Chapitre 68

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Je regarde la boîte bleue sans m'arrêter. Je fais comme un duel de regard avec elle. J'ai peur. J'ai peur de prendre ces cachets, bien que je sais que ça va m'aider. Ça m'effraie. Soudain, on sonne chez moi. C'est Gabrielle, je lui ouvre, soulagée qu'elle vienne. J'ouvre la porte et attend que l'ascenseur arrive. Lorsqu'il s'ouvre, Marion en sort. Les larmes me montant aux yeux, je saute dans ses bras.

«- Tu m'aimes autant que ça ?! »

Je la serre fort contre moi. Puis je la regarde.

«- Oh non ! Pourquoi tu pleures ?
- Désolée, je suis à fleur de peau., dis-je en riant nerveusement et en essuyant mes larmes. Sarah, tu es là aussi !, dis-je en souriant. »

Je les fais entrer chez moi.

«- Qu'est-ce que tu fais là ?, demandais-je à Marion.
- J'allais pas te laisser seule alors que ton son sort ! Folle celle-là ! »

Je lui souris.

«- C'est quoi ça ? Je connais pas. »

Je me retourne vers Sarah. Elle tient ma boîte d'anxiolytiques. Je vais vite vers elle et lui prend le contenant des mains.

«- Rien, t'inquiète !
- Rien ?, me dit Sarah. Et mon cul est jaune aussi.
- C'est des anxiolytiques., dit Gabrielle. Ma mère avait pareil. »

J'inspire profondément.

«- Esmée ? Pourquoi tu en as ?, demande doucement Gabrielle en me prenant dans ses bras. »

Sarah et Marion la rejoignent. Je fond en larmes. Je me sens honteuse. Honteuse de craquer comme ça, alors que je devrais être heureuse d'être avec mes amies. Et honteuse d'avoir besoin de ça pour m'en sortir. Une fois calmée, nous nous asseyons à ma table. Je triture la boîte.

«- Je suis allée voir un psychiatre il y a deux jours. »

Florian revient dans ma tête, comme si il ne l'était pas assez déjà. Putain.

«- Je souffre de stress post-traumatique. D'où mes crises d'angoisse, mes cauchemars... Mais aussi mes tremblements, dis-je en mettant ma main devant pour leur montrer, et les frissons que je ressens. Je pensais que c'était normal les tremblements et les frissons, mais non. Alors, il m'a prescrit ça pendant quatres semaines le temps que je suive la thérapie et qu'elle fasse un peu effet., dis-je en regardant la boîte. J'arrive pas à en prendre, j'ai peur., me confiais-je. »

Sarah pose sa main sur la mienne. Marion me prend la boîte des mains, et sors un cachet. Elle se lève et me sers un verre d'eau. Elle le pose devant moi, et me prend les épaules.

«- Aller, on est là. Ça va bien se passer.
- Tu peux le faire., ajoute Gabrielle. C'est pour ton bien, et tu le sais. »

Tremblante – plus qu'habituellement – je prend le verre et avale le cachet.

«- Merci les filles... Et désolée.
- De ?
- Désolée de quoi ?
- Hein ?
- Désolée, j'ai honte.
- Elle est timbrée ma parole !, s'exclame Marion.
- Honte, elle a fumé, j'avoue., renchérit Sarah.
- Tu ne dois pas avoir honte., me dit Gabrielle.
- Aller !, dit Sarah. On oublie ça !
- Ouais ! On sort un peu ! Pour décompresser de ce soir et de ça !, continue Marion. »

Nous sommes toutes les quatres posées dans un parc. Nous rions, et ça me fait du bien. J'oublie un peu Florian. Enfin, oublier est un bien grand mot. Disons que j'ai un peu autre chose dans la tête, mais il reste bien présent.

Nous sommes tous assis dans un restaurant. Marion, Gabrielle, Sarah et moi avons été rejoint par les mecs. Wawad, Louis, Yannis, Antoine et Luc. Une belle brochette. Nous sommes la grande table du fond de la salle qui fait un boucan d'enfer. J'ai pris mon médicament tout à l'heure, avec Gabrielle avant de venir ici. J'ai encore lâcher une larme. Je fais vraiment pitié, c'est ridicule.

Il comble ce vide (Bigflo Et Oli)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant