Dans le parc endormi

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Dans le parc endormi, sous le vent qui se rêve

Le vieil homme flétri, au passé qui se lève

Devant lui, la mémoire, des siècles qui sommeillent

Dans le parc aux histoires, des jeunesses au soleil.


Le teint pâle et bien frêle, les yeux pleins de sagesse

Vestige intemporel, aux allures faiblesses

L'homme à la tête basse, voûte comme les arches

Sur les pavés trépassent, rires dans ses moustaches.


Les herbes hautes et fines, serpentant des pavés,

Qui aujourd'hui dominent, des mousses enlacées,

Il retrouve le banc, qui a fait les je t'aime,

Qui a fait les serments, et le cœur des poèmes.


Le souffle en bourrasque, comme une grasse toux,

Le vieil homme bien flasque, s'assied dans un remous,

D'une vague hésitante, sur son voilier d'enfant,

Lui marin l'âme lente, cœur promesses d'antan.


Voyant des craquelures, sur le banc bien grisâtre,

Où coulait les murmures, des amoureux folâtres,

Quand le chant des hirondelles, faisaient lever les ciels,

Des couleurs d'éternel, au parc confidentiel.


La tête en appui, une main sur la cuisse,

Les matins d'éclaircie, les horizons d'esquisses,

Sa main qui retrace, sur le banc des amours,

Les cœurs du temps qui passent, puis qui laissent un cœur lourd.


Il se souvient de celle, qui fait naître les fleurs,

Qui fait les tourterelles, quand les roses elles se meurent,

Cette fleur aux yeux doux, dans le parc endormi,

Mettait au garde à vous, les amours incompris.


Il se souvient de toi, il se souvient de moi,

De quand il était roi, aux amours autrefois,

Aux gravures dans l'arbre, dans l'écorce passion

Loin des pierres de marbres, qui font perdre raison.


Il est là sur le banc, dans le parc endormi,

Il est là tout tremblant, et ses membres flétris

A repenser le temps, quand ce banc était pur

Et les pavés naissant, d'une bien fière allure.


Mais le temps est passé, l'eau coule du ruisseau,

L'oiseau s'est envolé, pour les siècles sanglots,

L'arbre a le cœur d'automne, et les feuilles lui rendent

Tombant vil monotones, dans le parc en offrande.


Sur les pavés verdis, aux idylles balades,

Dans le parc endormi, où chantaient camarades,

Le chêne trône au centre, et le banc en mémoire,

Passé fleuri dans l'antre, à son cœur en déboire.


Dans le parc endormi, le vieil homme est sourire,

Il plante pissenlit, les haleines soupirs,

Il plante les violettes, il plante les tulipes,

Comme au temps des jupettes, où les gamins s'agrippent.


Dans un frisson les bois, font renaître les braises

La flamme aux yeux pantois, qui refait les genèses,

De son cœur amoureux, dans le parc endormi,

Des montagnes de feu, enfiévrant l'incendie.


Dans le parc endormi, le vieil homme est bien las,

Aux souvenirs partis, face au temps du combat,

Aux oublis de ces noms, sur son visage en rides,

Et puis à ce prénom, qui te laisse apatride.


C'est le temps des oiseaux, c'est le temps des jardins,

C'était les tourtereaux, les amours incertains,

Dans le parc endormi, qui embrase la mèche,

Pour quitter banc des vies, sur ses joues larmes sèchent.


Fougueux et bondissant, dans le parc nostalgie,

Le vieil homme est remuant, sur le banc des amis,

Sur le banc des amours, de cet amour qui fuit

D'une larme au secours, de cet amour parti...


Dans le parc endormi, c'est l'astre qui s'incline,

Et puis l'ombre grandi, jusqu'au fond des collines,

Il repense à la fille, et les journées de bals,

Le vieux, regard qui brille, sous le ciel automnal.


Dans le parc endormi, c'est les arènes Rome,

Qui bataillent la vie, qui submergent cet homme,

Sur le banc des amours, aujourd'hui des complaintes,

La peau creusée, velours, quand naissaient les étreintes.


Il l'a tatoué du cœur, il l'a gravée dans l'âme,

Dans l'arbre du bonheur, et du banc qui s'enflamme,

Souvenir du parc, de ce parc endormi

A chavirer la barque, du cœur mélancolie...

Recueil de poésiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant