Sankta ─ SHADOW AND BONE

── Chapitre 12 : Des moufles.

   Je ne sais pas où je suis. 

   J'ai quelque chose au goût métallique dans la bouche - du sang. Le mien, je suppose, à moins que je ne me sois transformée en vampire de la même manière dont Edward de Twilight ne se transforme pas en pierre quand il est au Soleil, mais brille.

   Edward brille et moi, je n'avais même pas conscience d'avoir perdu connaissance.

   Mais j'ai indéniablement dû tomber dans les pommes, parce que la dernière chose dont je me souviens, c'est...

   J'étais chez Mme Carp, en train de parler de Twilight avec Willem et les autres. Nick a sonné à la porte, mais ce n'était pas Nick - c'étaient deux hommes, l'un s'appelait Helvar ou quelque chose comme ça. Il a sorti un pistolet de son pantalon avec plein de poches et...

   Et maintenant, je suis assise dans le noir. Pas sur une chaise - sur le sol. Sur du béton. Je ne peux pas bouger les mains, elles sont liées entre elles avec un machin de plastique et attachées à... une sorte de tuyau en métal. 

   Je suis ligotée dans une cave abandonnée. Je vais mourir. 

   Au moment où cette réalisation me frappe, je... ne réagis pas. Je m'étais préparée à ressentir une vague de... du même truc qui arrive quand on fait tomber son portable à l'envers par terre, qu'on prie pour que l'écran ne soit pas cassé. Mais l'écran est cassé. Sauf que cette information, «l'écran est cassé», elle ne monte pas instantanément au cerveau - en tout cas, elle ne m'est pas montée instantanément au cerveau quand ça m'est arrivé. Et pendant une demi-seconde, il y a d'un côté l'écran cassé et de l'autre, le cerveau qui ne prend pas encore en compte cette information. Et...

   Là, je suis l'écran cassé et le cerveau. J'ai l'impression d'être à des milliers de kilomètres d'ici. Je sens que mon rythme cardiaque est en train de s'accélérer comme jamais, je sens que j'ai des litres de transpiration sous les bras et dans le dos, mais je n'ai pas l'impression d'être ici. Comme si c'était dans un film, que rien de tout ça...

   De la lumière apparaît. Une porte vient de s'ouvrir - un horrible bruit de métal frottant sur du métal.

   Deux silhouettes se dessinent devant moi. Je dois plisser les yeux le temps de m'habituer à la lumière. L'un d'eux - c'est Helvar, le blond au pistolet - se rapproche. Il s'accroupie devant moi et sort un couteau.

   Un couteau. Un couteau. Impossible. Je ne peux pas mourir comme ça - je ne peux pas mourir dans une cave, avec personne qui ne sait où je suis - est-ce que quelqu'un va retrouver mon cadavre? Est-ce que c'est mon cadavre, qu'ils veulent? C'est du trafic d'organe? Ils veulent mon coeur? Mon foie?

- Je mange vraiment n'importe quoi, dis-je en paniquant d'une voix pâteuse. Vraiment n'importe quoi. Mes organes sont sûrement extrêmement pourris, je suis sûre que vous n'arriverez pas à les revendre pour beaucoup (Il approche le couteau de mon visage.) S'il vous plaît! (Je ferme les yeux le plus fort possible.) Si c'est de l'argent que vous voulez, j'ai environ 2.000£ sur mon compte, vous pouvez les avoir. (Je sens qu'il s'approche encore. Adieu.) S'il vous plaît - lancez une demande de rançon pour moi, je suis sûre que Mme Carp et Willem seraient prêts à payer pour me revoir un jour - pas besoin que la police soit impliquée, donnez leur juste un message et ils vous donneront mon argent et le leur et - 

   Le bruit d'une lame qui tranche quelque chose.

   Mais ce n'est pas ma peau. J'entrouvre les yeux et vois qu'il a coupé les liens en plastique qui m'attachaient au tuyau.

   Oh. 

   Il se relève et me tire par le bras pour que je fasse de même. Je l'imite tant bien que mal.