Dortoirs Fleuris II

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Je suis là avec toi, au coucher du soleil

Je suis là sur ta croix, comme marée de sel

Aux croisées des chemins, dans ton dortoir fleuris

Aux croisées des chagrins, de nos âmes meurtries....


Quand pétales s'effeuillent, à conter les amours

Des roses que l'on cueille, et qu'on s'offre un beau jour

On se dit cœur bohème, les promesses infinies

D'un écho de je t'aime, jusqu'aux dortoirs fleuris...


Y'a les gens vagabonds, qui s'égarent en chemin

Qui n'ont pour seul fanion, l'inconnu de demain

Se surprennent et contemplent, ces petits bouts d'histoire

Ce passé vaste et ample, petits bouts de mémoires...


Puis d'épitaphe en tombeau, s'imaginent comment

S'est écoulé ruisseau, s'est écoulé le temps

Pour mettre sur les tombes, un visage au sourire,

Une nuit d'hécatombes, une lune d'empire...


Tous ces gens-là qui pleurent, leurs regrettés amis

Tous ces cœurs qui se meurent, dans ces dortoirs fleuris

Et moi-là qui m'en fout, de ces âmes perdus

D'un passé corde au cou, d'un passé de pendu...


J'emmerde leur tristesse, puis j'emmerde leur deuil

A tituber d'ivresse, au-dessus des cercueils

Mon monde est si vide, et je me sens si seul

Putain le teint livide, putain t'as vu ma gueule...


Pour moi ni chaud ni froid, dans les unes journaux,

Il n'y avait que toi, pour mettre cœur sanglot

Des génocides à l'étranger, des terroristes ici

Et moi pour ma moitié, dans mon dortoir fleuri...


La terre peut brûler, les étoiles s'éteindre

Le ciel peut s'effondrer, l'humanité peut geindre

Qu'importe est notre sort, qu'importe pour demain

S'il n'est de réconfort, qu'arroser ce jardin...


J'attends la main tendue, mon cœur que tu m'emporte

Mais toi t'es pas venue, c'est le temps qui m'escorte

Qui fera qu'un beau jour, on s'étreindra l'un l'autre

Qui fera les discours, déesse et moi l'apôtre...


En attendant la nuit, le soleil oui s'incline

Pour bercer fleurs flétries, l'horizon se devine

Il s'incline comm' moi, oui face à ta beauté

Illuminer ta croix, les plaies qu'il faut panser...


Mais je sais que demain, si tu ne reviens pas

Je trouverais gamin, pour venir ici-bas

Lui dire qu'il arrose, notre jardin fleuri

Le génie de mes proses, mes peines poésies...


Que moi je ne serai, qu'une ombre à ce tableau

Que moi je ne saurai, comment combler mes maux

Qu'il faudra bien quelqu'un, pour verser quelques larmes

Quand moi j'aurai demain, laissé tomber les armes...


Alors au crépuscule, aux rosées du matin

Au cœur qui capitule, et au cœur qui s'éteint

Je te retrouverais, emporté par les vents

Souffle d'éternité, l'infini du néant...


Nos deux noms côte à côte, comme libération

Sous les gamins qui sautent, pour tracer le sillon

Et planter cette rose, que je voulais t'offrir

Avant que ciel l'arrose, avant que de mourir...


Nos deux noms côte à côte, d'un souffle de passion

Sous les gamins qui sautent, qui rient en perdition

Et planter cette rose, que je voulais t'offrir

Avant de noyer proses, avant que de flétrir...

Recueil de poésiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant