Il comble ce vide (Bigflo Et Oli)

Chapitre 1

Je viens enfin d'arriver. Le bus que j'ai pris est resté coincé dans les bouchons pendant un petit bout de temps. Je regarde l'hôpital qui se dresse devant moi. Je regarde ma montre pour vérifier que je ne suis pas en retard. Il est dix-sept heures quarante. J'ai vingt minutes d'avance, c'est parfait, je déteste plus que tout être en retard. Je vais attendre dehors dix minutes. Je décide de sortir mon téléphone pour passer le temps sur instagram.

Il est dix-sept heures cinquante-cinq, que le temps passe vite sur cette application...! J'entre dans l'hôpital et me dirige vers le service pédiatrie. Je commence à connaître ce service comme ma poche. J'arrive enfin dans le couloir décoré d'une frise représentant des animaux du safari. J'entre dans la première pièce à droite. La salle est prête, tous les petits coussins sont installés en rond et les enceintes paraissent opérationnelles.

Je vois Gabrielle sur le pc sûrement en train de régler le son. Je m'approche d'elle.

«- Salut !
- Ah Esmée ! T'arrives à pic ! Prend le micro et parle que je règle vite fait !, s'exclame mon amie.
- Bonjour avant de m'agresser non ?, dis-je en riant.
- Bonjour... Allez grouille, les tornades arrivent d'une minute à l'autre. »

Je souris et prend le micro entre mes mains. Les tornades sont les enfants hospitalisés pour lesquelles je chante chaque samedi à dix-huit heures depuis plus d'un an maintenant. Ils ont tous des âges et des raisons différentes d'être ici. Certains ont des cancers, d'autres des anomalies, des troubles de toutes sortes ou encore des maladies génétiques. Ils sont tous plus inspirants les uns que les autres. Ce sont des enfants dotés d'une force mentale incroyable.

«- 1,2,1,2, check, check. Je parle pour que Gabrielle règle le micro. Cette fille impolie qui ne dit pas bonjour. »

Elle me lance un regard noir, je lui répond avec un sourire.

«- Vu qu'elle est longue je continue de parler. Je sais pas quoi dire alors je vais commencer à rapper. Des politiques à la télé qui débattent, des vidéos débats, des coups de poings, des battes. Et des patates dans la tête, des bavures et des balles qui se perdent dans le bâtiment, c'est devenu banal et des petits qui cannent pour que t'arrêtes. Et il faut que j'apprenne la suite !
- C'est bon, merci !, dit finalement Gabrielle. Va chercher Julie pour qu'elle amène toutes les tornades. »

Je sors de la pièce et me dirige vers la salle de repos des soignants. J'y entre sans toquer, ils ont l'habitude. Je passe ma tête à travers la porte.

«- On est prêt, vous pouvez emmener les tornades dans la salle. Et ouvrez la fenêtre ça pue la transpi', c'est grave ! »

Je referme la porte et je retourne dans la salle puis m'assois avec Gabrielle qui commence à me parler de sa vie. Elle se fait interrompre dès qu'un enfant entre dans la salle. Elle me raconte une histoire avec un gars. On va dire qu'elle profite de la vie et qu'elle l'aime avec tout ce qu'elle a apporté.

«- Et tu sais pas qui c'était !, s'exclame-t-elle.
- Dis moi.
- Bigflo !
- Mais non...! »

Je ne la crois pas du tout.

«- Je te jure !
- Et vous...
- Ouais, un coup d'un soir, comme si c'était un gars normal quoi. En vrai je m'en tape que ce soit Bigflo, j'ai juste couché avec un gars quoi.
- Parle pas trop fort...
- C'est vrai que j'ai parlé fort ! »

Gabrielle se met à rire. Elle sort souvent en boîte et a souvent des coups d'un soir. Je suis incapable de faire ça. C'est sûrement pour ça que je ne l'ai fait que deux fois du haut de mes vingt ans.

Tous les petits coussins sont enfin occupés. Les soignants sont tous debout derrière. Dylan n'est toujours pas là. Il est magicien et m'accompagne chaque samedi pour donner le sourire à ces enfants. Mais il est toujours en retard ! Ça me rend dingue. Je me lève, prend le micro et me met au milieu de ces soixante enfants.