Il comble ce vide (Bigflo Et Oli)

Chapitre 2

Je me lève finalement de mon lit — enfin de mon canapé — et sors de la brioche et de la pâte à tartiner du placard. Pas de nutella, c'est mauvais pour le planète. Je commence à manger en traînant sur mon téléphone, pour changer.

Demain je retourne en cours... Je n'ai pas envie ! J'étudie l'économie depuis un an, j'entame ma deuxième année. À vrai dire ça ne me plaît pas du tout. Mon père a toujours travaillé dans ce milieu, son rêve est que sa fille unique suive la même voie. C'est pour cela que je continue. Je me suis faite à l'idée que travailler de ma passion – la musique – ne restera qu'un fantasme et que je travaillerai dans l'économie une fois mon diplôme validé.

Aujourd'hui, il faut que j'appelle ma marraine. Elle s'appelle Ayana, congolaise d'origine, elle est mon petit rayon de soleil. Je suis très proche d'elle depuis un moment précis de ma vie, un moment de ma vie que je déteste au plus au point aborder. Depuis que je vis à Toulouse, nous nous voyons peu. Elle m'a dit qu'elle avait quelque chose à m'annoncer. Je sais pas ce qu'elle a me dire de si important, et ça me stress. Je déteste les surprises.

Il est dix heures. Je décide d'appeler ma marraine.

«- Allô ?, me dit-elle au bout du fil.
- Ça va ?
- Esmée ! Ma chérie ! Ça va très bien et toi ?
- Bien ! Quoi de neuf ?
- Toi d'abord !
- Pas grand chose. J'ai chanté hier à l'hôpital mais sinon rien de neuf. Et toi ? Qu'est-ce tu voulais le dire ?
- Ah oui ! Écoute moi bien.
- Je suis toute ouïe., dis-je stressée.
- Je t'es réservé un train Toulouse - Paris vendredi midi.
- Hein ? Quoi ?
- Attends !
- Et mes cours ?
- Chut ! J'ai vu avec Gabrielle, elle te les prendra !
- Mais je vais faire quoi à Paris moi ?
- Me voir déjà !
- Oui d'accord, mais on peut faire ça tranquille à Reims ?
- Et tu vas chanter pour Bigflo et Oli chez Cauet ! »

Hein ? Je comprend plus rien. Comment ça je vais chanter pour Bigflo et Oli ? Et décidément, ils sont partout en ce moment.

«- Quoi ?, dis-je choquée.
- Ils passent chez Cauet et il y avait un concours pour sélectionner quelqu'un afin qu'il chante devant eux. J'ai envoyé une vidéo de toi, tu as été retenue.
- Donc je récapitule, je vais à Paris vendredi pour chanter devant Bigflo et Oli chez Cauet sur NRJ ?
- Exactement.
- Ça n'a ni queue ni tête !, dis-je en riant nerveusement. Je chante quoi moi ?
- J'ai dis que tu chanterais Sur la lune. Je t'accompagnerai à la guitare comme on fait d'habitude.
- Non, mais je peux pas faire ça. »

Je peux pas faire ça. Je sais chanter, mais pas assez bien pour la radio. En plus chanter une chanson d'artistes reconnus devant eux ! Non, non, non et non ! J'en suis pas capable et pas assez talentueuse. Il y a tellement d'autres personnes qui méritent ma place.

«- Esmée, écoute moi ma chérie, dit ma marraine avec un ton calme, je sais que tu en es capable. Tu seras pas seule, je serai là. Donc tu vas venir à Paris et présenter ta sublime voix au grand public.
- Marraine, je... Non mais non, fin' il y a tellement de gens plus talentueux et-
- Tu as une voix superbe alors arrête de te poser des questions.
- Mais...
- Arrête !
- D'accord.
- Aller, on arrête de parler de ça et raconte moi ta vie., finit-elle par dire. »

Ma marraine c'est mon tout. Ma deuxième mère, ma sœur, ma meilleure amie, ma confidente. Elle est tout pour moi, je ne suis rien sans elle. Elle connait tous mes doutes, on a fait une partie de la route ensemble. Elle sait que je n'aime pas ce que je fais. Elle me pousse à faire ce dont j'ai envie, sans me soucier de personne. Elle me pousse un peu plus chaques jours mais, je l'avoue, je suis bornée.

Je viens de raccrocher. J'ai passé deux heures à parler avec ma marraine. Elle m'a raconté toute sa vie et moi toute la mienne. Nous nous avons peu au téléphone, mais lorsque nous y arrivons, plus personne ne peut nous arrêter. Il est déjà midi passé. Je sors des pâtes du placard et commence à faire des pâtes carbonara. Je les mange devant un live Twitch. Je décide de mettre le live d'Antoine Daniel qui est sur Geoguessr, évidemment. Je manque plus d'une fois de m'étouffer à l'aide de mes pâtes à cause des blagues à répétition.