ai laissé faire, j'avais peur de la froisser. Plus le film avançait, plus sa main s'approchait. Puis elle a réussi à toucher. J'ai enlevé sa main tout de suite. Elle s'est relevée et sans que je ne comprenne, elle m'a embrassé. »

Il renifle, signe que des larmes coulent sur son visage.

«- J'ai pas réussi à la repousser. Elle s'est assise sur moi, et elle a continué. J'ai finalement réussi à la repousser et je l'ai virée. Je sais pas ce qu'elle aurait fait avec moi si j'avais rien dit. Et juste après, j'ai envoyé un message à Esmée et j'ai passé la soirée avec. »

D'où son comportement bizarre... Et d'où son envie énorme de me voir, il voulait se sentir rassuré. Je le comprends.

«- Je m'en veux tellement. Je l'ai trompée putain ! »

Il comble ce vide (Bigflo Et Oli)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant