Chapitre 5

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J'ouvre les yeux. Le soleil traverse légèrement les rideaux. Je prend mon téléphone. Nous sommes le samedi trois octobre, il est neuf heures trente-six. Je tourne la tête et regarde vers la fenêtre. Ma marraine dort à point fermé. Je m'assis et retire l'élastique qui tient mes cheveux en chignon pour les relâcher. Je suis à Paris et j'ai chanté devant 500.000 auditeurs à la radio... C'est incroyable. Je ne réalise pas. Je reprend mon téléphone et enfile mes écouteurs posés à côté en attendant que ma marraine sorte de son sommeil. Aucunes notifications à part Candy Crush qui m'informe que j'ai récupéré toutes mes vies. Je décide d'aller sur YouTube. J'ouvre l'onglet "Tendance". Je vois une vidéo d'Amixem, de Squeezie et j'en passe. Je décide de regarder la vidéo de Squeezie, que je n'ai pas encore regarder.

Midi. Je suis dans un petit restaurant en compagnie de ma marraine. Nous mangeons notre plat en discutant de ce qu'il s'est passé hier. Je n'arrive toujours pas à réaliser.

«- Tu sais où tu vas ce soir ?, me demande ma marraine.
- Non, du tout.
- D'accord.
- D'ailleurs, qu'est-ce que je vais mettre ?, paniquais-je.
- Ton petit maillot avec les fleurs, il est mignon.
- Oui.

On a beaucoup parler de mon avenir. Qu'allais-je faire après ? Vais-je continuer mes études en économie ? Je n'ai pas les réponses à ces multiples questions qui trottent dans ma tête. Ma marraine m'encourage à prendre une année pour me concentrer sur la musique. Elle est peintre et pense que l'on doit faire de sa passion son métier. Elle m'encourage à la faire. J'aimerai tellement le faire dans le fond. Mais j'ai peur. Peur de décevoir mon père ou que ça ne marche jamais. Ma marraine me répète sans cesse que je suis talentueuse et que je suis capable de le faire, de remplir des centaines de zéniths et de sortir un album. Je n'en suis pas si sûre. Cette question de l'avenir est de plus en plus présente dans ma vie et m'angoisse.

Nous sommes aux champs de Mars. Nous sommes assises dans l'herbe face à la tour Eiffel. Il fait bon pour un jour d'octobre. Un rayon de soleil nous réchauffe la peau. Ma marraine lit un livre. Je suis toujours sur ce satané niveau 457.

«- Oui !, m'exlamais-je en me levant.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?, me questionne ma marraine.
- Je viens de passer mon putain de niveau ! Putain. Yes ! »

Elle me dévisage et replonge dans son livre. Je me rassis et regarde la grande dame de fer. Et dire qu'elle aurait dû être démontée après l’exposition universelle de Paris en 1889... Dire qu'elle faisait peur aux parisiens à l'époque. Ils avaient peur qu'elle tombe sur eux. Et maintenant c'est l'emblème de la France. Ça me fait penser au vilain petit canard. Elle faisait peur et devait être démontée mais elle est devenu une icône trente ans plus tard comme le vilain petit canard devenu cygne. Quand j'y pense, j'ai hâte que le cygne qui dort en moi sorte. Je suis certaine qu'il n'est pas encore sorti, j'ai encore des démons à vaincre, des buts à atteindre et des craintes. Un jour je serai en paix, avec moi même. Un jour. Je branche mes écouteurs et les dirige vers mes oreilles.

Dix-neuf heures quarante. Le stress monte, je ne sais pourquoi. Mon top fleurie laissant apparaître légèrement mon ventre et mon jean mom taille haute enfilé, je commence à me maquiller. Je cache mes cicatrices d'acné et mes cernes. Je met un peu de mascara et de rouge à lèvre discret. Je me regarde grâce au miroir. Je me trouve plutôt jolie. C'est rare. Je souris. Finalement, j'ai hâte. Je sors de la salle de bain.

«- Tu es belle comme un cœur !, s'exclame ma marraine.
- Toujours plus !, dis-je en riant. »

Je suis belle comme un cœur.

Dix-neuf heures cinquante-sept. Je suis déjà à l'accueil pour attendre Florian. Je déteste être en retard. Ma veste en cuire dans les mains, j'attends.

Il comble ce vide (Bigflo Et Oli)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant