Dis-moi que tu es là

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Aux fragiles, aux tremblants désespoirs dans l'attente qui nous ronge,

A genoux le cœur qui capitule dans nos prières vaines

Dis-moi que tu es là...

Là à m'attendre et panser les plaies qu'on refoule et qu'on éponge

Quand lézarde du ciel, les effluves de toi, moi j'ai la haine

Dis-moi que tu es là...

Pour qu'un matin d'infini, ton rire me sorte de mes songes

Que cicatrise entre deux mondes de mon triste cœur les blessures

Dis-moi que tu es là...

Quand je vacille entre deux tombes à te pleurer, journées s'allongent

Dans le ressac des vagues, de ces larmes du ciel, dans un murmure

Dis-moi que tu es là...

Et le battant en symphonie, et les vertiges dans la ronde,

Dis-moi combien de temps depuis, me laissant là à tout un monde

Et les questions qui se bousculent, dans tous les pourquoi du comment,

Sous les hivers de crépuscule, qui nous révèlent un manteau blanc

Dis-moi que tu es là...

Aux lueurs d'espoir qui reflètent, comme les verres des vitraux

Quand tu viens craquer l'allumette, me replonger dans mes sanglots

Qui font les matins de rosée, et redorer les horizons

Dans un parfum d'éternité, qu'a essuyé trop de pardons

Dis-moi que tu es là...

Meurtri, Toujours un verre en main, qui me rappelle à mes jeunesses

Quand on se jetait à pieds joints, dans le sillon de nos prouesses

Des bouches expiant les fumées, vient voir au perçant de la brume

Dans les regards, ciel étoilé, comme des braises se consument

Dis-moi que tu es là...

Pour qu'un jour les pupilles se noient, sous les regards, transis, vitreux,

Et finir au pied de la croix, châtiant à condamner les cieux,

Dis-moi que tu es là...

Vient comme une pluie matinale, verser le long de ces vitraux

Des larmes emportées du mistral, qui font perler tous les sanglots

Dis-moi que tu es là...

Qui des siècles mélancolie, au creux des yeux de nos amours

Vient colorer nos infinis, éteindre l'appel au secours

Dis-moi que tu es là...

Le long des murs de nos sanctuaires, à m'écouter pleurer, gémir

D'un trop plein clore mes paupières, dans la beauté des souvenirs,

Dis-moi que tu es là...

De sous les arcades à l'abri, quand brouillard engloutit la vie

A la voute du ciel les pluies, s'échouent sous les terres d'amis

Pour repeupler tous nos cimetières, arroser des jardins les fleurs,

Arroser terre des misères, arroser terre des malheurs

Dis-moi que tu es là...

Le récit des mélancolies, un conte au coucher du soleil

Jusqu'aux aurores d'éclaircie, pour une aubade des merveilles

Et vient se dérober du temps, se dérobe à la plénitude

Le chant d'oiseaux, les sifflements, nous arrache à la solitude

Allez dis-moi que tu es là...

Moi qui titube et qui vacille, en main le flambeau qui s'éteint

Ne reste que mes yeux qui brillent, quand de douleur mon cœur s'étreint

Dis-moi, oui dis-moi, que tu es là...

Désillusion sur le parvis, sur le parvis de nos promesses

Les yeux baissés, anéanti, au temps des jeux de nos caresses

Mon amour dis-moi, que tu es là...

Immergé d'un bain de lumière, dans le ressac de tant de vagues

Vient submerger mêmes paupières, avec mon verre, moi je divague...

On prend le large aux horizons, pour quitter les quais de souffrance

Qu'on en oublie toutes chansons, là qui ont bercées nos enfances

Du temps où t'étais là...

Et dans les rafales du vent, indomptable vient nous gifler

Qu'on en oublie rêves d'enfants, qu'on en oublie l'éternité

Dis-moi que tu es là...

Ancré sur le parvis des brumes, je t'attends en t'ouvrant les bras

Sur le parvis des amertumes, crois-moi que je resterai là

Le battant meurtri prend le pli, le pli des tempêtes qui grondent

Pour enseigner aux infinis, que c'est toi qui faisais mon monde...

Et le battant meurtri sourit, contre vents et marées des ondes

Oui pour enseigner à la vie, que c'est toi qui faisais mon monde...

Dis-moi je t'en supplie, que tu es là.

Recueil de poésiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant