Le soliste essoufflé

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Au-dessus de nos têtes volent les oiseaux

Migrants vers des horizons au soleil plus chaud

Et la vie dans Paris s'est éteinte en ce soir

Sur les pavés la pluie s'abat contant l'histoire :

« Des gouttières gorgées, l'eau se déverse en sanglot

Sur le trottoir d'un condamné assis, là-bas,

Pour finir dans les égouts sous le triste radeau

De cet homme échoué au pied d'un opéra.

Il a les yeux d'un mort, le regard en sursis

Observant des bars, récital des insurgés

Bohèmes du sommeil, au trouble passager,

Face à l'ivresse et les vertiges des folies.

La bouteille en main, peut-être pour oublier,

Fatalement, réchauffer du pauvre cœur la flamme,

Dont les tragédies grecques auraient fait un ballet,

Nuages brumeux stridulant qu'ils le condamnent.

Au bout de cette rue le parc est endormi

Des arbres dénudés tombent les dernières feuilles,

Et cet homme oublié, brisé contre l'écueil,

Drame, en dépit d'amour des premières euphories.

La fatigue envahie ses rêves obscurcis

Par le malheur à jamais mystifié des frères,

Des licenciés et des perdus de comédies,

Dans la puissance dévastatrice des mystères.

Il ne tend plus la main, personne ne le voit,

Son âme s'est éteinte dans le tunnel du temps,

Comme un mégot, un pauvre inutile et sans foi

Sous ses cernes une larme, essoufflée simplement. »

Recueil de poésiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant