Il comble ce vide (Bigflo Et Oli)

Chapitre 53

Une sonnerie, que je déteste mais que je ne change pas, me réveille. Relevant rapidement la tête pour la couper, je découvre que je suis seule dans le lit. J'arrête le réveil de mon téléphone et me lève rapidement. Adossé au plan de travail de la cuisine, Florian est sur son téléphone une tasse à la main. Un tasse à la main ? Pas de céréales ? Je fronce les sourcils à ma réflexion, il prend toujours des miels pops au petit déjeuner. Je m'approche de lui. Il ne daigne lever la tête de son téléphone. Il devient de plus en plus distant. Son comportement commençant réellement à m'énerver, je prend la parole fermement.

«- Bonjour.
- Ah, salut., dit-il en levant rapidement le regard de son téléphone.
- Tu prends pas de céréales ?
- Non.
- Attend ? Ne me dit pas que tu as pris du café ?, dis-je en riant légèrement.
- J'ai pas dormi.
- Tu aimes ça maintenant ?
- Non. »

Je lève les yeux vers le ciel. Je prend ma brioche et ma pâte à tartiner puis vais sur le canapé. À quoi bon rester avec quelqu'un qui n'a pas l'air d'avoir envie que je sois dans la même pièce qu'elle ?

«- Tu fais quoi là ?, me demande Florian sur un ton froid.
- Je mange., dis-je de la même manière.
- Vas-y..., souffle-t-il. »

Je lève une nouvelle fois les yeux au ciel. Il est distant, mais il veut que je reste proche. Il rêve. Cette journée risque d'être longue...

«- Au fait, ce soir on va manger dans un resto., me dit sèchement Florian.
- Avec qui ?, dis-je aussi sèchement.
- McFly, Carlito, Seb, Léna Situations, Adèle et Matthieu de Vidéoclub, Squeezie et sa copine Lila, Sofyan, Natoo, Maxence, Léopold et Oli.
- Ok. »

Heureusement que je ne serai pas seule avec lui ce soir, nous aurions sûrement été chacun dans notre coin. Sous le coup de l'énervement, je ne réalise pas les gens que je vais rencontrer ce soir. Ces gens qui sont pourtant à longueur de journée sur mes écrans, et que je suis sur les réseaux sociaux.

Il est presque quatorze heures. Je m'apprête à interpréter Dans le noir de Diam's. Florian et moi nous évitons clairement. Olivio, lui, se demande ce qu'il se passe. Il est là pour moi et m'aide à ne pas me laisser attraper par mon stress. Reprendre Diam's devant lui me fait clairement stresser quand je sais l'importance qu'a cette artiste pour lui. Mais je sais que ce stress va partir dès que je vais chanter/rapper. Pour être honnête, la performance que j'ai le plus peur de faire est la prochaine et la dernière : Avant qu'elle parte de Sexion D'assaut. Mais ça va le faire, du moins c'est ce que je me répète.

«- Dîtes-leur que vous les aimez. Avant qu'elles partent., dis-je en regardant la caméra droit dans l'objectif, avant que je l'éloigne instinctivement de mon micro.
- Couper !, s'écrit Alix. Et c'est une fin de tournage ! »

Tout le monde se met à applaudir. Moi, je suis encore sonnée. Je lutte pour ne pas pleurer. Lorsque je chante cette chanson de Sexion D'assaut, je me rend compte à quel point ma mère me manque. Je souris et applaudit, quand même fière de ce que j'ai fait ces deux derniers jours. Je croise le regard de Florian, il me regarde moins d'une seconde avant de détourner son regard. Ça me blesse, réellement. Une aiguille transperce mon cœur chaque seconde depuis que la colère de ce matin est retombée, mais lorsque que je vois ses actions ce n'est plus des aiguilles. C'est plutôt des coups de couteau. 

Je me réveille en sursaut, le cœur battant de stress. Je regarde l'heure, il est dix-huit heures. J'ai refait ce maudit cauchemar. Ça faisait longtemps. Ma respiration s'accélérant, j'essaie de remettre les pendules à l'heure. Après avoir fini d'enregistrer les covers, Florian et moi sommes repartis dans un silence de plomb. Nous avons mangé, moi sur le canapé et lui sur la terrasse puis je suis partie me reposer pour ce soir. Une pression annonçant une crise d'angoisse apparaît sur mes poumons. "Bordel !", voilà ma réaction. Je me lève pour marcher et reprendre le contrôle de mon corps. Je fais les cents pas dans la chambre en sentant ma respiration s'accélérer. Non. Je ne peux plus rien faire, elle arrive à grand pas. Je sors, direction un point d'eau pour me rafraîchir le visage au plus vite. Le premier que je vois est le lavabo de la cuisine. Je me rafraîchis vite le visage et m'appuie contre le meuble de la cuisine, déjà essoufflée.