Le condamné

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Dis, entends-tu dans les murmures,

Les dieux nous chanter le destin

Emprisonnés, entre les murs

Entre les barreaux des chagrins.


Dis, vois-tu soleil se lever

Après les nuits de nos tristesses

Comme un rayon d'éternité

Qui fait lever les cœurs tendresses.


Dis, sent-tu se dissiper brume

Comme avant les jours de bataille

Au son des tambours qui s'allument

Et puis vibrer jusqu'aux entrailles.


Dis, ressens-tu au creux des paumes

Les lignes de nos avenirs

Qui font tracer les chemins baumes

Et qui redessinent un sourire.


Dis perçois-tu cet infini

Comme une fin de notre escale

Comme un dernier repas servi

Le temps qui s'écoule et fait mal.


Alors on repense à hier

A nos amours, à nos jeunesses

A nos gravures des cimetières

A nos bitures, à nos caresses...


A nos amis qui sont partis

Aux rides qui sont apparues

Aux fleurs fanées, dortoirs fleuris

A ce qu'on tient, puis qui tient plus.


A ces noms qu'on a oublié

Qui font chavirer cœurs d'enfants

Et les tendresses soir d'été

A nous offrir en testament.


Banc des amours, parc endormi,

Au temps promesses, et des étreintes

Au temps des cœurs matin de pluie

Au temps des cœurs des flammes éteintes.


Au temps des ébauches d'amour

Les cœurs esquissés dans le sable

Sur les berges, océan velours

Berce navire en contant fables.


Aux temps guimauves au coin du feu

A courir nu, l'âme divague

A refléter fougue des yeux

Nos cœurs s'effacent au gré des vagues.


Quand on poussait la chansonnette

Toujours à gratter la guitare

Danser sous les pluies de tempête

Refaire monde au fond des bars.


Le doigt bien haut dans les nuits blanches

A contempler braises d'étoile

Et emmerder de sous les planches

Le passé recouvert d'un voile.


Entends-tu résonner l'écho

Les condamnés fredonnant fiers

Traverser béton du cachot

Rejoindre ciel dans la lumière.


L'heure est venue, regardes ciel

Regardes planer nos carcasses

Absoudre nos péchés mortels

Quand même les oiseaux trépassent.


L'heure est venue, derrière l'ombre

La lune est pleine, paupières closes

Rejoindre ciel dans la nuit sombre

Rose des vents, ou vent des roses.


Les pétales du temps s'envolent

L'âme onirique marie corps

Tonsures aux allures auréole

C'est l'astre sacré qui s'endort.


L'heure est venue, l'heure est venue

L'escale du temps qui s'achève

On s'est meurtri, on s'est perdu

Au gré des vents, s'enfuient les rêves...

Recueil de poésiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant