Insomnie

36 5 0
                                    


Même à travers l'double vitrage,

J'entends les cris, les hurlements

Les pneus crissés, les dérapages

L'odeur de la nuit, tout simplement...

Les mecs bourrés en plein naufrage

Dans les rues à brayer un chant

Comme un cœur gospel, un virage

Contre les lignes droites, simplement.


Les heures défilent dans la nuit,

Et moi le teint pâle et blafard,

A prier Dieu, les infinis,

Et la plénitude avare.

Les bouddhas, les arbres, le soleil,

Les thérapeutes et les esprits,

Pour juste retrouver sommeil,

Que silence éteigne le bruit.


C'est pas gagné, c'est pas gagné,

Ça se répète chaque nuit

Dans mes phrases, dans mes pensées

Là comme une photocopie.

Je pourrai m'arracher les ch'veux

Là comme un toxico qui tremble

Le teint blafard, les yeux vitreux

Putain qu'est ce que je leurs ressemble.

Emmenez-moi, voir un voyant,

Un chaman, un pauvre gourou,

Mais pas un médecin bienpensant,

« Faut du repos, et puis c'est tout ».

« C'est tout » ? putain si tu savais...

Combien de fois j'ai essayé

Rattraper le temps qui courrait

Quand j'suis perdu dans mes pensées.

Me demander ce que j'fous là

A part me plaindre sur mes problèmes

Attendre qu'on m'ouvre les bras

Quand moi de Dieu, je suis blasphème...

Qu'on m'pète les doigts, moi j'en peux plus

Avec une batte ou un marteau,

Oublier les cris dans la rue

Les chants gospels dans un écho,

Les mecs bourrés qui sont perdus

Les potes laissés sur le carreau

Quitte à envier ce qui n'est plu,

L'humanité sous les tombeaux.

J'ai beau m'coller sous l'oreiller

Tirer la couette et faire le vide

Des somnifères dans le gosier

Le teint livide, tristesse avide.


Même à travers l'double vitrage,

J'entends les cris, les hurlements

Les pneus crissés, les dérapages

L'odeur de la nuit, tout simplement...

Les mecs bourrés en plein naufrage

Dans les rues à brayer un chant

Comme un cœur gospel, un virage

Contre les lignes droites, simplement.


Ça tourne en boucle, à l'infini

Mon corps s'épuise chaque jour

A chaque instant, et chaque nuit,

Dans l'insomnie comme un cri sourd.


Ça tourne en boucle, photocopie

Comme la ronde des vautours

Prêts à bouffer mon corps flétri,

Contre les appels au secours.

Recueil de poésiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant